Escalade Mag n°55 février 2013
Escalade Mag n°55 février 2013
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°55 de février 2013

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Press'Evasion

  • Format : (170 x 240) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 5,5 Mo

  • Dans ce numéro : hommage à Patrick Edlinger.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
< Pages précédentes
Pages : 10 - 11  |  Aller à la page   OK
Pages suivantes >
10 11
hommage Encordé avec Patrick Propos recueillis par Franck Martini Photo G. Kosicki l’escalade libre. Voici l’image qu’il en garde. Il n’avait alors qu’une vingtaine d’années Kiki (Christian Crespo) m’avait entretenu d’un tout jeune Toulonnais qui venait de réaliser en solo une voie difficile pour l’époque. Il s’agissait de Grattomaniac à Tourris, un mur extrêmement difficile pourvu de petites réglettes teigneuses. Je lui avais alors souri, croyant à une bonne blague, puis je m’étais exclamé que cela ne me semblait pas possible… Kiki a rapporté ma réaction à Patrick qui a tout de suite voulu me rencontrer. Il n’appréciait pas beaucoup que l’on mette en doute ses réalisations, à cette époque et même après. On s’est donc retrouvé ensemble au Faron, pour faire du bloc et aligner quelques voies. Le feeling est immédiatement passé au point que, durant plus d’un an, nous avons grimpé régulièrement tous les deux, parfois sept ou huit jours d’affilée. Je donnais quelques cours de maths, et, de son côté, ses parents avaient choisi avec intelligence de le « sponsoriser ». Nous avions donc du temps et nous étions libres... Ce fut une époque exceptionnelle ! Lorsque j’ai vu évoluer pour la première fois Patrick sur le rocher, j’ai perçu d’emblée quelque chose de fort, d’unique, que je ne connaissais pas, mais que j’attendais imperceptiblement depuis longtemps. Il dégageait une force et une élégance extraordinaires qui trouvaient écho avec une philosophie de l’esthétique : avec lui, la fin ne justifiait plus les moyens ! L’idée était enthousiasmante. C’était une nouvelle ère pleine de promesses qui s’ouvrait, je le sentais intimement. Etait-on déterminé à passer à tout prix ou bien était-on capable de porter dans nos gestes, cette aspiration à vivre des moments précieux et exaltants, sans jamais les gâcher ? J’avais la réponse à cette question sous les yeux, tous les jours où le rocher nous laissait jouer ensemble avec lui. 10 Lorsque nous grimpions ensemble, à l’orée des années 80, son esprit était tourné vers la réalisation de choses difficiles. Notre challenge était de dénicher des 7a qu’il puisse réaliser à vue. Il existait alors assez peu de lignes à ce niveau. Patrick se consacrait à repousser ses limites, je me consacrais à lui en donner la possibilité. Tombèrent rapidement au Roy d’Espagne Double dose (aujourd’hui 7b), Barbibulle aux Cabanons (aujourd’hui 7a+), Diva dans les Calanques (aujourd’hui 7a+) et bien d’autres... Il ne parcourait pas que les voies des autres, il laissait aussi une empreinte, comme celle de « ses ouvertures » à Toulon, au Faron. Nous avons équipé ensemble quelques longueurs, notamment à Buoux, par exemple, Viol de corbeau (7b/c aujourd’hui). Patrick frappa un grand coup en l’enchaînant. Nous avions baptisé l’itinéraire ainsi, en rentrant à la borie où nous dormions sur le plateau des Ramades, car une culotte flottait au vent dans un arbre, ce jour là !... (rires). Parallèlement, il y avait aussi le solo. Bien avant La Vie au bout des doigts, il avait « soloé » sous mes yeux DSF et le toit de La Béda (à vue !), puis, quelques jours plus tard devant ses parents assis dans la prairie, simplement pour les remercier de lui avoir fait confiance dans son projet de vie libre, tournée vers le haut niveau. Lorsque Patrick a rencontré la belle caméra de Jean-Paul Janssen, nos routes se sont logiquement séparées et il a continué à grimper plus haut. Je ne sais pas ce que je serais devenu si je n’avais pas vécu cette période, mais je la porte en moi comme une flamme fragile qui vacille désormais davantage, mais qui éclaire toujours tout autour. De cette époque, j’ai gardé le goût de l’esthétique, de la loyauté, de l’amitié, de la simplicité et des choses vraies. C’est une chance aujourd’hui d’être riche de cela. C’est un trésor que l’on ne pourra jamais me retirer. Patrick au Baou des 4 ouros, près de Toulon



Autres parutions de ce magazine  voir tous les numéros


Liens vers cette page
Couverture seule :


Couverture avec texte parution au-dessus :


Couverture avec texte parution en dessous :