Dossier spécial « Garder un cerveau jeune » 64 - Santé 3 e âge et des aînés ne sauraient être considérées de manière identique. En effet, comme le constate Isabelle Mallon, « à l’épanouissement personnel et aux gratifications du maternage sont opposés l’épuisement, physique et moral, engendré par le fardeau de l’aide au parent âgé, et l’impuissance devant un combat perdu d’avance ». Il s’agit alors non plus d’accompagner vers l’autonomie mais de lutter contre son étiolement, non plus de construire un adulte mais de le préserver. Il est souvent difficile aux enfants d’admettre que leurs parents, longtemps figures de l’autorité et du savoir, puissent voir leurs capacités cérébrales diminuer. En outre, le désengagement progressif de la société avec l’avancée en âge se couple à une préoccupation grandissante pour son monde intérieur, accentuée par l’approche de la mort. Ce double processus peut déboucher sur des syndromes dépressifs et anxieux très difficiles à supporter pour l’entourage. Cette pénibilité spécifique du travail auprès des personnes âgées est également ressentie par les professionnels de l’aide. Aujourd’hui, les emplois de prise en charge des jeunes enfants sont plus recherchés et valorisés, notamment en raison des troubles cognitifs des aînés. Bien souvent ne sachant pas comment y faire face, les personnels trouvent ces postes plus pénibles et moins gratifiants, ce qui peut contribuer à accroître les risques de maltraitance. En outre, les relations avec la famille peuvent être tendues lorsque celle-ci juge la manière de traiter leur parent exagérément infantilisante. Travailler auprès des personnes âgées est alors fréquemment un choix professionnel par défaut, ce qui entraîne une difficulté à pérenniser les emplois et une absence d’expériences et de qualifications des personnels. Alors que la question des liens entre le vieillissement cognitif physiologique et les maladies neurodégénératives reste débattue, aujourd’hui ce n’est pas moins de 6% de la population générale qui est atteinte de formes de démence après 65 ans et presque 18% après 75 ans (dont 80% des cas sont des maladies d’Alzheimer). |