siècles après la guerre des Gaules, le roi de France n’avait pas plus de sécurité politique que Vercingétorix la veille d’Alésia. Tout était à rejouer. Inlassablement, en Gaule, tout était à refaire. Parce qu’à chaque génération, tout recommençait à l’identique, les mêmes erreurs, les mêmes mauvaises interprétations de l’histoire, de la France, et de son rôle dans l’architecture du monde. C’était comme une chasse perpétuelle, où chaque jour, il fallait recommencer à se préparer, pour obtenir après une lutte aléatoire, le corps de la bête, ensanglanté, à ses pieds. Afin de pouvoir se nourrir et recommencer un autre jour. Et chaque jour, la bête que l’on chasse est aussi intelligente, il faut la traquer, aussi, risquer sa propre mort, parce que la bête est dangereuse. A l’aube de Rocroi, Louis XIII se savait mourant. Il ignorait combien de temps il lui restait à vivre, mais il avait le pressentiment que c’était bien peu. Il n’était plus dans un monde vivant. Il se dédoublait dans la souffrance. Cet être multiple, à la personnalité complexe, à la fois lune et soleil, homme et femme, roi puissant et malade, qui avait vu tant de morts le précéder, tant de passions du pouvoir s’écrouler dans les ruines et les hurlements, il rêvait désormais à sa suite triomphante de son royaume. Dans un tâtonnement qui frôlait l’inconnu, c’était pour lui l’unité de Dieu qu’il essayait de reconstituer en renforçant son trône, peut-être pour arriver à connaître celui-ci et s’approcher de lui.. Le roi très chrétien avait encore à accomplir sa tâche mystique sur cette terre qu’il allait bientôt quitter. Il allait choisir un chef de guerre qui gagnerait. Toute son intelligence le lui disait. Toute son expérience. Il avait passé sa vie à nommer des gens à des fonctions pour le servir, lui et la France, il avait travaillé à construire des systèmes, à voir des échecs et quelques réussites … Il n’avait pas de doute. Condé avait l’étoffe d’un grand chef de guerre. C’était à lui de sauver la monarchie. Le nommer à ce poste, c’était plus qu’un pari. C’était aussi lui confier le destin politique du royaume. Il était cousin du roi. Il aurait à protéger, à la mort de Louis XIII, la 66 Histoire Événement• n°15 |