EXTRÊME RAID AVENTURE l’entraînement, indique Richard. Pour le ski de bosses, j’étais sur les pistes six heures par jour, sept jours par semaine. C’est pareil pour les raids, même si l’approche est différente. Vous devez beaucoup vous entraîner mais dans des disciplines très différentes. Cette diversification empêche l’ennui. » Elina confirme : « Quoi qu’il arrive, on s’entraîne au moins un peu tous les jours. » Même leur organisation de vie tourne autour de cette volonté. « Nous vivons à Nelson, sur l’île du sud, en Nouvelle- Zélande, précise Elina. C’est un lieu assez sauvage et on a tout pour s’entraîner à moins de dix minutes de la maison. Nous y sommes la plupart de du temps, et notamment lors de votre hiver, ce qui correspond à l’été là-bas, puis nous partons deux-trois mois en Finlande, mon pays de naissance, pendant l’été européen. Cela nous permet d’avoir toujours de bonnes conditions d’entraînement en extérieur. » 50 000 EUROS DE GAINS ANNUELS Et Richard de s’amuser : « Si Elina s’arrête de s’entraîner pendant une semaine, elle devient folle… Quand l’un est fatigué, il motive l’autre. C’est un plus. » Dont ce couple marié, mais sans enfant, profite lors des compétitions disputées ensemble. « On se comprend mieux que d’autres coéquipiers. Je sais comment elle fonctionne. Je sais que parfois elle a besoin de s’arrêter un peu, de pleurer un coup et Direct Soir n°874• Vendredi 17 décembre 2010 32 < VOIR QUELQU’UN QU’ON AIME SOUFFRIR, C’EST DUR À VIVRE. > d’évacuer toute la tension. Mais je sais aussi que si je la pousse à continuer dans ces moments-là, elle me remercie à l’arrivée. Je la motive en lui parlant du shopping qu’elle va pouvoir faire après la course si on gagne ! », confie Richard dans un grand sourire. « Quand je suis fatiguée, il sait mieux qu’un autre trouver les mots pour me remotiver. Il n’hésite pas à me dire les choses », confirme Elina. Même si l’exercice peut se révéler ardu. « Quand elle est très fatiguée, parfois, c’est difficile, explique Richard. Voir quelqu’un qu’on aime souffrir, c’est dur à vivre. » Un point négatif que le couple transforme en positif. « C’est aussi un avantage, car je ne peux pas lui cacher ce que je ressens. Il me connaît trop bien, il devine tout de suite si j’ai un coup de moins bien. » Richard connaît « son » Elina sur le bout des doigts : « Sa grande force, c’est l’attitude. Elle n’abandonne jamais. Mais elle sousestime ses qualités. » Et sa femme le lui rend bien : « Richard est extrêmement fort, dans toutes les épreuves. Mais il est un peu grincheux quand les choses ne vont pas dans le bon sens. » Avec environ 50 000 euros de gains annuels chacun, Richard et Elina peuvent vivre sans problème de leur passion. Même s’ils savent bien que l’usure du temps (34 ans tous les deux) fait son œuvre. ET LES FOOTBALLEURS SE PLAIGNENT ! « On commence à vieillir et à réfléchir à ce que l’on pourrait faire d’autre pour gagner nos vies. On continuera toujours à faire du sport pour notre plaisir, mais on en fera moins », lâche Richard. « J’espère toujours devenir millionnaire un jour. Mais on n’y arrivera pas avec les raids aventures », s’amuse Elina. Tant d’efforts pour si peu de récompenses. La comparaison avec les footballeurs qui se plaignent parfois de disputer deux matchs par semaine fait sourire. « En une semaine, ils gagnent plus que nous sur toute une année. Et ils se plaignent des cadences. C’est dur d’entendre ça, lance Richard. Mais nous, au moins, on peut se balader dans la rue sans être embêtés et ça nous plaît. » La reconnaissance de leurs pairs leur suffit.• SIX JOURS ENTRE TERRE ET MER Avec le plus gros prize pool global pour une épreuve de ce genre (226 500 dollars – 171 000 euros –, dont 40 000 pour les vainqueurs), le Abu Dhabi Adventure Challenge réunit la crème de la crème des raideurs. Au programme de cette épreuve multisport disputée par équipes mixtes – au moins une femme – de quatre (le temps de chaque étape est pris sur le dernier arrivé) ? Six jours et neuf étapes mixant course à pied, natation, canoë, kayak, orientation et escalade. Le tout avec, quasi en permanence, un équipement d’environ 9 kg sur le dos ! Le point d’orgue reste les 116 km de course à pied non-stop dans le désert. Un gros morceau avalé en près de… 29 heures pour les meilleurs. « Le plus dur, c’est après 12 ou 13 heures, quand vous avez déjà couru 70 bornes et que vous réalisez qu’il vous en reste 50… », explique Richard Ussher, quadruple vainqueur, qui livre sa formule gagnante : « L’important, c’est la force collective de l’équipe. Il faut être bon partout et avoir à peu près tous le même niveau. » |