sation. En moins d'un siècle de colonisation, l'Espagne n'avait plus de structures économiques concurrentielles face à ses pays rivaux ou moyennement soumis. Lorsqu'elle voulait investir dans un bateau de guerre, elle se trouvait à enrichir plus ou moins directement ses futurs ennemis potentiels, qui fabriquaient le bateau ou équipaient le régiment, tandis qu'elle-même devait débourser pour l’investissement sans obtenir une relance de sa propre économie en créant de la valeur et du travail sur ses propres terres. En conséquence il y avait moins d'impôts à prélever, et petit à petit, le goulet d'étranglement se refermait sur l’Etat espagnol. Pendant tout ce temps, le capitalisme international se développait, avec un dynamisme remarquable, dans tous les ports importants de l'Europe du Nord. Les banques lombardes qui s'étaient fortement enrichis en finançant de grandes guerres comme la guerre de Cent ans, finançaient maintenant le commerce international, en liaison avec toutes les autres banques de l’Europe du Nord. Les Hollandais avaient créé un puissant syndicat de navires. Une compagnie nationale s’était constituée à Amsterdam. Elle portait le pavillon hollandais dans le monde entier, assurant des rentrées d'argent importantes par ses activités d'import exports. Cela ne faisait que renforcer la richesse et les investissements de production de ces peuples nordiques où le travail manuel était une sorte d’honneur et de prédestination sanctifiée par Dieu, et où régnait déjà une véritable démocratie élective. Il commençait à s’y affirmer le règne du bourgeois aventurier des affaires, apte à une vision à la fois politique et économique de la société, et qui allait bientôt imposer sa marque à la politique du monde. Pendant ce temps l'Espagne vivait au rythme d'une cour au cérémonial compliqué, avec une hiérarchie sociale qui avait fait ses preuves face aux Maures pour la Reconquista de l'Espagne. Mais qui ne servait à rien face à l'ouverture du monde sur le reste de la planète. Ce grand échec de l'économie espagnole, les Habsbourg ne s'en relevèrent pas. Ils ne purent, à cause de lui, éviter la montée en puissance d’autres pays chrétiens, tels la Hollande, la France et l'Angleterre, qui s'adaptèrent bien plus facilement 18 Histoire Événement• n°15 |