ment, aussi en termes de qualité. Dans une bataille, la plus mauvaise des deux troupes est chassée par la bonne si elle reste en défensive. Si l’on attend l’assaut espagnol, les meilleurs régiments de Melo seront concentrés sur le point qu’ils jugeront le plus faible de l’armée française. Il faut donc les empêcher d’attaquer. En les attaquant eux-mêmes. Parce que le problème d’une troupe moins bien expérimentée que l’ennemi, c’est le risque de débandade. Celui que l’on verra jouer à plein à la fin de la bataille de Waterloo, de la part des Français, alors que les Russes à Borodino avaient reculé mais n’avaient pas fui dans la panique. Etre mobile, pour Condé, cela permettra aussi d’éviter de se faire trop canarder par l’excellente artillerie espagnole. Le maréchal de l’Hôpital oppose alors que c’est bien beau d’attaquer, mais que cela nécessite qu’en face, les troupes ennemies plient devant l’assaut. Et si ce n’était pas le cas. A cet argument-là, il n’y a pas de réponse. Il suffit de se trouver par exemple, face au régiment des housards croates, et l’on est sûr qu’ils se feront hacher menu plutôt que reculer d’un pouce. Ils sont même capables de faire une contreattaque. Mais Enghien continue de vouloir attaquer. Sa pensée est simple : si l’on ne fait rien, on ne sera peut-être pas vaincu. Mais on ne sera pas plus vainqueur. Il faut donc attaquer pour gagner. Même s’il y a un gros risque. C’est peutêtre une chance sur deux, mais il faut la tenter, cette chance. Que se passerait-il si on la laissait passer et que ce soient les Espagnols qui nous attaquent ? Un soldat digne de ce nom doit provoquer l’occasion, et ne pas attendre dans une attente inquiète de répondre à ce que doit faire l’adversaire. Condé est un chef qui veut risquer. Il a le goût de la mort. Il veut cristalliser toute cette violence qu’il voit autour de lui. Sa jeunesse, son grand nom, son côté simple et souriant, en font l’idole de ses hommes. Ils ont eu un engouement de reîtres pour ce jeune garçon, qui a déjà connu l’épreuve du feu, et qui s’est bien comporté. Au lieu de faire le beau à la cour, il est parmi eux, prêt à risquer sa vie pour eux. Cette armée française, comme l’armée espagnole, est vio- 72 Histoire Événement• n°15 |