Question Pratique n°47 avr/mai/jun 2014
Question Pratique n°47 avr/mai/jun 2014
  • Prix facial : 5,90 €

  • Parution : n°47 de avr/mai/jun 2014

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Lafont Presse

  • Format : (210 x 270) mm

  • Nombre de pages : 84

  • Taille du fichier PDF : 21,6 Mo

  • Dans ce numéro : pannes et services défaillants, les recours imparables.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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Vie quotidienne L a v i e qu o t i d i en ne L’aspirine, cette inconnue ! L’usage de l’aspirine pour combattre un mal de tête ou pour faire tomber une température excessive est bien connu. Mais sait-on que ce médicament existe depuis des temps immémoriaux ? Son utilisation est attestée depuis plus de 4 000 ans. Chaque jour on trouve de nouvelles indications à l’acide acétylsalicylique, plus connu sous le nom d’aspirine ? pabijan - Fotolia de l’aspirine commen-ce il y a plusieurs millénaires, avec les Sumériens qui utilisaient l’écorce de feuille de sauge comme traitement pour faire baisser la tempé- L’histoire rature. On retrouve une preuve de l’utilisation courante de ce traitement dans un papyrus égyptien datant de 1 500 ans avant J.-C. Plus tard, vers 400 avant J.-C., Hippocrate, le père de la médecine moderne, recommande son usage pour soulager les douleurs de l’enfantement ou faire baisser la fièvre. L’utilisation empirique des feuilles et de l’écorce de saule pour soigner fièvres et douleurs se poursuit jusqu’au XIX e siècle. En 1825, le principe actif du saule blanc est > Saule blanc (Salix alba). 8 Question-pratique ? D.R. Le saviez-vous ? Le mot Aspirine est construit à partir de a- initiale de « acétyle », de Spiraea ulmaria, nom latin savant de la reine-des-prés (plante qui donne l’acide spirique, plus tard identifié avec l’acide acétylsalicylique, et du suffixe -ine ; utilisé pour désigner des composés chimiques. En effet, la substance active est présente à l’état naturel dans cette plante ; aspirine sous-entend donc aussi un procédé de synthèse chimique. n Étonnant -14 - Janvier/Février 2014 découvert par un pharmacien italien, Francesco Fontana, qui lui donne le nom de salicine. En France c’est un pharmacien de Vitry-le-François, Pierre-Joseph Leroux, qui réussi à concentrer une préparation d’écorce de saule et lui donne le nom de sallicyline. Elle se présente sous forme de cristaux blancs. En 1835, l’Allemand KarlLowig isole et identifie l’acide salicylique comme étant le principe actif d’une autre plante possédant des propriétés similaires à l’écorce de saule, la reine-des-prés. L’acide salicylique est utilisé pour les fièvres, les douleurs, les rhumatismes articulaires mais provoque brûlures d’estomac, irritation de la bouche, et a en plus une saveur très désagréable. En octobre 1897, Félix Hoffmann, chimiste allemand des laboratoires Bayer trouve le moyen d’obtenir de l’acide acétylsalicylique pur. Doté de grandes propriétés analgésiques, le produit a la faculté de faire baisser la fièvre et s’avère être beaucoup mieux toléré. En février 1899, la firme Bayer le commercialise sous la marque Aspirin et donne, par la même occasion, naissance à un nouveau marché : l’industrie pharmaceutique. En 1900 les premiers comprimés sont fabriqués. Le brevet est déposé aussitôt aux États-Unis : la société Bayer y fait fortune. L’aspirine est commercialisée en France en 1908 par la Société chimique des usines du Rhône. Élément obligatoire du paquetage des soldats envoyés dans les tranchées, à la fin de la Première guerre mondiale, l’aspirine valait de l’or, au point de faire l’objet de négociations lors du Traité de Versailles. Au titre des dommages de guerre, la firme industrielle allemande était contrainte de céder ses brevets aux alliés. Dès lors, tombée dans le domaine public, l’aspirine a commencé à inonder la planète. On en synthétise aujourd’hui plus de 40 000 tonnes par an dans le monde soit l’équivalent de 120 milliards de comprimés de 500 mg. En France, 237 médicaments commercialisés contiennent de l’aspirine et annuellement 1 500 tonnes sont con-sommées. Par an chaque Français adulte en consomme en moyenne 60 comprimés. Ce médicament est D.R. D.R.
Question pratique concurrencé par le paracétamol, antalgique et antipyrétique qui est dépourvu d’effets au plan gastrique. L’aspirine, qui a accompagné, en 1969, les astronautes sur la Lune, est aujourd’hui le médicament le plus consommé au monde. on a longtemps ignoré le mécanisme d’action de cette molécule D.R. Étonnant -15 - Janvier/Février 2014 D.R. Le saviez-vous ? Des recherches aux résultats prometteurs permettent d’envisager l’aspirine dans le traitement de certains cancers. Prise quotidiennement, à faible dose, elle contribuerait à diminuer le nombre de morts par cancer. Plusieurs études expérimentales et épidémiologiques ont montré un effet protecteur de l’aspirine contre différents cancers digestifs (diminution de la récurrence de polypes intestinaux), mais également contre le cancer du sein. Une étude épidémiologique écossaise très récente (avril 2013), portant sur plus de 110 000 femmes (dont certaines consomment de l’aspirine depuis 3 à 5 ans) a montré une diminution de 30% des risques de cancer du sein. D’autres études scientifiques montrent des résultats équivalents et une diminution notable de la prévalence de certaines formes de cancer, et de leur gravité une fois déclenchée. Deux explications sont avancées pour expliquer ces résultats : - l’aspirine prévient l’inflammation qui déclenche généralement la croissance de cellules cancéreuses ; - l’aspirine améliore la fluidité du sang et induit une meilleure circulation sanguine. Or, des cellules cancéreuses s’enracinent plus facilement dans un flux ralenti. n Neuf atomes de carbone, quatre d’oxygène et huit d’hydrogène : l’acide acétylsalicylique est une molécule étonnamment simple pour avoir un spectre d’action aussi large. Celui-ci résulterait d’une réaction chimique particulière entre l’aspirine et certaines de nos enzymes, (cyclo-oxygénases), qui provoque l’inhibition de ces dernières. Ce blocage conduit à une diminution de la quantité de plusieurs de nos médiateurs chimiques (transmetteurs de messages notamment vers le cerveau) avec comme conséquence une baisse de la fièvre, de la douleur ou de l’inflammation. On a longtemps ignoré le mécanisme d’action de cette molécule (tout comme de nombreux médicaments dont on sait qu’ils soignent, mais dont on ignore pourquoi.) Depuis qu’on a mis en évidence le rôle central des prostaglandines comme régulateur et le rôle d’inhibiteur de l’acide salicylique on comprend mieux comment l’aspirine fonctionne. Fièvre, douleur, inflammation et coagulation sanguine sont tous des phénomènes liés à l’action des prostaglandines, synthétisées dans de nombreux tissus et organes. Ces médiateurs chimiques lipidiques (formés d’acides gras essentiels) ont une action rapide et puissante qui agirait localement. Les prostaglandines sont augmentent la sensibilité à la douleur, la régulation de température et combattent les inflammations. Ce n’est que récemment qu’on a compris comment l’aspirine agissait : en prenant la place de deux des enzymes nécessaires au bon fonctionnement des prostaglandines.Audelà de son usage traditionnel, on a développé deux nouvelles utilisations de cette molécule : le traitement primaire ou la prévention des accidents vasculaires cérébraux et de l’infarctus du myocarde. Néanmoins ces utilisations sont contestées par de récentes études scientifiques qui mettent en regard les bénéfices escomptés de ces traitements et les risques de saignements provoqués par l’aspirine. Une autre piste prometteuse est celle du traitement de certains cancers, découverte toute récente est en phase de test. Il ris-que fort de s’écouler des années avant que cette piste soit confirmée et entraîne des traitements opérationnels. Les recherches en physiologie et pharmacologie de ce dernier siècle ont permis de mieux comprendre les mécanismes d’action thérapeutique de ce médicament, mais l’histoire continue ; l’aspirine ne nous a pas encore révélé tous ses secrets. De nouvelles perspectives de recherches émergent encore, tant pour continuer d’élucider son large mode d’action que pour élargir encore ses domaines d’applications : depuis ses indications les plus courantes (antipyrétique, antalgique, anti-inflammatoire) jusqu’aux découvertes les plus récentes dans des domaines très diversifiés (prévention de maladies cardio-vasculaires, cancérologie, vieillissement cellulaire...). Les recherches dans le domaine des remèdes médicaux sont toujours en évolution, passionnantes de l’amont à l’aval, de l’exploration des ressources naturelles aux laboratoires. La nature n’est-elle pas notre plus grand laboratoire moléculaire ? Afin de continuer à investiguer le potentiel des ressources que nous offre la nature, laissons-nous encore guider en toute modestie, par la richesse d’autres systèmes de connaissance. Celles des anciens, mais aussi celles de guérisseurs qui continuent à travers le monde et la diversité des cultures, à appréhender la nature avec leurs connaissances traditionnelles et intuitives. Ils gardent sans doute ainsi, les secrets de nombreuses nouvelles pistes de recherche médicale. n Question-pratique ? 9



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