P H I L O S O P H I E D E V I E Philosophie de vie au Tibet, et pour continuer à vivre, les habitants doivent s’adapter et donc se conformer à la culture chinoise. Il est très facile de perdre son identité. Mais je suis persuadé qu’ils gardent en eux l’idée très an- 16 crée que le Dalaï-Lama reviendra un jour. La non-violence fait aussi partie de leur croyance. Leur dévotion parfois secrète au bouddhisme et au Dalaï-Lama est toujours très présente. Les circonstances sont dif- Humble, toujours bienveillant, souriant et plein d’humour, le Dalaï-Lama fait partie des personnalités préférées des Français. ficiles, mais l’essentiel des valeurs est préservé. Comment définiriez-vous l’approche du Dalaï-Lama à propos de la valeur dont vous parlez dans votre dernier livre, c’est-à-dire la compassion ? Vous savez, nous nous ressemblons tous. Personne ne veut souffrir et chacun est à la recherche du bonheur ou du bien-être. C’est une aspiration commune à l’humanité et pas seulement à quelques-uns. Il faut donc avoir du respect pour ce droit au bonheur à la fois pour soi et pour les autres. Mais cela va plus loin dans le cas de la compassion : il s’agit d’alléger le fardeau de l’autre pour que tout aille bien, ou du mieux possible. Pas seulement pour les siens, enfants ou famille, mais il convient de ressentir ce même sentiment pour nos ennemis. Voici l’essence de la compassion. Il ne faut pas oublier non plus les animaux envers qui nous devons également ressentir cette compassion. Vous avez créé le Dalaï-Lama Center for Peace and Education à Vancouver. Quel est son objectif ? En 2004, le Dalaï-Lama est venu nous rendre visite à Vancouver lors d’un symposium. Il souhaitait souligner l’importance de l’équilibre de l’éducation chez les jeunes. L’esprit doit être nourri, mais en parallèle, il convient de faire la même chose avec le cœur et cela, dès le plus jeune âge. En anglais, on parle de « mind- fulness » : le fait de porter attention à l’autre par la pleine conscience. En éveillant ce comportement social dès que possible, il est possible de contribuer à l’amélioration de l’intelligence émotionnelle et sociale de chacun, car l’objectif est bien de travailler et de vivre ensemble dans une atmosphère harmonieuse. Parvenir à comprendre l’importance du service, de l’altruisme, et cela, sans craindre d’être plus gentil, plus doux. Au centre, nous travaillons avec des chercheurs universitaires, des politiciens pour modifier le système pour tout un chacun. C’est un travail de longue haleine. Il est pourtant difficile de passer à la pratique dans un monde moderne, toujours plus rapide, où la violence est presque omniprésente… Il me semble que le bouddhisme est |