P H I L O S O P H I E D E V I E Philosophie de vie Entretien avec Carine Girac-Marinier Comment est né ce projet de livre cosigné par le Dalaï-Lama et Victor Chan que vous venez de publier chez Larousse ? Carine Girac-Marinier : Ce projet est né à la suite de plusieurs rencontres entre le Dalaï-Lama et Victor Chan. Les éditions Larousse ont eu vent de ce projet et nous avons décidé de le publier. Si l’on connait bien le Dalaï-Lama, c’est moins le cas de Victor Chan. Quelques mots sur votre auteur ? Ce qui est passionnant avec Victor Chan, c’est qu’il suit le Dalaï-Lama depuis des années, depuis sa première rencontre avec lui en 1972. Alors qu’il est d’origine chinoise, il est devenu l’un de ses plus fidèles amis. D’ailleurs, leur première rencontre est hautement symbolique. Victor Chan raconte dans « Eloge de la compassion » qu’il a posé à l’époque une seule question au Dalaï-Lama : « Est-ce que vous haïssez les Chinois ? ». A quoi sa Sainteté a ré- pondu en anglais : « Non, je ne hais pas les Chinois. » Puis son secrétaire particulier a repris la traduction : « Sa Sainteté considère les Chinois comme ses frères et sœurs ». Depuis, Victor Chan organise de nombreuses conférences dans le monde entier en sa présence et il a créé à 18 Directrice du département « Dictionnaires & Encyclopédies » des Éditions Larousse « Comprendre le message du Dalaï-Lama » Directrice littéraire depuis dix ans aux éditions Larousse, dans la section « Essais & documents », Carine Girac-Marinier nous livre son analyse du dernier ouvrage du Dalaï-Lama sur la compassion. Vancouver le Centre Dalaï-Lama pour la Paix et l’Éducation. C’est une très belle rencontre que l’écrivain nous fait partager, tout en nous livrant les clés de son enseignement universel. Le Dalaï-Lama fait partie des personnalités étrangères préférées des Français. En quoi est-il pour vous une figure essentielle du monde d’aujourd’hui ? Si le Dalaï-Lama est un personnage essentiel et très important de notre époque, et une des personnalités préférées des Français, c’est parce qu’il est devenu un des symboles mêmes et un véritable porte-parole de la paix dans le monde. Comme Gandhi, il fait partie de ceux qui prônent l’amour et la compassion, et non pas la haine. Alors que le Tibet vit une situation politique difficile et violente, il ne cesse de valoriser la non-violence, l’ouverture aux autres et à la différence. Il cherche constamment à rassembler des gens que tout semble opposer et il y arrive souvent. Ce qui est très fort avec lui, c’est qu’on peut adapter son message de paix à notre vie de tous les jours, dans notre rapport aux autres. C’est ce que Victor Chan nous prouve tout au long de cet ouvrage en nous décrivant les rencontres exceptionnelles qu’il a vécues avec et au travers du Dalaï-Lama. Même si les Français semblent se désintéresser de plus en plus de la religion, il semblerait cependant que les valeurs transmises par la pensée bouddhiste aient de plus en plus d’adeptes ? Qu’en pensez-vous et est-ce confirmé dans le monde de l’édition, notamment par les ventes de livres en la matière ? Ce qu’on a pu constater dans le monde de l’édition, c’est que toute la thématique qui tourne autour du bien-être, du bonheur, du développement personnel compte de plus en plus de lecteurs en effet. Les Français sont en quête de mieux-être et tout ce qui peut les aider à être plus heureux dans leur vie, à travers la philosophie, la psychologie, la spiritualité, la pratique de méthodes de développement personnel, est bienvenu. Le monde d’aujourd’hui étant de plus en plus difficile, les gens de plus en plus stressés cherchent des repères, des clés pour s’épanouir. Larousse a énormément dévelop- pé des ouvrages pratiques sur ces thématiques qui passionnent les lecteurs, comme le « Petit traité de zénitude » de Marie-Pascale et An- ne-Sophie Boutry (Larousse, 2013) qui a eu beaucoup de succès. Peut-on considérer Le Dalaï- Lama comme un philosophe des temps modernes et si oui, pourquoi ? Oui, complètement ! Je pense en effet que c’est un philosophe pour plusieurs raisons. D’abord, dans sa démarche de promouvoir la compassion, il nous enseigne toujours plus de sagesse, en faisant le choix de nous tourner vers nos émotions positives et non pas négatives. Dans le « Traité des passions », René Des- cartes nous expliquait déjà que l’on ne peut s’épanouir dans les remords et les regrets. Dans la même veine, « Ethique » de Spinoza, accompagne tous ceux qui s’aventurent sur la |