se diriger et qu'en lui enlevant son diamant, on lui a ravi la vue. Le bûcheron arriva donc chez lui sain et sauf. Aussitôt qu'il fut un peu remis de son émotion, il pensa à ce qu'il ferait de son diamant. Comme il ne manquait pas d'intelligence, il eut bientôt compris que personne dans la contrée n'était à même de lui compter le prix d'un pareil joyau. C'est pourquoi il décida sur le champ de le porter au roi. Or il paraît que ce prince, désireux de consacrer tous ses moments au bonheur de son peuple, était tellement avare de son temps qu'il avait coutume de condamner à la prison perpétuelle toute personne qui, admise à l'une de ses audiences, ne l'avait entretenu que de sujets frivoles. Cette circonstance n'était pas ignorée de notre bûcheron. Mais, rassuré par l'importance de sa démarche, il se rendit résolument au palais et demanda à parler au roi. A son grand étonnement, le roi le reçut de la façon la plus amicale, lui prit affectueusement les mains et l'interrogea de l'air le plus gracieux sur le but de sa visite. PeÂOAVee — Sire, lui dit le bûcheron, tout confus, je ne suis venu céans qu'à seule fin de vous faire un cadeau. Et, il sortit de son gousset le diamant. Le roi en fut d'abord ébloui ; puis il le prit dans sa main et dit aussitôt au bûcheron : — Je sais ce que c'est, mon ami. Mais vous, connaissez-vous toute la vertu de cette pierre précieuse ? — Je soupçonne seulement, Sire, qu'elle est d'un grand prix, et c'est pourquoi l'idée m'est venue de l'offrir à Votre Majesté. — Ce diamant, reprit le roi en souriant, a deux propriétés très remarquables : l'une, c'est de faire bien accueillir par les tout puissants de la Terre celui qui le porte sur soi, et vous lui devez la réception que je vous fais en ce moment ; la seconde, la voici... Le prince, à ces mots, détacha du mur de la salle une lourde masse d'armes tout en fer et, la touchant avec le diamant, elle fut à l'instant même changée en or. Des haches, des coutelas, des fers de lance subirent une transformation semblable. L'étonnement du bûcheron était à son comble. Cependant le roi, qui s'était recueilli et qui réfléchissait au trouble profond qu'un pareil talisman, s'il venait à s'égarer, pourrait jeter dans le système monétaire de son pays, annonça une résolution héroïque : — Mon ami, dit-il au paysan, votre fortune et celle de votre famille sont assurées. Mais, comme je pense que le fer est plus utile que l'or, et qu'il pourrait se faire qu'un jour ce diamant tombât entre les mains d'un fourbe qui, alors, serait à même d'abuser des bonnes grâces du pouvoir, je vous ordonne d'aller sans retard, le jeter dans le lac qui environne l'île où vous l'avez trouvé. Allez, je vous le répète : je me charge de votre sort et de celui des vôtres. Le paysan, qui, à bout du compte, n'avait jamais rien rêvé de mieux, obéit à l'ordre du roi et s'en retourna jeter le diamant dans le lac. WAVAIWeetWAY 13 |