Moi & moi MOI & MOI Quid de l’addictologie La diversité des conduites addictives est devenue un problème de santé majeur en termes de prévention et de soins. Un regroupement des pratiques, des moyens et des lieux de soins s'est opéré autour de l'addiction elle-même, dont la diversité des objets n'entame pas l'unité structurelle. Ainsi, l'addictologie s'est constituée en discipline nouvelle s'intéressant à l'ensemble des aspects cliniques, biologiques, socioculturels et thérapeutiques des conduites addictives. Des fois, l’objet lui-même n’est pas intéressant, mais on essaie de se convaincre que c’est une « bonne affaire » ou une « occasion à ne pas rater », surtout en période des soldes et des fêtes où les vitrines des magasins, décorées de milles couleurs, invitent les férus des réductions à profiter des baisses de prix et à saisir l’occasion. Le shopping devient alors un virus qui nous amène à dépenser de l’argent pour acheter quelque chose d’utile ou de superflu. Cela va plus loin des fois pour certaines acheteuses compulsives qui ne cessent de se procurer des choses en permanence et de les stocker sans même les déballer. Le plus important serait cette jouissance qu’on ressent en satisfaisant l’instinct de la possession. S’il vous est déjà arrivé d’acheter pour acheter, êtes-vous victime d’une véritable addiction pour autant ? Posez-vous alors les bonnes questions. Avez-vous commencé à mentir à propos de vos achats ? Vous sentez-vous coupable d'acheter ce que vous achetez ? Vous arrive-t-il de regretter certains achats au point de les cacher, les donner ou même les jeter ? Avez-vous de la difficulté à refuser les offres postales ? Certains proches vous sermonnent-ils quant à vos achats ? Et, au fond de vous, 56 66 L’ESSENTIEL FÉMININPSYCHO DE LA PSYCHO PHOTOS.COM ressentez-vous un malaise quant à votre propre façon de consommer ? Dès que le shopping fait vivre une détresse personnelle, il y a lieu de croire qu'il est devenu problématique… Des causes variées Si tous les chercheurs voient dans ce type d'addiction la manifestation de troubles psychiques, certains l'interprètent comme une conduite addictive semblable au jeu ou à la drogue, d'autres comme un exemple de trouble obsessionnel compulsif, d'autres encore comme une conséquence de la dépression. EXPERT Helga Dittmar propose une autre hypothèse : la cause principale du syndrome serait l'adhésion à des valeurs matérialistes, c'est-à-dire la conviction que le but de la vie est d'acquérir toujours plus de biens matériels, et que là se trouve la clé du bonheur et de la réussite. Trois études menées en Grande-Bretagne, dont l'une sur des adolescents, lui permettent de démontrer l'adhésion à des valeurs matérialistes. Par exemple l'accord avec des phrases telles que « Je serais plus heureux si j'avais les moyens d'acheter davantage de choses » ou « J'aime posséder des objets qui épatent les gens » est le facteur le plus lié au comportement d'achats compulsifs, et de loin ; quand on le prend en compte, l'effet de l'âge disparaît ; la différence entre hommes et femmes subsiste, mais atténuée. Cette étude en recoupe une autre montrant que les gens convaincus qu'ils seront plus heureux s'ils possèdent davantage sont particulièrement mal dans leur peau. Des conséquences négatives Les conséquences aux achats compulsifs peuvent devenir très lourdes. L'endettement, les emprunts, les CLAUDE BOUTIN, Psychologue clinicien et auteur de « J'achète (trop) et j'aime ça ». Trois repères pour déceler cette dépendance « Quelques études s'entendent pour dire qu'il y aurait environ 1% de la population générale qui serait aux prises avec un problème d'achats compulsifs, dont 80 à 95% seraient des femmes. Cela explique pourquoi mon livre s'adresse plus spécifiquement aux femmes. Mais, qu'est-ce qu'une dépendance ? À partir de quand j'achète trop devient-il trop ? La frontière entre la passion et la pathologie est souvent difficile à tirer. Cependant, il existe trois repères simples qui sont une sonnette d'alarme. Une personne risque de développer un problème lorsqu'elle pense de plus en plus souvent à ses achats. Certains spécialistes parlent alors d'obsession envers les achats. En plus d'être préoccupée par ses achats, la personne dépendante perd de plus en plus le contrôle : elle achète pour acheter. Elle se retrouve rapidement dans un paradoxe qui lui fait vivre une forte culpabilité, mais elle se sent incapable de résister à ses envies d'acheter. » |