Le Rire n°221 28 avr 1923
Le Rire n°221 28 avr 1923
  • Prix facial : 0,75 F

  • Parution : n°221 de 28 avr 1923

  • Périodicité : hebdomadaire

  • Editeur : F. Juven et Cie

  • Format : (226 x 302) mm

  • Nombre de pages : 20

  • Taille du fichier PDF : 38,0 Mo

  • Dans ce numéro : propagande scientifique.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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1 'LES JOYEUSES COMMÈRES °1% , ,i/CLÉOPATRE 0 LA TABLE QUI N'EST PAS DE BOIS Impossibilité en 4 scènes et quelques vraisemblances. PREMIÈRE VRAISEMBLANCE  : La scène se passe dans un salon de petite _femme. DEUXIÈME VRAISEMBLANCE  : Ce salon de petite femme est comme tous les salons de petite femme, c'est-à-dire qu'il comporté beaucoup de coussins, quelques papiers, dés accessoires de cotillon, d'innombrables photos d'hommes et une seule photo de femme. TROISIÈME VRAISEMBLANCE  : Suzy Clodoche et son amie Lucette, l'une blonde, l'autre brune, sont assises face à face, des deux côtés d'un guéridon sur le plateau.supérieur duquel elles tiennent leurs mains allongées. QUATRIÈME VRAISEMBLANCE  : Le guéridon reste figé dans une immobilité qui serait inquiétante si elle n'était toute naturelle. SCÈNE I Suzy, Lucette. LUCETTE, désolée. — Ce n'est pas la peine d'insister, elle ne marchera plus. Alors, je me sauve. Il est tard. On se verra demain. 1 14 — Elle a des yeux magnifiques. — Bien sûr ! Sans ça, ce ne serait pas la peine qu'elle ait épousé un oculiste ! Dessin de MARS -TRICK. SUZY. Bien sûr ! LUCETTE. Tu ne vas pas avoir peur toute seule, dans cet appartement où l'un des esprits qui ne sont pas venus jusque dans la table est peut-être embusqué dans un coin ? suzY. — Tu es bête ! Les esprits, c'est des morts, et les morts ça n'a jamais fait de mal à personne. Tiens ! j'ai eu un oncle qui était croque-mort ; c'est te dire s'il en connaissait des macchabées ! Eh bien, ça ne l'a pas empêché de devenir centenaire et d'enterrer tous ses clients !... Au revoir, chérie ! (Baisers. Cinquième vraisemblance.) LUCETTE. — Au revoir, à demain ! (Elles sortent. Suzy revient seule.) SCÈNE II suzY. — Oh ! il fait chaud ici ! (Elle va ouvrir la fenêtre.) Ah ! la belle nuit ! ! Allons nous coucher ! Toute seule ! Ça ne m'était pas arrivé depuis lundi. (Elle entre dans sa chambre. A ce moment, une tête apparaît à la fenêtre. C'est celle de Cur. Sixième et dernière vraisemblance.) SCÈNE III CUR, seul. — Oh ! c'est chic ici ! (Il entre.) Ma foi, tant pis ! On verra bien. Je ne sais où aller coucher ! ! (Prenant une photo.) Elle a l'air à point la maîtresse de céans... Je ne demanderai pas mieux que de jouer le rôle de céans... C'est jeune, c'est frais... cinq louis la nuit... Bah ! il ne me manque que gg fr. 75, ça ira, ça ira très bien ! En y mettant chacun du sien..., moi, mes 25 centimes ; elle, tout le reste ! Oh ! quelqu'un ! (Il se cache derrière un des rideaux'-de la fenêtre.) SCÈNE IV Cur, Suzy. suzY, entrant. — Je ne peux pas rester comme ça, c'est plus fort que moi, j'ai peur. Les tables tournantes, même quand elles ne tournent pas, ce ne sont décidément pas des.histoires à dormir toute seule. CUR, à part. — Seule ! Elle est seule ! suzY, poussant un cri. — Ah ! cette fois, j'ai bien entendu... On a remué ! Au secours ! Je vais chercher le concierge. CUR, à part. — Le concierge ! S'il arrive,. je suis pris. Il vaut mieux que je m'en aille ! Dommage ! Elle est gentille ! (Il essaie de se rapprocher de la fenêtre.) SUZY, le voyant. — Un hômme !... un homme ! Je suis sauvée ! Monsieur, monsieur, ne vous en allez pas ainpi ! Restez ! restez ! C'est le ciel qui vous envoie ! (Elle s'approche de lui et le palpe.) CUR. - Faites comme chez vous ! suzY, le palpant. — C'est pour m'assurer que vous n'êtes pas un esprit... CUR. — Rassurez-vous  : je suis'un homme et rien de ce qui touche l'homme ne me laisse indifférent... C'est pourquoi, je vous en prie, ne me tripotez pas comme ça ! (Un silence, puis brusquement.) Au revoir, mademoiselle. SUZY. — Vous êtes fou ? Ne vous en allez pas ! CUR. — Je vous demande pardon. (Il s'assied. Un silence.) — Cet ignoble individu a été proposer la botte à une jeunesse de i3 ans... — La botte ? — Oui !... et dans le derrière encore ! Dessin de J.- J. RoussAu.
t Une petite, mon cher, je ne te dis que çal... Un tempérament !... — Pauv'vieux ! Dessin de G. PAvis.'suzY. — Avez-vous entendu ? On a tapé ! ! cuit. — Qu'est ce que font les agents ? Le tapage nocturne est pourtant interdit. suzY. — Les esprits se soucient bien desagents 1 cuit, souriant. — Les esprits ? SUZY. — Vous ne croyez pas aux esprits ? cuits. — Que voulez-vous, je suis sceptique. SUZY. — Ne dites donc pas de cochonneries... Ah ! si vous aviez entendu Cléopâtre ! cuit. — Cléopâtre ?... C'est votre femme de chambre' ? suzY. = Mais non ! Cléopâtre, c'était une femme de l'ancien temps... Elle est restée vingt minutes avec nous jeudi dernier... dans la table... CUR. — Ah ! dans la table ! suzY. — Ce n'est pas la peine de vous payer ma figure ! CUR. — Ah ! je ne pourrais pas, je vous assure... surtout ce soir. (A part.) Vingt-cinq centimes ! SUZY, rageuse. — Asseyez-vous là ! Vous allez bien voir. (Elle le fait asseoir devant le guéridon et éteint la lumière.) CUR.- On a l'air de veiller un mort. Avez-vous prévenu Borniol ? SUZY. — Taisez-vous ! Les mains bien à plat. Sans raideur ! Vous êtes trop raide ! CUR. — Ce n'est pas un défaut ! (Un silence.) Ils n'ont pas l'air 1 ressé, les esprits ! SUZY. — Vous les génez avec vos réflexions ! CUR. — Etpuis, ils ont l'éternité devant eux. (Silence.) Oh ! quelle idée ! (Tout doucement il approche une de ses jambes de l'un des pieds de la table.) SUZY.— Ah ! je sens un frémissement dans la table ! Sentez-vous ? CUR. — Pas encore ! SUZY. — Ça va venir ! cu tt, à part. — J'espère Tien ! Je fais tout ce qu'il faut pour ça ! (Il soulève la table de son genou.) SUZY. — Elle remue ! CUR, victorieusement. — Elle remue ! SUZY. — Je vais l'interroger ! cuu, ù part. - Comment répondre ? SUZY. — Esprit, es-tu là ? Réponds  : un coup pour oui, deux coups pour non ! CUR, à part. — Comme ça, ça va ! (Il frappe un coup.) suzY, joyeuse. Oui, il est là... Qui es-tu ? Silence.) Es-tu Cléopâtre ? (Cur frappe un coup.) Oui, c'est Cléopâtre ! Esprit de Cléopâtre as-tu quelque chose à me dire, quelque chose de grave ? (Un coup.) Concernant mon avenir ? (L n coup.) CUR. — Elle s'impatiente, vous savez ! Je la sens qui frémit sous mes doigts. C'est un paquet de nerfs, votre Cléopâtre ! SUZY, à la table. — Concernant mon avenir au théâtre ? CUR, ez part. — J'en ai assez, de toujours dire oui ». (Deux -oups.) SUZY. — Non ! Alors, mon avenir en amour ? , CUR, à part. Je n'ai plus le choix. (Un coup.) suzY. — Oui ! Mon amant me trompe ? cuit, ù part. — Qu'est-ce que le risque ? (Un coup.) suzY — Le misérable ! Et moi qui lui étais fidèle depuis huit jours ou presque. Ah ! je me vengerai ! (Un coup.) CUR. - Vous voyez  : Cléopâtre vous encourage. suzi. — Peux-tu me dire avec qui ?. (Un coup.) Oui ? J'attends ! CUR. — Je suis peut-être indiscret. (Il se lève.) suzY. — Voulez-vous ne pas bouger. Ça marche si bien 1 J'attends  : un coup pour A ; deux coups pour B, etc... CUR, à part. — Ç o va être lng. s z'. — J'attends  : le nom de celui avec qui je me vengerai de mon amant ! (Trois coups.)C.., après ? (21 coups que Suzy compte anxieusement) O. P.Q. R. S. T. U. ! Ensuite ! (1-8 coups.) O. P.Q. R. ! R ? Cur ? Connais pas ! Ce n'est pas un nom ! CUR. — C'est moi !... J'ai oublié de me présenter en entrant ! Cur ! Lucien. Cur ! Pour vous servir ! (Il se lève et salue.) suzY, à la table. — Et tu crois que je trouverai en lui tout ce qu'une femme est en droit d'espérer d'un homme  : amour, désintéressement, fidélité ? (A chaque mot, la table remuée par Cur, frappe un coup.) Générosité. (La table hésite.) CUR, à part. — Oh ! à la gare les scrupules. (Un coup. fo)rmidable.) Pour ce que ça me coûte ! SUZY. — Et il m'aimera longtemps ? (Un coup.) Toujours ? (Un coup.) CUR, à part. — Je vais peut-être un peu fort ! Nous verrons ça demain matin. suzY. — Alors, je peux lui laisser mettre le pyjama et les pantoufles que Georges a laissés ici et qui n'ont servi à personne depuis son départ ? CUR, et part. — Pourquoi pas ? Si elles sont à ma pointure 1. (Un coup.) Le pyjama et les pantoufles de Georges, mais c'est le bonheur ! SUZY, lui envoyant un baiser. — Ah ! nion chéri ! (Elle se lève.) Attends-moi une seconde, je vais te préparer les pantoufles et le pyjama. CUR. — Je suis confus ! Quelle preuve de confiance ! SUZY. — Et d'amour ! Ses pantoufles ! CUR. — Son pyjama ! suzY, revenant à la table. — Ah ! grande amie, quel service tu me rends ! Vrai, je me sens plus légère 1 culs, à part. — C'est le moment de l'enlever ! (Il la prend dans ses bras et l'emporte vers la chambre. Sur le pas de la porte, il se retourne et à la table.) Merci, Cléopâtre ! ; René JEANNE.. UN FILM SENSATIONNEL — Crois-tu que ça réussira au cinéma, La Garçonne s ? — En tout cas, on ne peut trouver plus... phologénisse ! Dessin de GEORGE-EDWARD.



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