Stratégie du bonheur DOSSIER CULPABILITÉ ET MÉLANCOLIE Le sentiment de culpabilité joue un rôle essentiel dans la mélancolie. Dans ce contexte, le sentiment de culpabilité se renverse : les reproches contre l’objet d’amour sont renversés sur le Moi propre. gaux et familiaux (www.relationaide.com), voici quelques comportements classiques d’un patient en matière de culpabilité : Parce qu’il se sent indigne, il éprouve des difficultés à s’octroyer du plaisir, à prendre des vacances, à « perdre son temps ». Il choisit un conjoint ou un métier qui ne lui convient pas, dans le but de se punir. Si le bonheur croise sa route, il le transforme en malheur. Il s’accable de reproches, se croit responsable des conflits ou des erreurs de ses proches. Il ne sait pas accepter un mot d’affection ou un compliment. Si ses parents lui ont appris que la vie n’est que devoirs et sacrifice, il se sent coupable chaque fois qu’il trouve plaisir à quelque chose. Il est parfois paralysé dans ses capacités d’agir, tant la charge de culpabilité est forte. Il se sent insécurisé face aux autres, croit que ceux-ci ne l’aiment pas. Il dit oui à tout ce qu’on lui demande. Cette attitude dénote sa culpabilité cachée. Sous couvert d’altruisme, il se force à nier sa liberté individuelle et son besoin de repos. Il offre des cadeaux pour se faire pardonner une longue absence ou une colère. Il critique les autres en projetant inconsciemment ses propres fautes sur eux. Il a des problèmes sexuels qui trouvent racine dans des expériences sexuelles hors mariage, des abus sexuels subis dans son passé (la victime se sent coupable) ou dans le fait d’avoir eu un père dominateur ou une mère castratrice. Il protège une personne qui dans le passé lui a fait subir un traumatisme grave. Parce qu’il ne peut se permettre d’accuser le vrai coupable (père, mère, membre de la famille ou ami) il s’auto-punit inconsciemment, pensant ainsi protéger le coupable. 40 La culpabilité disparaît d’elle-même au moment où nous acceptons notre angoissante absence de pouvoir sur autrui. La culpabilité vue par les « psys » > Freud Pour lui, la culpabilité n’est ni bonne ni mauvaise, c’est la source qui l’alimente qui la rend destructive ou non. Freud trouve à ce sentiment une pluralité de sources : Le meurtre du père primitif. La culpabilité apparaît sous forme d’angoisse de castration. L’angoisse est ici la répétition fantasmée (puisque le père est mort) d’une angoisse suscitée par la menace réelle que le père faisait peser sur les fils quand il voulait garder toutes les femmes pour lui. La civilisation, en ce qu’elle réprime les pulsions agressives. La prématuration et l’état de détresse originaire, très prolongé chez l’enfant. L’angoisse du Moi devant le Surmoi (l’autorité parentale intérieure). Il y a un double mouvement sado-masochiste : le Moi jouit de subir et le Surmoi jouit de punir. Pour Freud, le sentiment de culpabilité est ambivalent : il peut être morbide et naître du refoulement mais aussi être sain, valable et moral, s’il est l’expression de ce « Je » qui est en nous un véritable pouvoir d’examen, de jugement. Il n’existe pas, pour Freud, de moyen direct de combattre la culpabilité. On peut seulement en faire progressivement un sentiment conscient. > Jacques Lacan Pour lui, la culpabilité n’est pas forcément liée à l’Œdipe, mais au désir et à la place qu’occupe le sujet dans l’ordre du signifiant de son désir. Lacan désigne la source la plus profonde de la culpabilité lorsqu’il dit que le sujet se sent coupable toutes les fois où il en vient à « céder sur son désir ». |