en quelque sorte prisonnier sur une terre étrangère. Comment, par exemple, l'armée allemande, en garnison au Mexique, pourrait-elle reprendre sa marche nach Paris avec quelques chances de succès ? Mon système présente, d'autre part, un grand avantage au point de vue de l'interpénétration des races... Les voyages forment la jeunesse et facilitent l'étude des langues étrangères. Inutile, je crois, d'insister. II Autre moyen de maintenir la paix. La guerre est le plus souvent décidée par des gens qui ne la font pas, ce qui leur permet de la déclarer d'un coeur léger. Le temps n'est plus où les monarques se mettaient à la tête de leurs escadrons et chargeaient en disant : — Ralliez-vous à mon panache blanc ! De nos jours, quand la guerre est déclauchée, les chefs d'Etat s'embusquent dans des états-majors placés à prudente distance des balles et boulets. Ou bien, ils restent civils et prononcent des discours, toujours très loin des lignes. Il en est de même de la plupart de ceux qui ont tout fait pour provoquer ce massacre des innocents qu'on appelle la guerre. Aussi peut -on affirmer que la paix, régnerait à jamais sur le globe, si ses plus dangereux ennemis étaient obligés d'en découdre eux-mêmes le jour où se'rouvrirait le temple de Janus. Je propose donc que oient affectés aux unités de choc : Les chefs d'Etat ; Les ministres ; les parlementaires ; les diplomates ; Les métallurgistes ; Les journalistes. Ces citoyens, d'ordinaire si belliqueux en paroles, seraient mobilisés lespremiers et expédiés aussitôt au front. A eux l'honneur de tirer les premiers ! Voulez-vous parier que cette affectation spéciale » les rendrait extrêmement pacifistes et leur ferait trouver, aux heures troubles où se décide le sort des peuples, le moyen d'arranger très gentiment les choses ? Supposez que, fin juillet 1914, le Kaiser se soit dit : Diable ! si la guerre eelate, je deviens simple grenadier dans ma propre garde et mes six fils sont versés, d'autorité, dans les unités qui entreront les premières en contact avec l'ennemi ! C'est évidemment à réfléchir. L'EVOCATION Ayant bien réfléchi, le taiser aurait lint par declarer,'ttit applaudissements de ses courtisans, menacés aussi d'une incorporation périlleuse : — Je préfère la paix ! Qu'il soit décidé que la guerre sera faite, d'abord, par ceux qui l'ont voulue ou qui n'ont rien fait de sérieux pour l'empêcher, et vous verrezue l'ultima ratio des rois sera moins souvent invoquée. Les diplomates auront moins de morgue, les parlemenaires lus de calme, les métallurgistes moins d'appétit et les journalistes retourneront sept fois leur'plume dans leur encrier avant d'écrire des articles incendiaires. III Si la guerre éclate quand même, moyen infaillible d'en précipiter la fin. Ce moyen est très simple, comme tous les bons moyens : il consiste à capturer l'armée ennemie. Pour cela, organisez des camps de prisonniêrs qui seront des lieux de délices riches en théâtres, dancings, boites à femmes, etc., tout cela gratuit, bien entendu. Les heureux hôtes de ces Capoues seront nourris et abreuvés'comme des princes. A eux, la bonne vie ! Et faites savoir qu'ici on est mieux qu'en face. Dès les premiers jours de la guerre, vous verrez se multiplier chez l'ennemi d'innombrables vocations de prisonniers volontaires. Il faudra même afficher devant les tranchées des pancartes ainsi conçues : LES CANDIDATS PRISONNIERS NE SONT REÇUS QUE DE 2 A 4 HEURES (Ferme Dimanches et Fêtes.) La victoire sera ainsi remportée sans grands frais, les poules coûtant moins cher que les obus, et il sera une fois de plus prouvé que mieux vaut douceur que violence. Je livre d'ailleurs volontiers ces idées vraiment réalistes et pratiques à la S. D. N. Mais vous verrez que cette utopiste n'en fera aucun cas ! Clément NTAUTEL. — Tu portes les cheveux longs ? — Oui, ça fait pleurer les veufs ! Dessin de Ch. Hwric. |