La violence d’une civilisation Tout était donc violence et rapports de force, dès que deux êtres étaient ensemble. Même dans les familles. Les femmes étaient habituées à la soumission, à la violence, et aussi à la révolte. La plupart des activités étaient physiques. Aller d’une ville à l’autre ville voisine était un exploit sportif, soit à pied, soit à cheval, en portant des charges, en affrontant les intempéries, que ce soit la pleine chaleur ou le soleil. Les paysans, lorsqu’ils voyaient arriver les soldats, même de leur roi ou de leur seigneur, savaient ce qui les attendait. Mais ils faisaient la part des choses et comprenaient que ce serait pire lorsque ce serait les troupes ennemies qui arriveraient. Les femmes avaient souvent l’habitude d’être prises de force. Les hommes étaient habitués à se battre. Au moindre interrogatoire, on pouvait faire usage de la torture. Lorsque la reine Anne d’Autriche est soupçonnée d’espionnage en faveur de l’ennemi espagnol, on mène son valet de chambre, Laporte, à la salle de tortures de la Bastille, et il évite de peu le supplice de la question. Les mouvements de masse sont tout aussi violents, parce que la foule baigne dans l’irrationnel, la peur et le sadisme. Lorsque le favori de Marie de Mécidis est, sur ordre de Louis XIII, assassiné par le capitaine de Vitry, la foule entrera dans l’église de Saint Germain l’Auxerrois pour s’attaquer à sa dépouille qui reposait sur un catafalque. On le mutile, on le découpe, et on mange en public les parties tendres de son corps. Quelques jours après sa victoire à Rocroi, les troupes de Condé brûlent un village et massacrent toute sa population. Par simple plaisir. Il s’agissait d’un village français. Mais on ne se formalisait pas pour de telles choses, à cette époque. De tout temps, la violence a existé. Mais la différence avec celle du vingt-et-unième siècle, c’est cette dureté envers soi-même, parce que l’on était avant tout physique, puisque la civilisation était rurale. Ravaillac, écartelé par quatre chevaux, réussit à résister à sa dislocation, et l’on 48 Histoire Événement• Hors-série n10 |