Beaucoup d’autres sont morts. Il rassemble tout ce qu’il peut, en tempêtant. Il a avec lui l’infanterie d’Espernon, qui a tenu pied face aux troupes de Fontaine par une suite d’escarmouches, mais sans mener de réels combats. Tels étaient les ordres qu’il a scrupuleusement appliqué. Maintenant, il faut attaquer. Espernon est sûr de ses hommes, qui se mettent à avancer. A soixante pas, c’est-à-dire environ à quarante mètres, les Espagnols ouvrent le feu. Les Tercios se sont ouverts pour laisser apparaître les gueules des canons qui se sont mis à cracher les boulets. C’est un carnage chez les Français. Mais les rangs se reforment, et l’on repart à l’assaut. Mais de nouveau c’est un carnage. Enghien est à la tête des troupes. Il est indemne, par miracle. Il remet en ordre ses lignes, et il remonte à l’assaut une nouvelle fois. C’est encore un échec. Même si les fusils français ont fait du mal aussi aux troupes de Fontaine. Celui-ci est au milieu de ses hommes, porté dans une chaise, bien en vue. Il a une crise de goutte et il ne peut se déplacer autrement. Les survivants des combats sur les ailes se rabattent alors sur le centre de la bataille. Il y a les troupes restantes d’Albuquerque qui reviennent mener l’assaut. Il y aussi Gassion qui apporte deux canons qui se mettent à faire des ravages chez les Espagnols. Beck a été refoulé. Il est parti plus loin, ce qui n’est pas glorieux pour lui. C’est un danger de moins. La Fontaine est tué sur sa chaise par une rafale de mousquets. Des officiers espagnols veulent se rendre. Enghien s’avance pour avoir leur reddition. Malencontreusement, une seconde rafale essaye au même moment de le tuer. C’est une fureur gigantesque dans les troupes françaises, devant tant de perfidie, qui fut la résultante non pas d’un acte déloyal, mais d’un hasard malencontreux. Les soldats français se jettent sur les Espagnols qui reculent, et qui se font égorger sur place sans plus grande résistance, tellement ils sont épuisés … De son côté, Melo a dû s’enfuir, en abandonnant son bâton de maréchal … C’est la fin … Les Espagnols reculent, les tercios sont fractionnés, il y a encore des îlots de résistance, mais le massacre est général. 90 Histoire Événement• n°15 |