■business_Interviews Les marques Chaque fin d’année, les fabricants et importateurs de scooters regardent attentivement ce qui s’est passé lors des douze derniers mois afin de mieux préparer les douze suivants. Plusieurs représentants ont accepté de se confier dans les colonnes de Solution Scooters. 2012 a-t-elle été une bonne année pour Yamaha et MBK ? Pour quelles raisons ? ■ « On ne peut pas dire que 2012 était une bonne année car le marché était difficile. En performance pure, cela s’est pourtant bien passé pour Yamaha et MBK car le juge de paix reste la part de marché et sur ce point Yamaha progresse de 0,2% par rapport à 2011. La marque a ainsi consolidé son leadership alors que l’actualité des modèles n’était pas très grande. Pourtant, l’approvisionnement du T-Max a connu des tensions toute l’année, puisque nous avions prévu un volume global plus important, et l’usine a livré plus de modèles standards et moins d’ABS par rapport à nos commandes initiales. Ces manques étaient parfois pénibles et nous ne pouvons pas nous satisfaire de la manière dont cela s’est passé. Mais nous avons tout de même maintenu notre volume d’activité et notre chiffre d’affaires, alors qu’un retournement semble s’être opéré pour la première fois après quatre ans de baisse. La part de marché de nos scooters est passée de 22,7 à 26,3% par rapport aux onze premiers mois de 2011. C’est clairement lié à l’impact du nouveau T-Max et à la très bonne résistance du X-Max alors que la relocalisation de la production de ce dernier à l’usine de Saint- Quentin a eu des effets négatifs en 22 solutionscooters Éric De Seynes Directeur général de Yamaha Motor France « Quand on voit le nombre de X-Max 125 à plus de 100 000 km, on se dit qu’on n’a pas volé le client. » approvisionnement jusqu’à l’été. Il n’y avait en effet pas de X-Max ABS disponible entre juin et septembre, ce que nous avons vécu avec difficulté même si je ne suis pas sûr que le client en ait trop souffert. MBK constitue également un point de satisfaction car la marque était dans un certain flou depuis quelques années, et depuis que nous avons repris en main la distribution en avril dernier, nous avons beaucoup vu le réseau et la part de marché progresse. Par exemple, les scooters 50 cm 3 sont repassés au-dessus des 13% de parts de marché, ce qui n’était pas arrivé depuis plusieurs années. » Quels sont actuellement les modèles phares chez Yamaha et MBK ? Comment expliquez-vous leur succès ? ■ « Ce sont les T-Max et X-Max, qui sont n°1 et n°2. Le MBK Skycruiser rentre également dans le top 10 des scooters 125, ce qui est important car il s’agit d’un gage de solidité pour la marque. Même le X-Max 250 est dans le top 50, ce qui constitue 35% des immatriculations dans la catégorie des scooters 250-300 cm 3. La position et la réputation de la gamme X-Max sont donc solides. Il faut du temps pour installer un référent, mais celui-ci a la capacité de durer dans le temps. Il y a plusieurs raisons qui expliquent ce succès. D’abord, le T-Max, qui possède une image forte et est installé depuis dix ans sur le marché, est un formidable leader qui tire les X-Max vers le haut, alors que ces derniers s’avèrent eux-mêmes convaincants dans leur marché malgré un prix situé dans le haut de la fourchette. Mais les clients peuvent être satisfaits de la qualité. Quand on voit le nombre de X-Max 125 à plus de 100 000 km, on se dit qu’on n’a pas volé le client. On a d’ailleurs racheté les premiers pour les démonter et voir dans quel état ils étaient, mais maintenant on n’a plus besoin de le faire. » Quelles seront vos points forts, mais aussi peut-être vos points faibles, en 2013 ? ■ « En matière de points forts, Yamaha est incontestablement devenu une référence sur le scooter et c’est vers les valeurs sûres que l’on se tourne plus facilement dans les périodes difficiles, quitte à payer un peu plus cher. Les clients préfèrent même attendre plutôt que d’acheter autre chose en cas d’indisponibilité. Une autre force, c’est notre proximité avec le réseau, qui reste fidèle à nos deux marques. Et puis, il y aura des nouveautés tout au long de l’année, dont les Yamaha D-Light et MBK Skipper 125 qui seront vendus moins de 2 000 euros. Concernant les faiblesses, il faut rester vigilant sur l’état du marché du deux-roues, même si nous restons extrêmement confiants sur son avenir. Il s’est simplement détourné vers l’occasion depuis fin 2008 mais les volumes perdurent avec 900 000 deux-roues qui changent de main chaque année en France, MP3 et vélos compris, contrairement à certains autres marchés comme l’automobile. » Comment appréhendez-vous les nouvelles réglementations et les projets évoqués ces dernières semaines par les pouvoirs publics ? ■ « L’annonce de la mairie de Paris est seulement un coup médiatique pour l’instant car de telles mesures seraient socialement inacceptables*. Je crois qu’il s’agit plus d’une initiative politique et personnelle et ne suis pas inquiet car telle qu’elle a été exprimée, elle ne me paraît pas réaliste. Quant aux mesures concrètes, j’accueille très positivement les nouveaux permis même si on sait qu’à chaque changement, il y a toujours une baisse d’activité au début. Les épreuves sont en effet moins discriminatoires, cohérentes et plus accessibles aux femmes. C’est aussi très bien que les motoécoles avec ABS soient enfin autorisées, et je fonde de grands espoirs sur l’introduction d’un permis boîte automatique, qui va permettre aux usagers des scooters 125 de monter en gamme sans être obligés de passer aux trois-roues. Quant à la généralisation de l’ABS, je prends ça aussi positivement même si la seule chose qui m’inquiète, c’est le coût. » *Dans un périmètre compris à l’intérieur de l’autoroute A86, le maire de Paris a proposé, entre autres, d’interdire la circulation des deux-roues âgés de plus de dix ans. |