024-030_ÉTONNANT_MAG_1_Mise en page 1 04/03/14 09:56 Page1 Nature n a t u r e 02 Quand les plantes mangent les animaux Les plantes carnivores sont-elles une exception du monde végétal ? Des curiosités réservées aux régions exotiques ? apparemment non. Il semblerait même qu’elles soient présentes dans notre environnement quotidien… et jusque dans nos assiettes. Zoom sur ces voraces végétaux qui pourraient bien réserver quelques surprises. > La Dionée attrape-mouche (Dionaea muscipula) est une plante carnivore, sans doute la plus connue et la plus emblématique. La fascination pour les plantes carnivores est ancienne. Déjà, en 1768 à Londres, la présentation au public du premier spécimen vivant de Dionaea muscipula, qualifié par Linné lui-même de « miracle de la nature », avait fait sensation. Cette plante carnivore originaire du sud-est des États-Unis doit son nom scientifique à la déesse grecque Dioné, mère d’Aphrodite. Une vision particulière de la féminité qui restera collée aux plantes carnivores. En témoigne le sobriquet choisi par le botaniste américain John Bartram, le premier à faire parvenir en Grande-Bretagne un spécimen vivant de Dioné : pour lui, D. muscipula est tipitiwitchet, D.R. > Les poils sensibles sont responsables de la fermeture. De plus, deux stimulations du piège sont nécessaires pour que celui-ci se referme, ces dernières devant être effectuées dans un intervalle de temps de 20 secondes. Ce déclenchement en deux temps évite au piège des fermetures inutiles, provoquées par exemple par le contact de poussières, de débris végétaux ou surtout de gouttes d'eau.. 18 Question-pratique ? Étonnant magazine -24 - Janvier/Février 2014 D.R. nom trivial désignant le sexe de la femme. Depuis, l’idée de l’existence d’une carnivorité végétale est entrée dans les mœurs. Les feuilles mâchoires de la dionée attrapemouches ou les urnes pièges des népenthès peuvent être observées chez la plupart des pépiniéristes. Mais les plantes carnivores sont considérées comme des cas particuliers, le végétal étant traditionnellement « fait pour être mangé ». Pourtant des études récentes tendent à montrer que la carnivorité végétale n’est pas un phénomène marginal et qu’elle se rencontre chez de nombreuses plantes à fleurs. La carnivorité végétale revêt plusieurs formes. Ainsi, la liane Triphyophyllum peltatum, l’une des trois espèces de la petite famille africaine des Dioncophyllacées appartient au cercle relativement fermé des plantes insectivores à pièges collants. Il s’agit ici d’une carnivorité transitoire car elle n’apparaît qu’au moment où les besoins de la plante en potassium augmentent, c’est-à-dire juste avant la floraison, lorsque les sols des forêts tropicales d’Afrique de l’Ouest où elle pousse en sont pauvres. Pour assouvir son appétit, la plante développe de nouvelles feuilles, différentes des anciennes car réduites à leur nervure centrale recouverte de poils glanduleux. Elle devient ainsi capable d’attraper des insectes, sources de protéines et de sels minéraux. Déclarer carnivore une Rosacée (famille comportant de nombreuses espèces cultivées pour leurs fruits : fraise, cerise, pêche, pomme, prune…) peut surprendre. |