Ailleurs 040-43_ÉTONNANT_MAG_1_Mise en page 1 04/03/14 10:01 Page3 > ai l l e u r s tions arabes semblent ne pas l’avoir affecté. Néanmoins, les élites dirigeantesont toujours voulu compenser les faiblesses structurelles du pays (taille réduite, population minime, vulnérabilité stratégique) par une diplomatie active. Cette stratégie diplomatique a permis d’ériger le pays en élément central de l’équation stratégique au Moyen-Orient. La survie étant sa préoccupation permanente, le Qatar cherche sans cesse des alliés, des obligés et toutes formes de reconnaissance : diplomatique, économique, financière, sportive... Il est le conseiller, le financier, le partenaire, l’intermédiaire de tout le monde ou presque : des États-Unis et d’Israël, de l’Arabie saoudite et de l’Iran, de l’Autorité palestinienne, du Hamas, de la Grande-Bretagne, de la France, de la Syrie, du Liban… Tout cela n’empêche pas nos politiques de se succéder en rangs serrés au Qatar Le royaume n’est pas uniquement un repère de nouveaux riches. En investissant franchement dans la diplomatie, il intervient de façon à la fois politique et militaire dans les conflits arabes. En particulier lors des événements du « printemps démocratique ». La monarchie quatarienne s’est impliquée activement dans les affrontements régionaux, notamment en Syrie et en Libye. Doha tente de jouer un jeu diplomatique subtil consistant à être dans tous les camps en même temps, par exemple avec les Occidentaux en Libye (pour s’approprier les puits de pétrole par l’entremise de ses participations dans les > Le Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani a vingt-quatre enfants de ses trois épouses. Ici avec son successeur son quatrième fils, le Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, enfant de la seconde épouse la Cheikha Moza bint Nasser al-Missned. D.R. 78 Question-pratique ? >La Cheikha Mozah bint Nasser al-Missned, très influente à Doha. La mère de l’émir actuel, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani en faveur duquel son père a abdiqué le 25 juin 2013. D.R. multinationales comme Total) et en soutien aux islamistes en Syrie. Il s’est d’ailleurs mis à aider activement les Frères musulmans égyptiens. Sa politique de soutien aux Frères (organisation panislamiste fondée en 1928 par Hassan el-Banna) et à ses épigones, qu’ils soient au pouvoir comme à Tunis et dernièrement au Caire, ou bien dans l’opposition, comme en Syrie, trahit-elle des préférences idéologiques ou bien exprime-t-elle une forme de respect pour le verdict des urnes, si étrange que cela soit de la part d’une monarchie dont la démocratie n’est pourtant pas le fort ? Il s’agirait plutôt d’un nouvel épisode de la guerre d’influence entre chiisme (10 à 15% des musulmans) et sunnisme, les deux lectures opposées de l’Islam. Les autorités qatariennes auraient été effrayées de l’effondrement de l’Irak, après le « merdier » américain, où la dispute chiites-sunnites a été un facteur essentiel de l’implosion du pays (qui continue d’ailleurs toujours, même si c’est en silence) et de l’activisme des Iraniens. Certains analystes insistent sur le pragmatisme de la nouvelle équipe dirigeante du Qatar, d’autant qu’elle est réduite à quelques individus, deux ou trois au maximum. La transition dynastique et politique du 25 juin 2013 entre le prince héritier Tanim Al Thani et l’équipe dirigeante de son père semble montrer que le Qatar est appelé à changer de stratégie en matière de politique étrangère. Le nouvel émir, jeune (33 ans), et élevé en grande partie en Europe et aux États-Unis, serait bien moins partisan du conflit militaire que le ministre des Affaires étrangères de son père dont l’influence expliquerait nombre de décisions controversées. Ce changement de politique, recherché par les Américains, serait bénéfique pour le Qatar ! Le sera-t-il pour les peuples de la région ? Rien n’est moins Étonnant -42 - Janvier/Février 2014 évident. La nouvelle puissance du Qatar suscite nombre d’interrogations surtout depuis qu’il est passé des affaires à la politique. Et sa relation avec les islamistes inquiète plus d’un membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu. Tout cela n’empêche pas nos hommes et nos femmes politiques de se succéder en rangs serrés au Qatar. Que vont-ils donc y chercher ? On peut citer pêle-mêle parmi les habitués des séjours à Doha : Dominique de Villepin, Bertrand Delanoë, Rachida Dati, Ségolène Royal, Fadela Amara, Claude Guéant, Jean-Louis Debré, Gérard Larcher, Hubert Védrine, Frédéric Mitterrand, Hervé Morin, Jean-Pierre Chevènement, Dominique Baudis, Jack Lang… n D.R. D.R. D.R. D.R. |