Le Rire n°285 19 jui 1924
Le Rire n°285 19 jui 1924
  • Prix facial : 0,75 F

  • Parution : n°285 de 19 jui 1924

  • Périodicité : hebdomadaire

  • Editeur : F. Juven et Cie

  • Format : (226 x 302) mm

  • Nombre de pages : 20

  • Taille du fichier PDF : 40,6 Mo

  • Dans ce numéro : jeux olympiques.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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DANS LA CORBEILLE Quand le baron Briudejone des Follebergles (tait venu s'installer à Saint-Beittdes-Ondes, il s'était bien promis de ittvre abob4te et de réparer par une cni d'air, -de repos, de sturalitnentaition et de chasteté sa. satilté ébranlée par les excès de tons « eues. Mais il m'était pas depuis huit jours à ce régime qu'il se sentit envahi par le spleen, et que'le démon de la luxure vint peupler ses rêves d'érotiquesvisions. —'Quel patelin, maugréait-il, en arpeinta`ntl,la campagne et la grève désertes, y a pas une poule, puas une pintade, pas même une grue à se mettre'ses la dent. Mais'ce n'était point sous la dent qu'il efit voulu se mettre uti de ces volatiles. De fait, la.gent féminine de ce petit trou breton n'avait rien de particulirenrent +et. la saison des bains m'étant pas enieowe menue, nulle élégante étrangère ne.pouvait'tenter de ses charmes le très h ftammable Brindejonc. Pourtant, *force d'explorer et de fureter, il découvrit dans un vieux moulin désaffecté et` transformé en maison d'habitation, la jeune fetuine d'un donanier'dont les appas n'étaient point négligeables. Jeanne-Marie sembla d'abord se dérober à ses avances. Soit qu'il la surprit à la fontaine, soit qu'il la rencontrât sur la route, an retour du marché, et qu'il s'offrit à lui porter son panier (jusqu'où peut-on arriver, tout de même, quand on s'embête et que l'abstinence vous pèse ?...1 l'accorte brunette semblait dédaigner ses suffrages. Laissez-moi, monsieur le Parisien, j'avons point de grain pour votre moignean ! Mais Brindejonc se piqua au jeu et déploya tant de galanterie et d'astuce qu'il parvint à apprivoiser quelque peu la cruelle. Un jour même, à la corne d'un bois, elle se laissa prendre un baiser et dit à son soupirant qui la pressait de lui accorder un véritable rendez-vous  : — Dui ; ben, j'dis point non I Demain soir, mon mari commence J'vous achèterais bien mi-là, mais y a que le second volume... — Prenez-le pour dix sous  : je vous raconterai le commencement !... — Il est bien amoché'. — Oui, je crois que l'amputation sera nécessaire. Dessirn de J.-T. ROI/9S/u. son service de nuit. Venez près de chez moi, invitez, te cri du coucou et je vous ouvrirai ma porte. Ce fut une journée de triomphe pour Brindejonc. Sans vouloir s'avouer'que Jeanne-Marie était une conquête bien indigne de lui, il exsuda sa joie par tousses pores'et se forgea une félicité qui le fit pleurer de tendresse. A neuf heures, il était devant le moulin. Une nuit d'encre. couvrait le village endormi de ses voiles opaques. Coucou, coucou, coucou, fit Brindejonc, surpris de l'ampleur de sa voix dans le grand silence nocturne. Une lumière brilla au premier étage du moulin, puis s'éteignit et la fenêtre s'ouvrit. Une forme blanche s'y pencha. Brindej one s'approcha et il entendit la voix de Jeanne-Marié, volontairement assourdie, qui lui disait  : — Mon mari est bien parti ; Allais le jaloux m'a enfermée ! — Comment faire ? érui Br. indejone. — J'ai une idée  : il y a une poulie à la fenêtre du grenier. Je ferai descendre la corbeille, vous vous accroupirez dedans et je vous hisserai jusqu'à moi. Jamais vous ne le pourrez, répliqua, Brindejonc. — Que si, je suis forte, allez ; et j'ai déjà monté des sacs qui étaient bien plus lourds que vous. - Et cinq minutes plus tard, des Folieberges s'accroupetonnait dans la corbeille.'Dessin de VARA. ÇayU est ? — Oui.. Attention !.. Oh ! hisse !... oh ! trissé !.. Et l'ascension commença. La -corbeille virevoltait et oscillait. Brindejonc avait mal au coeur et tremblait que Jeanne-Marie le laissât retomber. — Elle va me casser la g... ! pensait-il en tremblant. Arrivé au premier étage, l'ascension fut interrompue. La corbeille se balançait et Brindejonc crut entendre des chuchottements et des rires étouffés. Et la lumière se ralluma. Brindejonc tendit le cou hors de sa corbeille comme un canard hors d'un panier. Alors, dans la chambre de Jeanne-Marie, illuminée par un chandelier à cinq branches garnies de bougies allumées, il vit le douanier et sa femme s'apprêtant à se -mettre au lit. Un grand vide séparait Brindejonc du LA, GLOIRE. DES GRANDES LICktIZURS IFRANÇA,41SES
DÉPART POUR LA MER rebord de la fenèt,re. En toilette de nuit, les époux vinrent s'y accouder et le narguèrent à qui mieux mieux. — Eh bien, le Parisien, y fait bon à c'soir, pour s'pavaner en aéro ? A petits baisers, Jeanne-Marie baisotait son mari qui la teton- Hait sans vergogne. Longtemps ils prolongèrent le supplice de Tantale et ils gloussaient tous deux de plaisir en se bécotant lèvre à lèvre. Quand ils gagnèrent leur lit, ils n'éteignirent bougies et ne fermèrent pas la fenêtre. Brindejonc entendit les craquements rythmiques de leur lit et leurs gémissements voluptueux. Le lendemain, transi de froid et demi-mort de rage et de hante, il dut subir de nouvelles railleries et reçut en guise de douche le contenu de leur cuvette. Puis, prévenus par le douanier, tous les villageois s'assemblèrent sous sa corbeille et se gaussèrent abondamment de lui. Quand on le descendit au milieu d'eux, il fut couvert d'injures, de huées et de quolibets, et toute la horde paysanne lui fit un bruyant cortège jusqu'à la porte de son hôtel. Le soir même, Brindejonc des Folleberges reprenait le train pour Paris. Cela ne l'empêche pas de raconter à son cercle les bonnes fortunes imaginaires qu'il eut à Saint-Benoît-des-Ondes. — Figurez-vous, mon cher, qu'une petite paysanne belle comme les sept péchés capitaux et enfermée chez elle par un mari jaloux, me hissa jusqu'à. sa chambre dans une corbeille, pour s'offrir toute à mes caresses... Et il met tant de chaleur et de conviction dans son récit, qu'il sera bientôt persuadé que Jeanne- Marie ainsi exauça ses désirs. — Il me semble que nous avons oublié quelque chose. Dessin de Raymond PALLIER. Andre'ROMANE. ENvoUez vos es et is,allez au MAROC et en ALGÉRIE par AVION—Lignes Aeilefllle8 LATCOR, Paris



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