50 | Femmes d’ailleurs Godefroy Gordet (traduit de l’anglais par Julie Thielen) Mercy Annapoorni Au service d’une comm Mercy Annapoorni est directrice de l’ONG, Blossom Trust, elle lutte corps et âme depuis plus de 30 ans, pour élever la société indienne. C’est dans un bric-à-brac humain, un désordre où règnent d’innombrables contrastes, que la « Dame », comme on l’appelle ici, s’est hissée au rang des figures emblématiques d’Inde du Sud. Elle nous a donné rendez-vous dans la petite bourgade de Virudhunagar, en Inde du Sud, dans le jardin de Dayspring Home, un orphelinat géré par l’association. Submergée par le travail, Mercy est arrivée tard dans la nuit, accompagnée de son chauffeur, dans une jeep imposante. Il est 22h30, nous sommes assis dehors devant les dortoirs des enfants, sur des chaises en plastique, à la lueur d’une ampoule fatiguée, le chauffeur pique déjà un roupillon tandis qu’entre les coupures de courant, elle nous raconte son histoire… Et jeunesse passa… Petite fille timide et introvertie, Mercy est une enfant complexée. Délaissée par ses parents au détriment de sa petite sœur et de son frère aîné. « Partout en Inde, ils donnent la priorité aux hommes, depuis le plus jeune âge, on s’occupe mieux des garçons ». Cadette de la famille elle se sent exclue et, de fait, ne travaille pas bien à l’école, ne sort pas, ne parle à personne. « C’est ainsi que j’ai grandi ». Pendant ses études supérieures, elle commence à s’investir dans des groupes associatifs comme la Fédération des étudiants de l’université catholique, et dans des mouvements féministes extra-universitaires. « J’étais fascinée par leur approche et par la manière dont elles aidaient les femmes à aborder certains thèmes comme la violence et d’autres problèmes rencontrés par les étudiantes à la fac (…) J’avais envie de travailler avec elles ». A la fin de ses études, Mercy a 18 ans, elle se marie et met au monde son premier garçon l’année suivante. « Je pensais que le mariage serait une révélation pour moi, mais ce n’était malheureusement pas le cas. Ce fut un gros choc de me rendre compte qu’il n’y avait aucune possibilité pour moi d’évoluer. » Un besoin d’émancipation Au diable les traditions, Mercy veut travailler ! Pleine de détermination, elle entre au bureau de communication du diocèse de Madurai en tant que secrétaire. « A l’époque, j’aimais travailler avec des femmes, mais je ne voyais pas encore à quel point elles souffraient puisque j’avais aussi des problèmes dans ma vie. J’attendais donc une opportunité. » |