MÉMOIRE Honorer les héros et fêter la victoire Les célébrations du 11 novembre 1918 passées, il est prévu qu’une fois la paix signée, de grandes fêtes de la Victoire seront organisées à Paris pour honorer les Poilus après ces années de sacrifice pour la Patrie. À Belfort, c’est le retour des régiments. Retour du 42 e R.I. à Belfort février 1919. Début janvier 1919, Louis Herbelin note que les dépôts des 35e, 42 e et 171 e régiments sont de retour à Belfort et ont retrouvé leur caserne. Il s’agit d’hommes qui n’ont pas été engagés dans les combats et qui assurent le fonctionnement administratif de leur régiment. Les dépôts des régiments belfortains rentrent donc début janvier pour préparer matériellement et administrativement le retour des unités combattantes. Le 3 février, Louis Herbelin est surpris, en sortant, de voir la ville pavoisée, il en trouve l’explication en parcourant le journal L’Alsace : « Le maire y invite la population à pavoiser à l’occasion du retour du 42 e régiment d’infanterie, à Belfort, son lieu de garnison qu’il n’a pas revu depuis les premiers jours d’août 1914. » C’est donc le 4 février, par un temps un peu radouci et avec un léger dégel que le 42 e R.I. fait son retour triomphal à Belfort : « Arrivé déjà hier et caserné partie à Rethenans [actuelle caserne de Maud’hui] partie à Giromagny, a fait son entrée solennelle à Belfort ce matin à 11 heures précises. Il a été acclamé, mais à mon avis s’il était arrivé d’un cantonnement éloigné, ayant fait une bonne étape, sac au dos et défilant par le faubourg de France, l’enthousiasme de la foule eut été plus grand encore, mais on a sans doute voulu éviter à nos braves soldats une prolongation de fatigue et peut-être a-t-on bien fait. » « Le grand pavois avait été hissé sur le mat du château. » De grandes oriflammes tricolores Louis Herbelin comme la presse locale relatent longuement ces festivités. La municipalité avait abondamment décoré les rues menant à la place de la République de grandes oriflammes tricolores. Le grand pavois avait été hissé sur le mât du château. Une grande arche de triomphe avait été élevée portant d’un côté « Honneur à nos vaillants poilus » et de l’autre « Gloire aux régiments de Belfort ». Dès 10h, les trottoirs de la place Corbis à la place de la République étaient remplis de monde, les balcons et les fenêtres débordaient de curieux. Les enfants des écoles conduits par leurs instituteurs étaient placés tout autour de place de la République. Le régiment venant de la gare par les faubourgs de Montbéliard et des Ancêtres, puis la rue Fréry, s’installa sur la place. Devant les grilles de la Préfecture, les attendaient, l’Administrateur faisant fonction de Préfet M. Mage, M. Houbre faisant fonction de maire et les conseillers municipaux. Le général Babelon, commandant la 41 e Division à laquelle appartient le régiment, suivi de tout son état-major, salua le drapeau alors que retentit La Marseillaise. M. Houbre prononça alors un petit discours auquel répondit le général, rappelant les hauts faits du 42e, discours qui s’acheva par un émouvant : « M. le Préfet, M. le maire, je vous remets votre régiment, le régiment à la guerre s’est montré merveilleux. Vive le 42, vive Belfort ! » « Une glorieuse épave » Le 5 mars 1919, les employés municipaux remontent place de la République, l’arc de triomphe du mois précédent car le 35 e RI va enfin rentrer dans ses quartiers. Il arrive à Belfort le 7 et s’ins- 24 Vivre le Territoire N°181 — Mars/Avril 2019 |