Philosophie d’espérance DOSSIER n Chemins d’espérance Dans ce livre, pour la première fois, ces dix hommes et femmes libres, qui jusque-là agissaient séparément, unissent donc leurs talents, leurs convictions humanistes, leur enthousiasme et leur capacité d’entraînement afin d’embrasser de manière globale les problèmes de notre société. Ensemble, ils veulent montrer qu on ne peut plus faire l’économie d’un changement radical, et que d’autres modèles, plus efficaces, plus justes, plus vertueux sont possibles. Souvent, ces modèles existent, ils marchent déjà. Leur application relève d’abord de la volonté et non de l’utopie, comme le prouvent chaque jour dans le monde des millions de citoyens à travers leurs actions concrètes. Et comme l’ont montré avant nous des visionnaires comme Gandhi, Martin Luther King ou Nelson Mandela. Tous les signataires de ce livre ont aussi le désir de s’adresser au public le plus large possible, puisque leur postulat est que rien ne se fera sans les citoyens eux-mêmes. L’objectif de cette démarche n’est donc pas seulement d’éclairer le chemin, mais aussi de mobiliser, de faire vibrer les consciences, afin que chacun soit bien persuadé que le changement n’adviendra que si, tous, nous faisons notre part. Et si, ensemble, nous pesons sur nos élus pour mettre en pratique des solutions ambitieuses. « Nos voies d’espérance » par collectif d’auteurs dont Pierre Rabhi, Frédéric Lenoir, Erik Orsenna, Nicolas Hulot…, Les liens qui libèrent, 250 pages, 18,80 €. n Espérance et transcendance L’effondrement des utopies et des totalitarismes, le bilan terrifiant des messianismes terrestres, le règne inhumain de la technique et du marché marquent-ils la fin de toute espérance ? Non, répond Jacques Ellul dans ce livre prophétique qu’il considérait comme le plus crucial de ses écrits. Au contraire, sans l’espérance, l’évidence du Mal radical pousserait l’humanité au suicide, le quotidien deviendrait une machinerie intolérable, et notre condition tragique tournerait à une condamnation sans retour. Car seule l’espérance permet à l’homme de s’affranchir du mensonge, de s’arracher à ses déterminismes désespérants, de soulever l’histoire. Or, l’erreur fondamentale du XX e siècle aura été de vouloir la séculariser, d’en éradiquer la verticalité, d’ignorer que l’espérance ne trouve source et sens qu’en la transcendance. Généalogie critique du siècle écoulé, de ses rêves et de ses cauchemars, ce livre est d’abord un grand traité, vivant, de morale active, appelant au « courage du réel ». « L’espérance oubliée » de Jacques Ellul, La table ronde, 300 pages, 21,60 €. 66 Les écrits de l’espérance Même si l’espoir et l’espérance ne sont pas des thèmes philosophiques majeurs, ils ont intéressé de nombreux auteurs, convaincus que les deux notions permettent à l’homme de tenir debout dans les épreuves. Petite sélection d’ouvrages sur la question. n Une espérance à trois degrés Avec infiniment de pertinence, Rocquet distingue trois degrés dans l’espérance. Premièrement : L’espoir, « souvent cette espérance-là nie l’irrémédiable, elle est une autre forme de l’illusion, un opium, la négation enfantine de notre malheur, une berceuse ». Deuxièmement : L’espérance dans l’histoire « qui s’instaure sur terre », « Révolution, utopie, guerre de libération, millénarisme, messianismes sécularisés », presque toujours « sanglante ; terriblement ! Infernale ». Troisièmement : L’espérance essentielle, celle qui s’oppose à la mort, au néant, qui sait que « nous sommes semés dans la corruption » et que pour cela même, « nous espérons renaître incorruptibles » ; cette « espérance folle n’est pas absurde », elle n’est pas seulement une « attente », mais « une insurrection, une revendication, une révolte ». C’est la voix qui, sans relâche, dit « lève-toi ! », la voix du Christ devant le tombeau puant de Lazare : elle révèle toujours une présence plus vivante qu’on croyait l’être soi-même ! « L’esprit en nous murmure et nous souffle d’espérer. L’espérance nous éclaire comme un fil d’aurore. L’espérance est en nous comme est en nous l’esprit ». « Les racines de l’espérance » de Claude-Henri Rocquet, Editions de l’œuvre, 122 pages, 18 €. n La source vive de l’espérance Dans ses écrits, le Frère Timothy Radcliffe explique : « L’histoire dit : n’espère rien de ce côté-ci de la tombe. Mais, une fois au cours d’une vie, le raz-de-marée si ardemment désiré de la justice peut s’élever, et l’espoir rimer avec l’histoire. Alors espère en un grand retour des eaux de l’autre côté de la vengeance. Crois qu’un autre rivage est encore à ta portée. » Radcliffe offre dans ce livre une magnifique compréhension de la messe en ses étapes et de ses messages d’espérance. Il propose une vision très dynamique de la pratique chrétienne et de son sens. II met fortement en valeur l’idée que l’« église » et la messe constituent un lieu majeur où le chrétien, en mettant ses pas dans ceux du Christ et en entrant dans la conversation du Père, du Fils et de l’Esprit, s’humanise de manière nouvelle et unique. « Pourquoi aller à l’église ? » de Timothy Radcliffe, Flammarion, 294 pages, 8,20 €. |