interview Propos recueillis parL. Guyon Photos F. Ferreira Si tu devais retenir qu’une seule chose de Patrick, qu’est-ce que ce serait ? Son charisme exceptionnel : sur la pellicule, sur le papier et au quotidien. On ne pouvait pas le côtoyer et rester indifférent. Il était profondément humain. Patrick était plus qu’un grimpeur médiatisé, il avait dépassé ce stade. C’était une véritable légende dans notre monde de la montagne ; et dans notre société hyper-médiatique, une icône vivante. La fameuse image du grimpeur à mains nues, l’Ange blond pendu d’un bras au bout d’un rocher au-dessus d’un abîme… Dans sa génération, il y avait beaucoup de grimpeurs surdoués, Patrick Berhault bien sûr, mais aussi Jerry Moffat, Wolfgang Güllich, Stefan Glowazc, Ron Kauk. Mais je crois que lui 36 seul avait cette aura, ce charisme qui imprimait vraiment les esprits, et pas que des gens de montagne, mais aussi le grand public. Il y avait quelque chose d’universel dans son « personnage », il « parlait » à tout le monde. Je pense que ce quelque chose en plus c’est la sincérité. Il était vrai. La preuve en est que dans les films où Patrick parle de lui ça fonctionne, et dans ceux où il joue un rôle ça ne fonctionne plus, comme dans les films de Lelouch ou Giovanni. Comment Patrick vivait-il cette médiatisation ? Pas toujours très bien. Cela représentait une pression phénoménale, il était sollicité en permanence. En même temps, il essayait d’avoir du recul par rapport à son statut de « star ». Il attachait beaucoup d’importance à la famille et aux amis, par exemple ça le faisait se marrer quand pour le charrier on le surnommait « Dieu ». En fait, il a connu la notoriété très jeune, à 22 ans. Tout est allé très vite avec le film de Jean-Paul Janssen, puis les photos de Gérard Kosiski, les articles dans Paris Match ou Newlook…. les films, les livres, les pubs télé, les contrats avec les marques, et pas qu’en France, en Europe, aux USA… Ce n’était pas forcément très simple à gérer. Il n’y était pas préparé et d’une certaine manière, toute cette pression lui pesait énormément. Il ne pouvait plus grimper tranquillement en falaise et c’est pour cela qu’à une certaine époque, il grim- |