tion. Etait-ce une bourde ? Il fonça devant lui, donc avec l’aile gauche de l’armée française. Son but, avec sa cavalerie et ses cinq bataillons à qui il avait ordonné d’avancer, de sa propre initiative, c’était de culbuter les Espagnols qui étaient en face de lui, de faire la jonction avec la ville de Rocroi, et de prendre ensuite à revers le reste de l’armée ennemie. C’était certes audacieux. Mais c’était stupide. Parce que cela découvrait inutilement le centre et l’aile droite que commandait Enghien. L’armée française se séparait pour ainsi dire en deux, parce que La Ferté n’avait pas prévenu son chef. Il faisait la guerre tout seul. Francisco di Melo vit tout de suite l’erreur que commettait les Français. Il lança la cavalerie d’Issembourg pour prendre de flanc La Ferté, et faire ainsi une entrée dans le dispositif adverse. Mais c’est là où le général espagnol manqua d’audace. S’il avait osé, il aurait continué à poursuivre La Ferté qui s’était rapidement rendu compte de son erreur, et qui revenait dare-dare sur ses positions initiales. Melo n’osa pas le suivre et profiter de sa désorganisation momentanée. Enghien avait été très inquiet. Mais il fut rassuré de voir que La Ferté rentrait bien vite après cette tentative qui aurait pu tourner à la catastrophe. Mais ce qu’il avait fait, c’était tout de même une grosse erreur. Cela avait fait perdre du temps. La bataille était reportée au lendemain, car la nuit déjà tombait. Il fallait espérer que Beck n’arrive pas sur la bataille dés le matin. Et que l’on aurait tout terminé avant qu’il ne puisse apporter des secours à Melo. La nuit fut courte. Condé était allé dormir au milieu de ses soldats du régiment de Picardie. Il avait demandé qu’on le réveille à trois heures du matin. Quand il ferait encore nuit. Dans les deux armées qui se faisaient face, on avait allumé des grands feux de bois, toute la nuit. Les Espagnols se trouvaient entre la ville de Rocroi et les lignes françaises. Mais ils étaient sûrs de leur force. Il savaient que Beck arrivait. Et ils étaient déjà assurés de leur supériorité numérique. Melo était sûr qu’Enghien, qu’il 78 Histoire Événement• n°15 |