Les Dossiers de la Psychologie n°2 jui/aoû 2015
Les Dossiers de la Psychologie n°2 jui/aoû 2015
  • Prix facial : 6,90 €

  • Parution : n°2 de jui/aoû 2015

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Lafont Presse

  • Format : (210 x 270) mm

  • Nombre de pages : 84

  • Taille du fichier PDF : 29,6 Mo

  • Dans ce numéro : les clés du bonheur.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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Philosophie d’espérance DOSSIER entière, des bêtes, etc.). Mais cela ne garantit évidemment en rien la légitimité de ce que nous espérons. On peut par exemple espérer la mort prochaine d’une personne dont on a acheté le bien en viager… Deuxièmement et conjointement, comme tout sentiment, l’espoir se caractérise par l’absence de maîtrise que nous avons sur lui. Nous pouvons certes condamner l’un de nos espoirs qui nous semble, après réflexion, immoral, comme dans l’exemple précédent, mais pouvons-nous nous empêcher d’éprouver cet espoir ? En ce sens, même si, comme nous l’avons signalé plus haut, l’espoir incite parfois à l’action, nous sommes toujours passifs à l’égard de nos espoirs eux-mêmes, qui s’imposent à nous sans que nous puissions les provoquer, les modifier ou les supprimer. 58 « La fin de l’espoir est le commencement de la mort. » (Charles de Gaulle) Enfin, concernant plus précisément le « fonctionnement » de l’espoir, on peut remarquer qu’il repose toujours sur l’ignorance, notamment à l’égard de l’avenir. Ce que nous nommions confiance au début de cet article prend alors un aspect beaucoup moins enthousiasmant. Car si l’espoir peut se définir comme l’attente incertaine de la réalisation d’un bien à venir (ou de la non-réalisation d’un mal à venir), il s’accompagne inévitablement du sentiment opposé ou plus précisément symétrique, à savoir la crainte, c’est-à-dire l’attente incertaine de la réalisation d’un mal à venir (ou de la non-réalisation d’un bien à venir). Par exemple, je ne peux pas espérer avoir mon bac sans, en même temps, craindre d’être recalé. Cette nécessaire simultanéité doit donc nous amener à considérer que l’espoir n’existe jamais en luimême, mais toujours sous la forme du couple « espoir-crainte ». En grec ancien, le mot elpis, « l’espoir », signifiait aussi parfois « la crainte ». De l’espoir à l’espérance L’espoir n’est pas un grand concept philosophique au sens où il est moins récurrent que des concepts comme l’identité ou la liberté. En revanche, dans la religion et la spiritualité, il est incontournable parce qu’il est un fondement. L’espoir, que les religions nomment « espé- rance », serait ainsi le premier degré « L’espoir meurt tandis que l’espérance demeure. » de la croyance, ou peut-être de la foi. Il repose fondamentalement sur une confiance. Et l’espèce de certitude qu’il contient ne dépend pas de procédures de vérification empirique ou rationnelle, mais de cette confiance. Si l’espoir n’est pas en lui-même garant de sa moralité (et s’il existe même des espoirs immoraux), s’il s’impose à nous sans nous laisser la moindre liberté à son égard, et si enfin il repose sur l’ignorance et s’accompagne toujours de la crainte, s’ensuit-il que l’espoir est un sentiment « mauvais », à ranger du côté des faiblesses humaines, voire des vices ou des péchés ? Certains contourneront cette délicate question en faisant l’apologie non de l’espoir mais de l’espérance, vertu théologale (avec la foi et la charité) dans la tradition chrétienne.
L’espérance est liée au désir, et le désir au sens large est lié à l’amour, et tout cela touche à l’énergie vitale disponible en chacun. Comment distinguer espoir et espérance ? L’espérance semble liée à la dimension religieuse de l’esprit : il ne s’agit plus ici d’espérer un événement quelconque, mais la réalisation des promesses divines, variables d’ailleurs selon les religions. L’espérance porte donc sur ce que les religions affirment être des biens suprêmes, idéaux, comme l’avènement d’une justice certes tardive (à la fin des temps), mais absolue. On peut certes être alors certain de la légitimité d’une telle espérance. Mais cette espérance peut-elle être, en tant que vertu, l’objet d’un ef- fort ? Sommes-nous libres de l’acquérir et de la conserver ? Et sinon, en quel sens l’espérance serait-elle une vertu ? Il faut enfin remarquer que l’espérance ne semble pas plus que l’espoir pouvoir exister sans son « double » négatif, la crainte, et qu’elle repose comme lui sur une certaine ignorance : si les croyants étaient absolument certains de la réalisation des promesses divines, ils n’auraient à son égard nulle espérance. Tourné vers l’avenir « Au fond d’un trou ou d’un puits, il arrive qu’on aperçoive les étoiles. » (Aristote) L’espérance est une attitude métaphysique qui consiste à attendre qu’un souhait auquel on tient particulièrement se réalise. C’est une attitude tournée vers l’avenir qui, par définition, nous est inconnue et peu assurée et qu’on espère favorable. C’est pourquoi, de tous les temps et dans toutes les grandes civilisations, l’espèce humaine s’est tournée vers les dieux comme tout-puissants et capables de combler leur espérances. Ce qui permet une source infinie de richesses intellectuelles et culturelles. Pour avancer dans la vie, on est en permanence tourné vers l’avenir ; faire des projets, c’est déjà espérer, depuis le désir matériel le plus immédiat jusqu’à l’expérience la plus spirituelle des fins eschatologiques. Lié au désir L’espérance est liée au désir, et le désir au sens large est lié à l’amour, et tout cela touche à l’énergie vitale disponible en chacun. Le principe même de la vie est basé sur l’espérance : espérance de durer, du lendemain, de se reproduire, de perpétuer l’espèce, et simplement de jouir d’être vivant, sans compter les idéaux collectifs, politiques, religieux, humanitaires, scientifiques ou tout autre. L’espérance est ainsi l’attitude nécessaire qui permet de croire en demain, de s’engager, d’agir, de désirer aussi, car quel serait notre désir, si l’on n’espérait pas au moins en retour une certaine gratification par sa réalisation ? Et puis l’espérance nous oblige à nous servir de notre imaginaire et de tout ce qu’il contient, car comment espérer sans imaginer un POUR ALLER PLUS LOIN DE L’ESPOIR… À LA GUÉRISON Quelles réalités recouvre le terme « espoir » ? Quel est son mystérieux rôle dans l’équation de la guérison ? Le récit lumineux et pénétrant de la découverte, par un médecin, du rôle décisif de l’espoir. Les êtres humains ont la conviction, depuis la plus haute Antiquité, que l’espoir est essentiel à la vie et peut contribuer à la guérison. C’est à cette découverte que nous invite ce livre : aux moments cruciaux où les patients cherchent et trouvent matière à espérer - ou, à l’inverse, échouent. A travers ces portraits et ces récits, nous apprenons à distinguer l’espoir de ses faux-semblants. Si les facultés de l’espoir demeurent aléatoires et mystérieuses, elles n’en sont pas moins puissantes. Le Dr Groopman, d’abord sceptique, se lance dans une enquête qui le conduit dans les laboratoires de pointe où se fait jour une authentique biologie de l’espoir, émotion vitale. Le regard inédit d’un grand médecin, qui s’adresse aux souffrants tout comme aux bien-portants. A mi-chemin de la philosophie et de la médecine, cette réflexion nous concerne tous. « La force de l’espoir : Son rôle dans la guérison » de Jérôme Groopman, Jean-Claude Lattès, 299 pages, 18,30 €. objet ou un futur ? Dans l’épreuve aussi, l’espérance des jours meilleurs est souvent tout ce qu’il nous reste pour tenir le coup et pour affronter l’avenir en restant debout. Ainsi l’espoir conjugue-t-il les contraires : la passivité et l’action, la confiance et la crainte, l’illusion et le vrai. Considérer que l’espoir rend heureux, malgré ou grâce à ses illusions, malgré ou grâce à ses déceptions, c’est peut-être le concevoir comme le souffle de la vie-même, comme une force et non une chose à obtenir. A cette condition, l’espoir s’avère être une disposition réellement opératoire dans l’histoire humaine. n V.D. 59



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