rer à son tour, comme s’était faite massacrer l’infanterie ennemie de l’autre aile. C’est alors la débandade sur l’aile gauche d’Enghien. Les Espagnols en profitent pour attaquer notre artillerie qui est à découvert. Ils sabrent les artilleurs et nous prennent nos canons. La situation devient catastrophique. L’Hopital et La Ferté sont blessés et inaptes à commander. La nouvelle se transmet à la vitesse de l’éclair. Cela commence à être la vraie débandade sur tout ce côté de notre armée. Face à la furie espagnole, il ne reste que les troupes de réserve de Sirot. Là aussi, c’est la panique. Ses adjoints estiment la partie perdue, et ils pensent qu’il serait bon de reculer, d’abandonner Rocroi et Enghien. A cette panique qui s’installe, on peut juger la dureté des combats qui devaient avoir lieu. Mais c’est dans ce moment là que les vrais caractères apparaissent. Sirot a le calme des vieilles troupes. Il décide de faire face. Décemment, il ne peut pas laisser là son chef avec le reste de son armée, pour s’enfuir comme un capon. Ce serait lâche. Et ce serait catastrophique. Où irait-il lui même, avec sa troupe de fuyards qui se débanderait de toute façon ? Et que deviendrait le reste de l’armée, la cavalerie victorieuse d’Enghien et de Gassion, et l’infanterie d’Epernan qui attend le choc ? Même si la panique est grande dans son entourage, même si certains de ses officiers sont en train de perdre leurs moyens face à l’adversité, même si la peur de mourir est de plus en plus forte, on n’est pas chevalier deux heures par jour. Face au danger, le flegmatique Sirot décide de faire face, et de former le dernier carré avec ses troupes qui continuent du coup à lui obéir au doigt et à l’œil. C’est d’autant plus méritoire que le remplaçant de L’Hopital et de La Ferté est La Valière qui se met à ordonner la retraite. C’est le moment crucial de la bataille. Sirot va se trouver enfoncé, ou encerclé. Condé est bloqué de son côté par l’infanterie du centre des Espagnols. Et Beck risque d’arriver à tout instant. Sirot juge la situation avec lucidité. Il prend alors la décision qu’il faut. La seule façon, dans cette mêlée, de survivre, c’est de ne pas rester mobile, mais d’attaquer à son tour. Au son des fifres et des tambours. Ses 86 Histoire Événement• n°15 |