Les Dossiers de la Psychologie n°2 jui/aoû 2015
Les Dossiers de la Psychologie n°2 jui/aoû 2015
  • Prix facial : 6,90 €

  • Parution : n°2 de jui/aoû 2015

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Lafont Presse

  • Format : (210 x 270) mm

  • Nombre de pages : 84

  • Taille du fichier PDF : 29,6 Mo

  • Dans ce numéro : les clés du bonheur.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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Stratégie du bonheur DOSSIER CULPABILITÉ ET MÉLANCOLIE Le sentiment de culpabilité joue un rôle essentiel dans la mélancolie. Dans ce contexte, le sentiment de culpabilité se renverse : les reproches contre l’objet d’amour sont renversés sur le Moi propre. gaux et familiaux (www.relationaide.com), voici quelques comportements classiques d’un patient en matière de culpabilité : Parce qu’il se sent indigne, il éprouve des difficultés à s’octroyer du plaisir, à prendre des vacances, à « perdre son temps ». Il choisit un conjoint ou un métier qui ne lui convient pas, dans le but de se punir. Si le bonheur croise sa route, il le transforme en malheur. Il s’accable de reproches, se croit responsable des conflits ou des erreurs de ses proches. Il ne sait pas accepter un mot d’affection ou un compliment. Si ses parents lui ont appris que la vie n’est que devoirs et sacrifice, il se sent coupable chaque fois qu’il trouve plaisir à quelque chose. Il est parfois paralysé dans ses capacités d’agir, tant la charge de culpabilité est forte. Il se sent insécurisé face aux autres, croit que ceux-ci ne l’aiment pas. Il dit oui à tout ce qu’on lui demande. Cette attitude dénote sa culpabilité cachée. Sous couvert d’altruisme, il se force à nier sa liberté individuelle et son besoin de repos. Il offre des cadeaux pour se faire pardonner une longue absence ou une colère. Il critique les autres en projetant inconsciemment ses propres fautes sur eux. Il a des problèmes sexuels qui trouvent racine dans des expériences sexuelles hors mariage, des abus sexuels subis dans son passé (la victime se sent coupable) ou dans le fait d’avoir eu un père dominateur ou une mère castratrice. Il protège une personne qui dans le passé lui a fait subir un traumatisme grave. Parce qu’il ne peut se permettre d’accuser le vrai coupable (père, mère, membre de la famille ou ami) il s’auto-punit inconsciemment, pensant ainsi protéger le coupable. 40 La culpabilité disparaît d’elle-même au moment où nous acceptons notre angoissante absence de pouvoir sur autrui. La culpabilité vue par les « psys » > Freud Pour lui, la culpabilité n’est ni bonne ni mauvaise, c’est la source qui l’alimente qui la rend destructive ou non. Freud trouve à ce sentiment une pluralité de sources : Le meurtre du père primitif. La culpabilité apparaît sous forme d’angoisse de castration. L’angoisse est ici la répétition fantasmée (puisque le père est mort) d’une angoisse suscitée par la menace réelle que le père faisait peser sur les fils quand il voulait garder toutes les femmes pour lui. La civilisation, en ce qu’elle réprime les pulsions agressives. La prématuration et l’état de détresse originaire, très prolongé chez l’enfant. L’angoisse du Moi devant le Surmoi (l’autorité parentale intérieure). Il y a un double mouvement sado-masochiste : le Moi jouit de subir et le Surmoi jouit de punir. Pour Freud, le sentiment de culpabilité est ambivalent : il peut être morbide et naître du refoulement mais aussi être sain, valable et moral, s’il est l’expression de ce « Je » qui est en nous un véritable pouvoir d’examen, de jugement. Il n’existe pas, pour Freud, de moyen direct de combattre la culpabilité. On peut seulement en faire progressivement un sentiment conscient. > Jacques Lacan Pour lui, la culpabilité n’est pas forcément liée à l’Œdipe, mais au désir et à la place qu’occupe le sujet dans l’ordre du signifiant de son désir. Lacan désigne la source la plus profonde de la culpabilité lorsqu’il dit que le sujet se sent coupable toutes les fois où il en vient à « céder sur son désir ».
Lacan met l’accent sur l’impossible plus que sur l’interdit, qui n’est qu’une défense contre l’impossible, car il est plus facile de se confronter à l’interdit que de reconnaître l’impossible. En fait, la culpabilité a à voir avec l’impossible et non l’interdit (alors que le péché a à voir avec l’interdit en premier). Pour Lacan la culpabilité est l’expression du manque, le « signifiant » de la finitude. > Lewis Engel et Tom Ferguson Pour ces deux psychologues cliniciens réputés, c’est l’altruisme excessif et mal dirigé qui est parfois source de culpabilité. Nous avons tous un besoin inné de venir en aide aux autres, une tendance à être Sauveteurs. Même un bébé est bouleversé quand il en voit un autre pleurer. Mû par une sorte d’empathie rudimentaire, il se met aussi à pleurer. Un enfant peut se rendre malheureux par empathie avec ses parents qu’il voit tristes. Il se sent, il se croit responsable de ce qui leur arrive (maladie, conflit). Il se croit obligé de les aider et n’y arrivant pas, il culpabilise. Il se sent coupable parce qu’il ne se sent pas capable. Cette formule : « pas capable/cou- pable » se vérifie aussi pour les adultes dans la vie quotidienne comme en relation d’aide, et elle fonctionne aussi en sens inverse : « coupable/pas capable ». A l’âge adulte, nous nous sentons tellement responsables de ceux que nous aimons que nous culpabilisons de leurs malheurs au lieu de les aider efficacement. Mais sommes-nous responsables des souffrances de nos proches ? Il est plus facile de nous reprocher des fautes, les incompétences des autres que de reconnaître qu’ils ont mal agi avec nous, d’admettre la réalité : leurs limites, leurs erreurs. Prendre conscience et analyser ses erreurs Chemin faisant, dans nos vies, les erreurs succèdent aux erreurs. Au départ, l’être qui chemine n’a pas forcément conscience d’être dans l’erreur, puis petit à petit, lorsqu’il se rend compte de la souffrance qu’il a généré pour lui-même et pour les autres, un sentiment de culpabilité très puissant, très profond commence à naître en lui. Ce sentiment de profonde culpabilité s’étoffe chaque jour, et rien ni personne ne peut l’annihiler. Seul celui qui a généré ce comportement, ce sentiment de culpabilité, peut l’annihiler. Pour qu’il puisse se comporter ainsi, il est nécessaire que des prises de conscience successives puissent avoir lieu. Parfois, ces prises de conscience naissent avec des difficultés matérielles importantes, des difficultés de santé réelles. Ce sont en fait des signaux d’alarme qui préviennent la personnalité qu’elle doit changer de comportement et surtout retrouver sa véritable valeur. Personne ne perd sa véritable valeur, elle est tout simplement oubliée. Soulager sa conscience Nous en revenons toujours à la culpabilité. Dans le temps, on avait coutume de dire : « telle personne a soulagé sa conscience ». Essayez de réfléchir à ce que peut bien vouloir dire l’expression « soulager sa conscience » ! Vous ne pouvez la soulager qu’en comprenant complètement la fausse route que vous avez pu prendre, toutes les erreurs que vous avez pu commettre et surtout en ne culpabilisant pas pour ces erreurs. Chaque être humain cheminant sur ce monde commet une multitude d’erreurs. Ce n’est pas grave en soi. Ce qui l’est est de cristalliser sur ces erreurs, de les nourrir en permanence, car ces erreurs arrivent tout simplement à vous gâcher la vie, à vous faire vous détester. Aimer pour ne plus culpabiliser En fait, il faut pratiquer tout le contraire, c’est-à-dire envoyer beaucoup d’amour sur ces erreurs et dire : « J’ai agi de cette façon, mais je l’ai fait avec le niveau de conscience que j’avais à ce moment-là. Maintenant j’ai changé de niveau de conscience, je change de comportement et j’éclaire tous les coins d’ombre qui sont encore en moi. Je me pardonne totalement pour tout ce que j’ai pu faire pendant cette existence, parce qu’une grande partie de ce que j’ai pu faire était programmée. Bien sûr, j’aurais pu dépasser la programmation, mais je n’en ai pas eu la capacité sur le moment. Maintenant que je comprends pourquoi j’ai agi de la sorte, que je comprends qu’il était difficile de m’y soustraire parce que cela faisait partie de ma programmation de vie, je me pardonne totalement pour mes égarements, je me pardonne pour mes erreurs, je me pardonne pour tout l’amour que je n’ai pas pu me donner et donner à ceux que j’aime. » Il est beaucoup plus facile que vous ne le pensez de vous pardonner pour la souffrance que vous avez pu occasionner à d’autres et de pardonner aux autres pour toute la souffrance qu’ils ont pu vous occasionner. Dans une existence, il n’est pas facile de vivre sans faire souffrir ceux que vous aimez. A partir du moment où vous comprenez cela, vous vous déresponsabilisez, vous sortez donc peu à peu du syndrome de culpabilité. Et en sortir, c’est aussi s’alléger d’un grand poids pour vivre enfin pleinement. n LA NOTION DE CULPABILITÉ COLLECTIVE 41 V.L. La question de la culpabilité collective est également analysée par Freud dans plusieurs de ses textes. Elle apparaît de manière flagrante dans la démarche religieuse et dans les mythes de nombreuses cultures. La religion se fonde toujours sur le principe d’une faute dont les êtres humains seraient redevables à une instance divine. Dans la religion chrétienne l’apôtre Paul en fait une loi première, la « faute originelle » qui est réactualisée dans cette religion par la mise à mort du fils de Dieu.



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