Richelieu a gagné son image de papiste en restreignant les libertés protestantes contractualisées par Henry IV. Mais il ne faisait ainsi que continuer la politique de Henry IV qui était de définir la France en indépendance des Habsbourg. Le siège de la Rochelle ne fut causé que par les alliances conclues entre Anglais, Espagnols et certains militaires protestants qui tenaient justement cette place de La Rochelle. Le but du siège de la ville était non pas d’imposer une nouvelle religion aux habitants de la ville, mais d’arriver à ce que leur place forte soit définitivement acquise au roi de France. La preuve en est que les autres villes protestantes de France refusèrent de soutenir leurs coreligionnaires assiégés de La Rochelle, et restèrent fidèles au roi et au cardinal. Beaucoup des habitants de La Rochelle restèrent, même durant le siège, à l’intérieur de la ville, fidèles au roi. Parmi les troupes royales qui prirent la ville, il y avait aussi des militaires protestants, comme le maréchal de Bassompierre, toujours restés fidèles à Louis XIII. Les rois et leurs hommes liges ont toujours été soucieux de constituer la France. De la souder autour d’un système fort, qui puisse la sécuriser. Les régions de la France sont tellement différentes entre elles, que la tentation de ses ennemis ont toujours été de la tronçonner. Lille est plus proche de la Belgique, Nice de l’Italie, Strasbourg et Nancy de l’Allemagne, et le Sud-Ouest de l’Espagne, que de Paris et l’île de France. Les patois sont fort différents. En Provence, on parle provençal, en Alsace-Lorraine, on parle allemand, et les langues picardes, proches de l’Allemagne et des Flandres, se véhiculent presque jusqu’aux portes de Paris. La France, c’est peut-être un peuple qui se constitue, mais c’est aussi, et surtout, un peuple qui peut encore éclater. Seul le travail centralisateur des rois, puis de la République et de l’empire éviteront cet éclatement qui sera encore recherché par les Allemands lors de l’occupation de la seconde guerre mondiale. Et c’est encore ce qui est redouté par la pensée souverainiste, avec la composition actuelle de l’Union Européenne. 76 Histoire Événement• Hors-série n10 |