Mazarin. Il sauva la monarchie. Il sauva donc la France d’un éclatement de son territoire et d’une dilution de son identité. C’était l’époque des grands hommes du grand siècle. Ardennes, le passage de Paris. Rocroi n’était gardée que par cent cinquante soldats recrutés dans la petite ville. C’était souvent des bourgeois, qui, tels les bourgeois de La Ronde de nuit de Rembrandt, défendaient les remparts, faisaient des tours de garde, et des patrouilles pour rassurer leurs femmes et leurs enfants, et se rassurer eux-mêmes face au danger permanent que présentait le monde extérieur. Melo donna une mission au comte d’Issembourg : En un raid éclair, s’emparer de Rocroi, tandis que l’armée française serait fixée sur la ville d’Arras, que Melo ferait semblant d’attaquer. Dès que Rocroi serait prise, Melo, abandonnant Arras irait rejoindre Issembourg le plus rapidement possible. Et ensemble, ils fonceraient sur Paris, en passant par la Champagne, Tout reposait sur le manque de rapidité de l’armée française, face à la vitesse des troupes espagnoles. Melo comptait en fait beaucoup sur le mauvais niveau tactique des responsables militaires français qu’il avait en face de lui. Il ne doutait pas que le jeune duc d’Enghien, nommé par un roi malade à un tel poste, parce qu’il était son cousin, ne serait pas suffisamment expérimenté face à cette tornade qui se préparait. Melo commit là sa première erreur. Il ne lança qu’une offensive d’envergure modérée sur Arras, qui bien sûr ne fut pas prise. Enghien eut tout de suite des doutes. Il pensa à un leurre. Si Melo avait réellement voulu prendre l’importante place-forte d’Arras, il y aurait mis le paquet. Et cela aurait pris du temps. Melo en attaquant faiblement, ne voulait donc pas prendre Arras. C’est-à-dire qu’il ne voulait pas perdre de temps. Et donc, qu’il allait attaquer ailleurs, là où 68 Histoire Événement• n°15 |