— Je ne vois qu'une solution, c'est de faire un bon bridge. — Si cela ne vous faisait rien, je préférerais une belote ! Dessin de Raymond PALLIER.. LE PARACHUTE C° D'ASSURANCE CONTRE LES FOURS Je fonde une société pour la protection des directeurs de théâtre. Depuis que je suis censé avoir l'âge de raison, j'entends parler de « la crise théâtrale ». La fi crise théâtrale » a été inventée par les auteurs et les directeurs qui ne sont pas contents. Et comme,de touttemps, il y a beaucoup plus d'auteurs et de directeurs mécontents -que d'auteurs et de directeurs heureux, le nombre l'emporte et  : la crise théâtrale » est décrétée. Elle est permanente, chronique,.namovible. C'est une institution ; si elle disparaissait, elle nous manquerait. Il n'est pas question, une minute, clans ce projet d'assurance, de supprimer lactiseAllatrale. La crise est-quelque chose qui ne finit pas, comme l'Académie Française, la perception des impôts et la vogue de MR0 Mistinguett. Ma société d'assurance,'que j'appelle de ce joh nom  : Le Parachute, assure -les directeurs contre les fours. Le directeur gagne toujours. Jamais de passif, rien que de l'actif. Supposons que le directeur des Variétés monte trois actes intitulés l'OEu. f de Colombe. C'est une -idée délicieuse. Il s'agit d'une petite -femme, appelée Colombe, qui accouche d'un oeuf. Stupéfaction inouïe ! On met l'aeuf dans le berceau. Émoi dans le quartier. Les curieux -se succèdent. L'Académie de médecine enquête. -Les journaux consacrent huit colonnes, pendant huit jours, à l'événement. L'amant de Colombe pense  : « J'aime mieux ça. » Pour se conformer à la loi on va déclarer l'oeuf à l'état civil. Quand les amies de Colombe viennent la voir, elles lui disent  : — Ah ça ! vous avez donc couché avec un coq ? Comment va votre petit oeuf, ma bonne amie ? Un jour, dépitée, furieuse, Colombe casse l'oeuf et il en sort un chèque-contribution. Si tout ça n'est pas une idée neuve, sans précédent dans aucune littérature dramatique, qu'est-ce qu'il vous faut ? Mais, méfions-nous du neuf et d'un veuf au théâtre ! La pièce tombe. Elle ne fait que i3 francs de recette à la seconde et le théâtre perd, dans son mois, 240.000 francs. La société d'assurance verse intégralement 240.000 francs pour couvrir la perte et elle fait cadeau d'une épingle de cravate ou d'une cravate sans épingle à M. Max Maurey. Maintenant, par un coup d'hypothèse hardie, supposons que l'Cl ; uf de Colombe ait eu trois cent vingt représentations laissant un bénéfice net de huit cent treize mille six cent quatre-vingt francs et quatre-vingt-douze centimes et demi. Naturellement Max Maurey est obligé, par son traité, à verser la moitié de cette somme à la Compagnie d'assurance, qui'dédaigne de toucher sa part des douze centimes et demi. Vous avez bien compris  : Four ? La Compagnie prend toute la perte. Succès ? , La Compagnie ne prend que la moitié des bénéfices. Vous me, posez tout de -suite une question ; rassurez-vous, je la voyais venir ; la réponse est prête et magistrale. La Compagnie.a un secret. Elle a trouvé un procédé grâce auquel elle aura trois succès sur quatre pièces. Ce secre, elle ne le livrera el personne. Vous pensez bien que, pour s'engager dans la totalité des pertes et ne toucher que la moitié des bénéfices, il faut.avoir.M un secret ». Nous l'avons. La Compagnie n'assure une pièce qu'après l'avoir lue et approuvée. Si le directeur veut passer outre, comme c'est son droit, il passe outre, à ses risques et périls. Mais pourquoi, direz-vous, la Compagnie ne prend-el ! e pas, fies théâtres ? Parce que la Société des auteurs ne traiterait pas avec elle, et parce qu'elle n'est pas certaine de trouver à volonté la matière première qui est la pièce ! Il y a -des années stériles. Le Parachute -a-t-il de l'avenir ? Moins que la chute. Mais une idée, on apparence fantaisiste, peut étre l'oeuf d'une idée pratique. -Ce qui est intolérable c'est que des messieurs, sans compétence et sans flair, s'arrogent le droit de juger cette chose sacrée  : le travail d'une intelligence. II y a peu de directeurs qui savent lire. Rani nantes in gurgite vaste. Albin VALABRÉGuIS. — Pendant que tu y es, tu pourrais aussi remonter ton pantalon ! Dessin de M. SAUVAYRE.