mes se préparaient à se faire tuer, si les choses tournaient mal pour les armées françaises. Les Espagnols se réveillaient à leur tour. Ils se tenaient maintenant debout. Ils étaient prêts pour l’explication ultime. Bientôt, par milliers, les cadavres de tous ces soldats allaient pourrir parmi les fleurs. Le duc d’Enghien était un brillant latiniste. Il aurait pu être un très bon tribun. Il fit un discours au front de ses troupes, très beau, très poétique. Tout ceux qui l’entendirent furent émus. Les tambours se mirent à battre le rappel définitif avant le combat. Les trompettes raisonnèrent dans la nuit bleue, couverte par les brumes qui semblaient s’élever jusqu’à la lune. Chaque armée, chaque régiment, avait ses tirailleurs. C’étaient de bons soldats. Qui allaient en tête des troupes, pour repérer le terrain, et qui avaient aussi pour mission d’abattre les officiers de la partie adverse, afin de tenter de désorganiser les rangs ennemis. Pour être tirailleur, il fallait être agile, avoir une bonne vue, et être bien sûr bon tireur. Parce que les ennemis avaient eux aussi leurs propres tirailleurs. Les premières escarmouches se passaient entre tirailleurs. Condé avait ainsi appris, en envoyant des reconnaissances, qu’un régiment de mousquetaires ennemis se trouvaient dans les petits bois qui longeaient sa ligne d’attaque. Il commença par là. Il dirigea sa cavalerie dans les petits bois, en masse. Les mousquetaires du roi d’Espagne ne purent résister. Ils n’eurent que le temps de tirer une salve, avant de se faire écharper au pistolet et à l’arme blanche. Cela s’était passé très vite. Ensuite, Enghien divisa son aile attaquante en deux : la première partie dirigée par Gassion prend Albuquerque sur sa gauche. La seconde partie le prend de face. Albuquerque met huit de ses escadrons en face de Gassion, et les autres en face d’Enghien. Mais ce sont les Français qui attaquent. Ils vont à toute vitesse. En face d’eux, ils ont une cavalerie qui reste statique. L’avantage de la vitesse, donc de la force cinétique, est aux Français. 82 Histoire Événement• n°15 |