Le Rire n°285 19 jui 1924
Le Rire n°285 19 jui 1924
  • Prix facial : 0,75 F

  • Parution : n°285 de 19 jui 1924

  • Périodicité : hebdomadaire

  • Editeur : F. Juven et Cie

  • Format : (226 x 302) mm

  • Nombre de pages : 20

  • Taille du fichier PDF : 40,6 Mo

  • Dans ce numéro : jeux olympiques.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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L'ESCARPOLETTE — Savez-vous, chère amie, que je vois votre cuisse ?... — Savez-vous, cher ami, que j'en ai deux comme ça ? Dessin de VAR. Le Monsieur qui joue du piano C'était un monsieur comme les autres. Je n'ai pas dit comme vous ou moi, car moi et vous, nous ne sommes pas comme les autres. Il était entre deux âges, demeurait entre le second et le quatrième, et sortait le matin entre huit heures et demie et neuf heures moins vingt-cinq. A neuf heures moins vingt exactement, pénétrait chez lui un autre monsieur pas plus caractérisé, et qui jouait auprès de sa femme le rôle que seul, le premier de ces messieurs eût da être en droit d'exécuter. Quand il rentrait le soir, à son troisième étage, entre six heures et demie et sept heures moins vingt-cinq, était sorti de chez lui, cinq minutes auparavant, cet autre monsieur pas plus caractérisé et dont la description a été donnée plus haut pour les personnes que cela intéresse. Il embrassait sa femme soumise, sa fille qui ne l'était pas, mais aurait pu le devenir, et s'installait au piano. Comme il n'était pas très fort, il délaissait les grands auteurs, et jouait à la grande satisfaction de la maison le dernier air à la mode. En ce temps-là régnait et le jouait le monsieur  : Elle n'me fait jamais des trucs comme ça ! *** Il arriva qu'un jour néfaste, il sortit de meilleure heure que d'habitude. Fut-ce à l'occasion de la visite de la capitale par un souverain, ou la femme de son chef de bureau voulait-elle aller au théâtre ce soir-là ? Personne n'en sut rien, pas même lui ; mais ce même jour exactement, bien qu'ayant flâné par les rues, il mettait sa clé dans la serrure, qu'il n'était encore que six heures et quart. 11 allait donner à sa femme le baiser d'arrivée quand il s'aperçut qu'elle recevait avec un plaisir non dissimulé le baiser d'adieu du second monsieur. Comme il était pondéré et bien élevé, il Ne contenta d'accrocher son chapeau dans l'entrée et attendit (lue l'étreinte fut terminée. Elle dura exactement encore cinquante-trois secondes. Il s'effaça pour laisser sortir, embrassa sa fille qui avait grandi depuis la dernière fois, attendit que sa femme se fût discrètement essuyé les lèvres, et se comporta vis-à-vis, d'elle comme auparavant. Il remarqua simplement  : « Tiens, je suis en avance aujourd'hui., Et il se mit au piano. Comme toujours, il joua l'air en vogue  : Il faut savoir tout prendre avec le sourire. ** Bien que le lendemain, après avoir raconté l'histoire à son concierge, il eût ajouté  : On a beau faire le malin, ça vous fait tout de mëme quelque chose, la vie continua comme par le passé. 11 arriva cependant qu'un malheureux jour il sortit de meilleure heure que d'habitude. La femme de son chef de bureau voulaitelle aller au théâtre ce soir-là, ou fut-ce à l'occasion de la visite de la capitale par un souverain ? Personne n'en sut rien, pas même lui ; mais il n'était encore que six heures et quart quand il ouvrit la porte ce même jour. Le même spectacle l'attendait. Comme il était bien élevé et pondéré, il se contenta d'accrocher son chapeau à la patère et attendit que se terminât l'étreinte. Elle se prolongea, du fait de sa mansuétude première, pendant dix minutes exactement. Il s'effaça pour laisser passer, embrassa sa tille qui grandissait toujours. et, après avoir mesuré la distance, il lança à sa femme une paire de claques sonores. Puis, il s'assit au piano et joua la danse qui faisait fureur. Et l'épouse meurtrie murmurait au refrain  : C'est mon homme ! JALOUSIE Après avoir passé dans la maison pour un sale individu, il acquit à la suite de ce mouvement un peu vif ; la réputation d'une brute ; mais il est dif fi cule de contenter à la fois tout le monde et sa dignité de mari. Tout commençait à s'apaiser quand la guigne s'abattit sur lui une troisième fois. Pour des raisons tout aussi inconnues, il devança son heure habituelle et surprit le couple adultère dans la même position. 11 commença par accrocher son chapeau, mais cette fois il y joignit son veston ; et, prenant son adversaire par les deux épaules, il le mit brutalement à la porte en agrémentant ce geste d'un violent coup de pied malencontreusement placé au creux de l'estomac, le tout sans s'excuser ; puis, ayant refermé la porte, il boxa sa conjointe pendant près d'un quart d'heure. Peut-être aurait-il jeté sa fille par la'fenêtre, mais elle n'était pas là. Pour se calmer les nerfs, il se mit au piano. Le shimmy était triomphant, on l'entendit qui jouait saccadément  : J'en ai marre. Ugëne, Ugène !... R'hahille-tuf, v'là des jeunes tilles qui arrivent ! Dessin de Raymond PALLIKR.
Ne 13 19 Juillet 1924 LE CANARD DE (OLONBES ORGANE HEBDOMADAIRE ET OLYMPIQUE PARIS—COLOMBES ET RETOUR.. Du 13 au 19 AVIRON La finale qui s'est disputée clans le Bassin des Tuileries, entre l'Angleterre et la Suède, a donné lieu à une splendide empoignade. Les deux bateaux ont réussi à s'aborder aux 2/3 du parcours, et tandis que les Anglais tentaient de couler leurs concurrents, en perçant, au vilebrequin, des trous dans l'embarcation adverse, les Suédois tapaient sur eux à la cadence de 45 coups de pelles à la minute. Finalement, le huit anglais a triom-'phé, les Suédois n'ayant pas reparu à la surface. Les spectateurs ont longuement acclamé les vainqueurs. CONGRÈS DE LA F. I. B. A. Le Congrès de la Fédération internationale de Boxe amateurs, qui s'est réuni le 14, a émis les voeux suivants  : I. — Suppression des arbitres, qui ont tendance à disqualifier les boxeurs pour un oui ou pour un non. 2. — Remplacement de la minute de repos entre chaque round, par le repos hebdomadaire. 3. — En cas de coup au bas-ventre, versement d'une indemnité de viscères. On prête à la F. I. B.A,., s'il n'est pas fait droit aux voeux ci-dessus, l'intention de provoquer le knock-out... PENTATHLON Les épreuves du Pentathlon, qui se sont déroulées cette semaine, ont donné lieu, il faut bien le dire, à une pagaye de première... On sait que le pentathlon comprend cinq sports  : tir, natation, épée, cheval et course à pied. La complexité même du pentathlon a aidé à la confusion, et la plupart des concurrents ont terriblement mélangé le tout.. C'est ainsi qu'on a vu des athlètes tirer... la queue de leur cheval, sauter par-dessus la cible, donner des coups d'épée dans l'eau et nager... dans les cinq épreuves ! Dans ces conditions, on peut considérer la proclamation des résultats comme nulle et non avenue... Avenue Pierre de Coubertin, bien entendu ! TENNIS Dans la demi-finale sur demi-courts, les Moldo-Valaques triomphant des Yankees, ont renversé tous les pronostics (et quelques spectateurs avec)... C'est en substituant habilement une grenade à la balle ordinaire, qu'ils mirent brusquement fin à la partie. La Moldo-Valachie reste donc qua- LES FEMMES DOIVENT-ELLES PARTICIPER AUX JEUX OLYMPIQUES ? OPTIMOL. — Oui ! PESSIMARD. — Non ! OPTIMOL. — Je vous dis que si ! La femme a droit au sport. Le sport est une distraction, un délassement. Pourquoi voudriez-vous empêcher la femme de se délasser, de se distraire ? PESSIMARD.—Parce que la femme apporte au sport (comme à toutes choses, du reste) trop de fureur brouillonne pour que ce soit au- liftée pour la finale, qui se disputera, cette fois, sur plate-forme de béton armé. JEUX POPULAIRES C'est le 17 que les Jeux populaires se sont déroulés, devant les banquettes vides, le peuple ayant préféré aller jouer aux courses... Du 20 au 27 La dernière semaine des Jeux olympiques est particulièrement chargée. Elle comporte  : le Cyclisme, la Pelote bisque, le Yachting et les Poids pet haltères. Nous ne dirons rien du cyclisme, car il n'y a certainement pas un seul de nos lecteurs qui ne se soit cassé la figure en vélo... Quant aux autres sports susmentionnés, voici à leur sujet, quelques petits tuyaux  : LA PELOTE BASQUE La pelote basque est un sport qui se pratique avec une pelote.nt Ava on a soin d'enlever les épingles. Les Jeux Olympiques forment une Société dont nous faisons tous de gré ou de force partie... CL1A Y DE COU1BE RTiN... soit comme membre fonde à tort.. soit comme membre passif... tre chose, pour elle, qu'un souci et qu'une fatigue. OPTIMUL. Et ta soeur ? PESSIMARD. — Hélas ! elle dispute, en ce moment, un cent mètres au Stade de Colombes 1 OPTIMOL. — Ga vaut mieux que de se disputer à la maison... Sans compter que, pendant qu'elle est là, elle n'est pas aux Galeries La Fayette. Ce que je fais des économies de robes et de chapeaux depuis que ma femme s'entraîne pour les Jeux olympiques et passe sa vie en maillot collant ! PNSSIMARD. — Et pendant qu'elle bat des records, les tapis sont-ils battus à la maison ? OPTIMOL.—Non. Les enfants non plus. PESSIMARD. — Pendant qu'elle fait quinze reprises au 1%émina-Boxing-Club, qui en fait à vos chaussettes ? OPTIMOL. — Personne ; et comme le coton est hors de prix, j'en suis fort aise. Le gruyère aussi a des trous  : estce que ça l'empêche d'être excellent ? La pelote se oue en jaquette ou en habit, à cause des basques ; on lance la balle à l'aide de petits paniers d'osier analogues à ceux qu'on emploie pour verser les vins qui ont de la bouteille. Le jeu consiste non pas comme pourraient le croire les personnes malintentionnées, à peloter l'adversaire, mais, au contraire, à l'envoyer aux pelotes. Les joueurs sont divisés en deux camps  : les rouges et les bleus. Le tout est de savoir lesquels, à la fin de la partie, seront verts. Ceux qui font du chiqué sont exclus immédiatement (fixera) ; sauf, naturellement, s'ils s'appellent Chiquito, ce qui est la règle générale... LE YACHTING Le yachting est lin sport qui se pratique avec un yacht. Il y a trois sortes de yachts. Le yacht à voiles, qui marche à l'aide du vent, et dont 1 équipage est très difficile a recruter, car, naturellement, quand il n'y a pas de vent, on est obligé de souffler dans les voiles soit comme membre actif... QI- c'est mous qui n a yoils -routez ! r1QKCQ.2 CX42a.0... soit comme membre donneur 1 PESSIMARD. Pendant qu'elle court. sur piste, est-ce vous qui courez chez le boucher ? OPT 1MUL. — Je m'en garderai bien  : la viande est trop chère ! PESSIMARD. Au moins, je suppose qu'elle a des succès et qu'elle gagne beaucoup d'argent ? OPTIMOL. — Non, mais elle en dépense moins qu'avant. PESSIMARD. - Enfin, vous direz ce que vous voudrez, c'est de l'exhibitionnisme ! 4a vous amuse que votre femme montre ses jambes aux soixante mille spectateurs du Stade ? OPTIMoL. - Oui, si elles sontjolies. PESSIMARD. — Etsi elles sont moches ? OPTIMOL. — Elles ne le seront plus longtemps  : le sport aura vite fait de les embellir ! PESSIMARD. — Vous avez réponse à tout. Et les enfants, qu'est-ce qu'ils deviennent dans tout ça ? Or'rixoL. — Ils font de la culture physique en attendant la XII. Olympiade... PESSIMARD. — Naturellement, votre... et le 26, encore un banquet... Plus de doute, les Jeux Olympiques prennent faim !. Le yacht à vapeur, qui marche à l'aide d'une chaudière,ce qui permet de faire des confitures pendant toute la durée de l'épreuve. Le yacht automobile, enfin, qui marche avec un moteur, ce qui ne veut pas dire que si vous tombez à l'eau avec une automobile, vous pouvez faire du yachting et participer aux Jeux olympiques... LES POIDS ET HALTÈRES Les poids et haltères se pratiquent avec des poids et des haltères. Il y a plusieurs espèces de poids, depuis le poids chiche j.usqu'au poids brut, en passant par le poids de senteur, le poids des affaires, le poids de l'or et le poids de la faute. C'est à l'aide de ces différents poids, que les champions olympiques essaieront de réussir les exercices suivants  : Le jeté, qui consiste à prendre le poids et à le jeter sur les pieds des autres. S'il retombe sur leurs propres pieds, c'est raté. L'arraché, qui consiste à prendre de force le poids dont un autre se sert. Le dévissé, qui consiste, tenant l'haltère d'une main, à dévisser les deux boules de l'autre main. La volée, qui consiste à taper sur les concurrents avec le poids. Le bras tendu, qui consiste à faire, a la fin, le tour de l'honorable société. Espérons que ces quelques indications permettront à nos lecteurs (et à notre abonné) soit de suivre les Jeux de Colombes, soit de leur en éviter le dérangement... Le Petit Jeu duC. O. F. QUE PENSEZ-VOUS DES J. O. ? Fini de jouer ! C'est la dernière semaine olympique. Il est donc séant que notre petit jeu duC. O. F. prenne fin, lui aussi. Nous publierons donc la liste des lauréats dans le prochain numéro du Canard de Colombes. Toutefois, nous ne voulons pas terminer ce jeu... olympique sans publier la réponse que nous avons reçue de M. F. FOURAILLY, zo, rue des Beaux- Arts, laquelle est un chef-d'oeuvre d'humour  : Cuelle Obaine Fénoménale ! D'ores et déjà, notre spirituel lecteur peut acheter un cadre chez son encadreur habituel  : il recevra un Arnac femme n'en veut plus d'autres ; c'est préjudiciable à l'entraînement ! OPTIMOL. — Pardon ! Maintenant qu'elle est costaude, elle ne parle, au contraire, que de faire un champion l PESSIMARD. — Vous croyez qu'il n'y a que les femmes de sports pour faire de beaux enfants ? OPTIMOL. — Aussi vrai que vous n'avez pas été confectionné par une femme de sports ! PESSIMARD. — Eh bien, vous êtes un fameux idiot ! Et je ne sais ce qui me retient... OPTIMOL. Ne me touchez pas, grand lâche... ou j'ap elle ma femme ! Marcel ARNAC.



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