Question Pratique n°47 avr/mai/jun 2014
Question Pratique n°47 avr/mai/jun 2014
  • Prix facial : 5,90 €

  • Parution : n°47 de avr/mai/jun 2014

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Lafont Presse

  • Format : (210 x 270) mm

  • Nombre de pages : 84

  • Taille du fichier PDF : 21,6 Mo

  • Dans ce numéro : pannes et services défaillants, les recours imparables.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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Ailleurs 040-43_ÉTONNANT_MAG_1_Mise en page 1 04/03/14 10:01 Page3 > ai l l e u r s tions arabes semblent ne pas l’avoir affecté. Néanmoins, les élites dirigeantesont toujours voulu compenser les faiblesses structurelles du pays (taille réduite, population minime, vulnérabilité stratégique) par une diplomatie active. Cette stratégie diplomatique a permis d’ériger le pays en élément central de l’équation stratégique au Moyen-Orient. La survie étant sa préoccupation permanente, le Qatar cherche sans cesse des alliés, des obligés et toutes formes de reconnaissance : diplomatique, économique, financière, sportive... Il est le conseiller, le financier, le partenaire, l’intermédiaire de tout le monde ou presque : des États-Unis et d’Israël, de l’Arabie saoudite et de l’Iran, de l’Autorité palestinienne, du Hamas, de la Grande-Bretagne, de la France, de la Syrie, du Liban… Tout cela n’empêche pas nos politiques de se succéder en rangs serrés au Qatar Le royaume n’est pas uniquement un repère de nouveaux riches. En investissant franchement dans la diplomatie, il intervient de façon à la fois politique et militaire dans les conflits arabes. En particulier lors des événements du « printemps démocratique ». La monarchie quatarienne s’est impliquée activement dans les affrontements régionaux, notamment en Syrie et en Libye. Doha tente de jouer un jeu diplomatique subtil consistant à être dans tous les camps en même temps, par exemple avec les Occidentaux en Libye (pour s’approprier les puits de pétrole par l’entremise de ses participations dans les > Le Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani a vingt-quatre enfants de ses trois épouses. Ici avec son successeur son quatrième fils, le Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, enfant de la seconde épouse la Cheikha Moza bint Nasser al-Missned. D.R. 78 Question-pratique ? >La Cheikha Mozah bint Nasser al-Missned, très influente à Doha. La mère de l’émir actuel, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani en faveur duquel son père a abdiqué le 25 juin 2013. D.R. multinationales comme Total) et en soutien aux islamistes en Syrie. Il s’est d’ailleurs mis à aider activement les Frères musulmans égyptiens. Sa politique de soutien aux Frères (organisation panislamiste fondée en 1928 par Hassan el-Banna) et à ses épigones, qu’ils soient au pouvoir comme à Tunis et dernièrement au Caire, ou bien dans l’opposition, comme en Syrie, trahit-elle des préférences idéologiques ou bien exprime-t-elle une forme de respect pour le verdict des urnes, si étrange que cela soit de la part d’une monarchie dont la démocratie n’est pourtant pas le fort ? Il s’agirait plutôt d’un nouvel épisode de la guerre d’influence entre chiisme (10 à 15% des musulmans) et sunnisme, les deux lectures opposées de l’Islam. Les autorités qatariennes auraient été effrayées de l’effondrement de l’Irak, après le « merdier » américain, où la dispute chiites-sunnites a été un facteur essentiel de l’implosion du pays (qui continue d’ailleurs toujours, même si c’est en silence) et de l’activisme des Iraniens. Certains analystes insistent sur le pragmatisme de la nouvelle équipe dirigeante du Qatar, d’autant qu’elle est réduite à quelques individus, deux ou trois au maximum. La transition dynastique et politique du 25 juin 2013 entre le prince héritier Tanim Al Thani et l’équipe dirigeante de son père semble montrer que le Qatar est appelé à changer de stratégie en matière de politique étrangère. Le nouvel émir, jeune (33 ans), et élevé en grande partie en Europe et aux États-Unis, serait bien moins partisan du conflit militaire que le ministre des Affaires étrangères de son père dont l’influence expliquerait nombre de décisions controversées. Ce changement de politique, recherché par les Américains, serait bénéfique pour le Qatar ! Le sera-t-il pour les peuples de la région ? Rien n’est moins Étonnant -42 - Janvier/Février 2014 évident. La nouvelle puissance du Qatar suscite nombre d’interrogations surtout depuis qu’il est passé des affaires à la politique. Et sa relation avec les islamistes inquiète plus d’un membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu. Tout cela n’empêche pas nos hommes et nos femmes politiques de se succéder en rangs serrés au Qatar. Que vont-ils donc y chercher ? On peut citer pêle-mêle parmi les habitués des séjours à Doha : Dominique de Villepin, Bertrand Delanoë, Rachida Dati, Ségolène Royal, Fadela Amara, Claude Guéant, Jean-Louis Debré, Gérard Larcher, Hubert Védrine, Frédéric Mitterrand, Hervé Morin, Jean-Pierre Chevènement, Dominique Baudis, Jack Lang… n D.R. D.R. D.R. D.R.
040-43_ÉTONNANT_MAG_1_Mise en page 1 04/03/14 10:01 Page4 Question pratique > Le magazine France Footballaffirme que le Mondial 2022 a été acheté par le Qatar. D.R. > Le futur Doha port stadium. D.R. D.R. D.R. > « Ces évaluations exagèrent les allégations contenues dans des articles de presse », a souligné un porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar. D.R. > Un travailleur étranger dans un camp, au Qatar. Photo Amnesty International. D.R. > Le Quatar et la 22 e coupe du monde du monde de football < les dirigeants qatariens ont toujours souligné leur intérêt pour le sport. Aussi, ils investissent dans ce secteur sans compter. Le football est privilégié. En France, ils possèdent le Paris Saint-Germain Football Club. Le recrutement de Zinedine Zidane pour plusieurs millions d’euros afin de vanter les mérites de la candidature à la coupe du monde de football de 2022 du plus petit pays au monde l’ayant jamais organisé - qui ne s’est jamais qualifié pour cette compétition et de surcroit à un climat inadapté à la pratique de ce sport en été… - a été couronné de succès. Le Qatar a été, officiellement, désigné comme pays hôte le 2 décembre 2010 de la 22 e coupe du monde. La corruption utilisée comme instrument politique a été massivement utilisée par ce pays pour le mettre en évidence lors de la sélection du pays organisateur. Des faits accablants contre des membres du jury ont effectivement circulé, mettant en cause leur choix « désintéressé » pour ce pays. Deux membres du comité exécutif de la FIFA (Fédération internationale du foot) chargés de l’attribution des compétitions ont ainsi été démis de leur fonction. Parallèlement, l’ancien intermédiaire très engagé dans les affaires arabes du gouvernement Balladur, Ziad Takieddine n’a-t-il pas accusé nommément Nicolas Sarkozy d’avoir profité d’une « aide » de ses amis qatariens ! Une autre question que pose l’organisation de cet événement concerne les conditions de travail des travailleurs immigrés qui s’apparentent plus à de l’esclavage qu’à un travail salarié. En effet, c’est plus d’un million et demi d’ouvriers supplémentaires qui doivent être recrutés pour construire les stades, les hôtels et toute l’infrastructure nécessaire au bon déroulement de la compétition. Les Népalais, qui comptent pour 40% de ce chiffre, ont adressé une protestation suite à la mort de 45 ouvriers. Les autorités népalaises ont même été jusqu’à parler de « prison à ciel ouvert ». L’association Anti-Slavery International, dont l’activité principale est le lobby et la campagne d’opinion contre l’esclavage moderne, n’at-elle pas dénoncé des cas de travail forcé et des travailleurs laissés dans le plus grand dénuement, obligés de mendier leur nourriture. Le directeur de l’association a déploré le peu de coopération des autorités qatariennes pour mettre fin à ce scandale. « Ce n’est pas vraiment un secret, mais il n’y a pas d’effort concerté de la part des autorités qatariennes pour y mettre fin », a-t-il expliqué à l’Agence France Presse. Il faut savoir que chaque année, les travailleurs originaires d’Asie du sud-est, qui constituent 80% des presque 2 millions d’habitants du Qatar, sont plusieurs centaines à le quitter dans un cercueil. Ils finissent leur vie dans le pays où ils croyaient en commencer une nouvelle, fauchés dans la force de l’âge par des conditions de travail harassantes. Des experts de la Confédération syndicale internationale (CSI), venus à Doha dans la foulée d’une enquête du quotidien britannique The Guardian présentant le Qatar comme un État esclavagiste, ont fait leurs calculs. En supposant que le taux de mortalité ne faiblira pas d’ici à 2022 et en tenant compte des 1,5 million de travailleurs attendus en renfort dans le pays, ils ont conclu qu’au moins 4 000 immigrés paieront de leur vie le mondial de foot qatarien. « Davantage d’ouvriers périront durant la construction des infrastructures que de joueurs ne fouleront les terrains » a prédit Sharan Burrow, la secrétaire générale de la CSI. Une cascade d’humiliations pour une paie misérable en fin de mois : 900 riyals (180 euros) de base et au maximum 1 200 riyals (243 euros) avec les heures supplémentaires. Le gouvernement quatarien, qui ne tient aucune comptabilité officielle, tend à minimiser le problème. Mais les chiffres fournis par les ambassades font frémir. Celle de l’Inde a dénombré 237 morts en 2012. Pour les neuf premiers mois de 2013, le compteur des décès marquait 159, avec un pic à 27 pour le mois d’août. La construction des neuf méga stades de la coupe du monde n’a pas encore commencé. Et comme le dit si bien SteppBlatter, le sulfureux président de la Fifa : « Le football est plus fort que la contestation » ou dans une autre version, « Le football est plus fort que l’insatisfaction des gens ». Bah oui, ces esclaves doivent se taire et s’estimer heureux qu’on leur distribue un quignon de pain. Dans la même veine citons ce grand humaniste, Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA : « Je vais dire quelque chose de fou, mais un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une coupe du monde. Quand on a un homme fort à la tête d’un État qui peut décider, comme pourra peut-être le faire Poutine en 2018, c’est plus facile pour nous les organisateurs qu’avec un pays comme l’Allemagne où il faut négocier à plusieurs niveaux. » Et vive le foot corruption-business-spectacle. n Étonnant -43 - Janvier/Février 2014 Question-pratique ? 79



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