Théâtre pluridisciplinaire vibrationclandestine.com/membres/cie_chiloe chiloe.ilot@gmail.com - 04 78 53 15 99 - www.cie-chiloe.com Art Kunst Arte 4 Crédit photo Anne Musslin Cie Chiloé Une petite page pour une grande histoire, Les Habits neufs de l’empereur, de Hans Christian Andersen qui, après le travail d’auteur de Patrick Dubost et la mise en jeu d’Isabelle Paquet, devient La Conteuse et son roi nu. Alors bien sûr, il n’y a pas que ces 2 personnes derrière cette pièce, le reste de la Cie Chiloé est également présent sur ce projet car l’interprétation, la scénographie, la sonorisation et la lumière ne peuvent évidemment pas se gérer à deux. La pièce, La conteuse et son roi nu, met en lumière d’une manière intéressante le fait que certaines personnes préfèrent tout simplement mentir un peu ou beaucoup, au risque de passer pour un inculte... Interview d’Isabelle Paquet (Cie Chiloé) par Vibration Clandestine La Cie Chiloé regroupe bon nombre de personnes, pouvez-vous tout d’abord nous parler de tout ce petit monde ? Le spectacle vivant se crée en équipe. Tout d’abord, un désir naît de créer un spectacle. Si je prends l’exemple de La conteuse et son roi nu, c’est une envie de dire qu’enfant, je me sentais différente. J’étais souvent exclue des groupes, mais en lisant le conte d’Andersen, cela me donnait l’envie d’assumer mes différences. J’ai alors cherché un auteur (Patrick Dubost) qui pourrait adapter ce texte de manière contemporaine. J’ai proposé à une comédienne (Aude Pellizzoni), à une réalisatrice sonore (Chloé Catoire), à une scénographe (Ludivine Defranoux) et à une éclairagiste (Cécile Boudeaux) de travailler avec moi sur ce projet. L’altérité me passionne, bien qu’elle soit difficile à accepter car elle remet en question mes idées et même quelquefois mes convictions. [...] Vous définissez Chiloé comme îlot d’audaces artistiques et pédagogiques, pourquoi ? Chiloé est une île côtière du Chili dans l’Océan Pacifique, où je suis restée quelques temps. Là-bas, il y avait un patrimoine d’églises tout à fait originales, bâties en bois et peintes de couleurs vives. Pour moi, c’est parce que cette île était proche du continent (et donc pas spécialement exotique) que quelque chose de commun (l’église) et en même temps de singulier (leurs constructions et leurs apparences) pouvait y naître. Revenue en France, j’ai souhaité créer un îlot artistique : à la fois participant au monde, ne s’isolant pas de lui, ne le méprisant pas, mais suffisamment protégé et isolé pour qu’un élan artistique particulier puisse émerger. [...] Cet îlot est un endroit de liberté artistique ; liberté qui se cherche à l’écart des conditionnements sociaux et économiques dans lesquels nous vivons. Pouvez-vous nous parler de ce qui se passe dans le royaume de Panelange, l’univers de La Conteuse et son roi nu ? Panelange est un royaume imaginaire dans lequel la conteuse situe son histoire. Elle est obligée d’inventer ce royaume pour répondre à une voix off qui intervient de manière abrupte et désordonnée. Là-bas vit un roi qui adore les habits et qui se laisse berner par deux tisserands prétendant tisser une étoffe que seuls les gens intelligents - ou les cœurs purs - peuvent voir. Chacun clame que les tissus sont magnifiques, bien que ne les voyant pas, de peur de passer pour un imbécile aux yeux des autres. Il nous arrive souvent de dire des choses qu’on ne voit pas, qu’on ne pense pas, pour dire comme les autres, par peur, par paresse ou pour avoir la sensation de ne pas être différent des autres…[...] Finalement cette réflexion colle plus ou moins avec le contexte actuel, celui qui concerne les adultes, non ? Oui, bien sûr ! Nous avons quotidiennement ce type de réaction : nous taire ou dire ce que pense le courant majoritaire, parce que nous avons peur d’être incompris ou stigmatisé comme un empêcheur de tourner en rond. C’est difficile d’assumer son point de vue. Les courants majoritaires de pensée nous sont imposés par les médias, par les politiciens, qui se calent souvent sur ce qui fait plaisir à entendre, ce qui rassure ou entretient nos peurs primitives. Ils se basent sur le plus petit dénominateur commun de compréhension des personnes. À partir de ce constat, cela nous demande un effort de ne pas nous y soumettre. Effort que nous ne sommes pas toujours prêts à engager : celui de chercher, de s’informer auprès de penseurs, philosophes, poètes, d’écritures plus ardues, plus difficiles parce qu’elles reflètent une pensée plus complexe comme l’est notre monde. En plus de vos multiples représentations, vous organisez régulièrement des actions pédagogiques tels des stages de prise de parole en public et entreprise, pourquoi ? En plus d’ateliers théâtraux à destination d’enfants, adolescents et adultes, nous proposons des formations à destination du monde de l’entreprise. C’est une grande richesse que de me confronter à un univers que je connais peu. Je rencontre des personnes extraordinaires, très brillantes et pleines d’humilité par rapport à la matière artistique que je leur propose. Je leur fais travailler les techniques de l’acteur qui leur sont utiles pour mieux appréhender leur métier. Je leur transmets la force de "la parole vraie", tellement plus convaincante que la parole convenue. Je leur dis aussi que les objectifs de l’acteur sont très différents de ceux d’un "bon communicant". L’acteur doit être un "mauvais communicant" : il porte une parole subversive, une vision du monde. 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