LE MAGAZINE DES ARMES ET DE LA SÉCURITÉ ÉDITÉ PAR RÉGI’ARM, S.A.R.L. 43bis rue Cronstadt - 75015 - Paris Tél  : 01 45 32 54 00 - Fax.  : 01 45 32 59 00 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION  : Claire Dupont DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Bertrand Sorlot CONSEILLER DE LA RÉDACTION/ÉDITORIALISTE Philippe Couvreur CONCEPTION ET RÉALISATION  : JPEX, Régis Dupont, Antoine Poggioli SERVICE ABONNEMENT  : Blandine Salichon Tél  : 01 45 32 60 26 E-mail  : abonnement-revues@orange.fr ANCIENS NUMÉROS  : Tél  : 01 45 32 60 69 E-mail  : revues-boutique@orange.fr PUBLICITÉ  : au journal, - Tél.  : 01 45 32 60 28 ou Tél.  : 01 45 32 60 50 E-mail  : couvreur.ph2@wanadoo.fr ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO  : Olivier Achard, Michel Bottreau, Jean-Jacques Buigné, Frédéric Coune, Philippe Couvreur, JohnC. Frost, Luc Guillou, Joël Serre IMPRIMEUR  : Boccia (Italie) SERVICE DIFFUSION  : 2C. consulting - Tél.  : 01 49 44 05 49 E-mail  : chavaudra@yahoo.fr (à usage exclusif du réseau des diffuseurs de presse) DISTRIBUTION  : MLP ÉTRANGER  : Tondeur Diffusion DÉPÔT LÉGAL 2 e trimestre 2014 COMMISION PARITAIRE  : 0600 K 61140 ISSN  : 1635-3307 PRO SECURITE POLICE GENDARMERIE ENQUÊTES Photos de couverture  : Deux grands classiques du pistolet semi-automatique 9 mm  : le Glock 17 autrichien à carcasse polymère opposé au CZ75 tchèque tout acier (photo Michel Bottreau) COPYRIGHT 2014. Reproduction interdite sans accord préalable. Les manuscrits et documents ne sont pas retournés (sauf sur demande particulière de l’auteur).Les auteurs sont responsables des opinions émises dans leurs articles de même que les annonceurs le sont de leur publicité. La reproduction des textes, dessins et photographies publiés dans ce numéro est interdite. Ils sont la propriété exclusive d’ACTION qui se réserve tous droits de reproduction dans le monde entier. Imprimé en Italie/Printed in Italy Ce numéro contient un supplément de 36 pages format 148 x 210 mm « VECTAN POUDRES & PASSIONS » nouvelles tables de rechargement. Ne peut être vendu séparément. ÉDITO POROSITÉ ET TRAFIC D’ARMES  : DES VESSIES POUR DES LANTERNES Depuis déjà quelque temps, chaque nouvelle découverte d’un « arsenal » est présentée par les services de police et de gendarmerie comme une nouvelle preuve de la « porosité » entre les milieux de la délinquance et ceux des possesseurs d’armes légaux. Cette thématique de la « porosité » relève cependant de l’intoxication pure et simple. Certes, on ne peut nier qu’une passion trop forte ou une mauvaise information puisse parfois entraîner certains à acquérir des pièces illégales. Du fait de la présence d’un nombre d’armes colossal laissé sur notre territoire par les deux conflits mondiaux, beaucoup d’amateurs aujourd’hui âgés ont à un moment ou un autre possédé des armes de guerre alors prohibées, car elles étaient accessibles en abondance, peu chères et pouvaient être facilement identifiées grâce à la documentation sur le sujet. Certains ont eu la sagesse de les faire neutraliser, mais beaucoup n’ayant pas le courage de faire mutiler des pièces historiques parfois de grande valeur, ont pris le risque de les conserver en état. Pour autant, il serait malhonnête de jeter l’anathème sur une catégorie de citoyen. Et puis entre nous, comme dans beaucoup d’autres groupes sociaux, il y a aussi exceptionnellement des déviants parmi les collectionneurs. Mais proportionnellement, il y en a certainement moins que dans la classe politique. Il faut cesser de mettre l’ensemble des tireurs et collectionneurs en accusation à chaque fois que l’un d’entre eux a un problème d’armes prohibées. Selon le Larousse, la porosité est la caractéristique de ce qui est poreux, donc qui présente des orifices de passage microscopiques. Ceux qui ont cru bon de promouvoir ce terme l’ont donc fort bien choisi  : d’une part parce qu’il est original et qu’il parle à l’imagination - raison pour laquelle il a été adopté par la presse - d’autre part parce qu’il reflète bien la vérité  : si des passages ont pu exister entre collectionneurs et truands, ils se sont produits à une échelle microscopique ! Sans s’en rendre compte, ceux qui veulent induire auprès du grand public l’idée erronée que le trafic d’armes est en grande partie alimenté par les possesseurs d’armes légaux ont choisi un terme qui veut dire exactement le contraire, et correspond donc en fait à la réalité. S’il existe une « porosité », c’est uniquement au niveau de quelques vendeurs peu scrupuleux qui peuvent être tentés de ravitailler la pègre, capable de payer très cher ce dont elle a besoin (le trafic de drogue lui en procure les moyens !) , tout en vendant également des armes légales pour se constituer une « couverture » de commerçants respectables. Mais la supercherie ne peut durer longtemps. Par contre, lorsque ces vendeurs ripoux sont appréhendés, leurs ordinateurs et leurs carnets d’adresse sont examinés de près, et c’est alors le drame pour leur clientèle composée d’une majorité de gens paisibles et innocents, lesquels découvrent alors eux aussi les joies des visites domiciliaires matinales, des gardes à vue et autres tracasseries ! Les possesseurs d’armes légaux sont des citoyens intégrés, à la vie professionnelle et familiale normale. Alors que certains se passionnent pour le vélo, le football, la musique ou collectionnent les papillons, les amateurs d’armes vivent une passion particulière, pour le tir, les armes et l’histoire militaire. Au prix de trésors de patience et de sacrifices financiers souvent importants, ils parviennent à rassembler des panoplies d’importance variable, qui leur apportent du bonheur et leurs permettent de s’extraire de leurs soucis quotidiens. Certains sont également tireurs sportifs et pratiquent dans ce cas au sein de la FFTir, où ils sont soumis à une discipline et des contrôles rigoureux  : C’est sans doute pourquoi les armes qu’ils utilisent ne sont jamais impliquées dans des affaires de droit commun. Quant aux collectionneurs, ils achètent des armes qu’ils vont chouchouter avant de les exposer dans leur vitrine. Les voyous, à l’inverse, ne voient dans l’arme qu’un outil de travail moderne, efficace et fiable. Il leur faut donc des armes récentes à grande puissance de feu pour impressionner leurs concurrents et leurs victimes, parfois même pour s’opposer à la police. Accessoirement, l’arme est aussi pour eux un symbole de puissance. Elle participe aussi à leur « statut social » et autant un « caïd » porteur d’un Glock 17 sera respecté, autant celui qui s’aviserait d’exhiber un revolver 1892 serait définitivement pris pour un « bouffon » ! De fait, si l’on en croit les véritables statistiques, ces deux univers n’ont absolument rien à voir et il n’existe pas plus de « collectionneurs-truands » que de « truands-collectionneurs ». S’il existe de ces derniers, ils collectionnent plus les maîtresses voyantes, les comptes en banque dans des paradis fiscaux ou les voitures de luxe que les armes historiques ! Alors pourquoi tout ce battage, et surtout cette escroquerie intellectuelle manifeste ? Philippe COUVREUR D’après Jean-Jacques BUIGNE/UFA couvreur.ph2@wanadoo.fr NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014 ACTION N°360 3