parler en lui les vieux chants des lansquenets allemands, face à ce monde sans joie qui se préparait être le monde moderne et bourgeois. Le comte de Fontaine avait été de toutes les batailles, de tous les combats où la chrétienté s’était affrontée depuis deux générations. Homme de foi et homme de guerre, il était âgé de soixante sept ans, ce qui était un grand âge pour l’époque, et il se sentait proche de Dieu, et de son au-delà qui l’attendait pour bientôt. Les autres chefs de l’armée espagnole étaient tout aussi vaillants et expérimentés que lui : le duc d’Albuquerque, le comte d’Issembourg, et tant d’autres qui seront bientôt morts ou blessés, emportés par le vent de la défaite, ou par celui gris de la brume sur un champ de bataille lugubre. Les troupes de don Francisco avaient d’autant plus d’assurance qu’elles avaient fait depuis quelques temps du bon travail, Prise de Lens et de La Bassée, écrasement des Français commandé par le maréchal de Guiches à Honnecourt. L’espoir en Espagne s’appelait du nom de don Francisco de Melo, vice-roi de Sicile, et gouverneur militaire des Pays-Bas. Lorsqu’il reçut l’ordre de profiter de la mort de Richelieu, et de la maladie de Louis XIII, don Francisco et son armée était prêts à partir, pour mener une brillante campagne et prendre Paris.. Paris était bien proche … La reine de France, une fois le roi mort, se rangerait aux côtés de son frère … Les Catalans ne se sentiraient plus soutenus par les Français, pas plus que les Hollandais, pas plus que les protestants allemands … Pour les Habsbourg et leur main-mise sur l’Europe continentale, il leur fallait donc prendre Paris, c’était une évidence stratégique… Tout se joue à Rocroi Louis XIII avait parfaitement compris les objectifs de son beau-frère, le roi d’Espagne. Il savait aussi que sa propre 62 Histoire Événement• n°15 |