Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
  • Prix facial : 4,90 €

  • Parution : n°3 de jui/aoû/sep 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Lafont Presse

  • Format : (180 x 250) mm

  • Nombre de pages : 84

  • Taille du fichier PDF : 15 Mo

  • Dans ce numéro : le Bonheur est en vous.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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Le Bonheur est en vous tique, il semble très important pour lui de s’étendre sur le fait que les hommes ont à prendre soin de leur corps : du foie et de l’estomac qui sont des vertus naturelles, du cœur qui est une vertu vitale, et du sens (les humeurs), vertu animale qui participent comme les deux autres types de vertus de la constitution de l’esprit. Il est bien évidemment plus difficile de prendre soin de l’instrument de la pensée, que de l’instrument de l’artisan ou du musicien, Il est bien évidemment plus difficile de prendre soin de l’instrument de la pensée, que de l’instrument de l’artisan ou du musicien, puisque les organes sont en nous, et que la mélancolie est un état de crainte et de tristesse difficile à surmonter. 8 Philosophie pratique puisque les organes sont en nous, et que la mélancolie est un état de crainte et de tristesse difficile à surmonter. Mais seule cette attention à la santé du corps peut permettre à l’homme mélancolique de mieux vivre, poursuivre ses recherches en étant arraché à la fascination de la dépression, c’est-à-dire sans peur ni apathie ou fureur incontrôlables. Ficin donne lui-même les remèdes à suivre pour soigner le mélange de cette humeur. Cette dernière que l’on peut associer à la paresse ou aux excès des épileptiques est particulièrement importante pour Ficin, puisqu’elle peut se trouver en l’âme être le moyen qui ressemble au centre du monde et permet de connaître plus précisément le centre des choses. Dans la contemplation, par l’effort spirituel, qui met pourtant de côté le corps, l’âme s’approche des choses divines, mais c’est la mélancolie par l’effet de Saturne et d’un tempérament tendant à la réflexion qui en est le moteur. La mélancolie semble devenir avec Ficin, venant de Saturne, un don unique et divin de l’âme, qui seul permet à l’homme d’approcher, d’appréhender les choses divines, et de faire des prédictions. Même si Ficin paraît se rapprocher de Platon en ce qui concerne les choses incorporelles, il faut bien distinguer leur théorie, celle de Ficin étant liée à l’astrologie médicale de son siècle, à la croyance en ce salut accordé par l’instance supérieure qu’est Saturne, et faisant place à la diététique et soins du corps. Nous venons d’établir dans cette partie, les raisons qui permettent à Aristote et Ficin d’affirmer que les hommes de génie sont mélancoliques par constitution naturelle. Il est souvent admis que de grands artistes considérés comme géniaux (musiciens, peintres) sont sujets à des excès de fureur, des instants favorables à la création, comme des « révélations », mais nous comprenons ici que les philosophes et les hommes de sciences ou de géométrie aussi ont un lien avec cette humeur, il nous apparaît en effet que la compréhension de la nature, et de la nature des choses, leur est plus accessible, leur désir étant naturellement étendu à la curiosité de tous les phénomènes, et leur compréhension rendue plus aisée par une acuité particulière. C’est d’ailleurs ce qu’entend Paul Valéry à propos de Léonard de Vinci quand il évoque son intuition et sa ressemblance avec la nature, ses impulsions qui le portent à une compréhension au centre des choses, la peinture lui tenant lieu de philosophie. Le peintre semble « récréer un aspect des êtres, par la voie d’une analyse en profondeur de leurs propriétés » (Introduction à la méthode de Léonard de Vinci). Ce qui confirme ce que nous essayons de montrer : les actes des hommes de génie, artistes ou hommes de sciences ne sont ni uniquement liés au caractère rationnel de l’esprit sans aucune intervention d’une affectivité, ni uniquement les faits d’une inspiration totalement incohérente et dénuée de sens. Au contraire l’homme mélancolique semble mieux comprendre les choses et y accéder que les autres catégories d’hommes. Ses sens servent à l’esprit, réciproquement l’esprit au sens, et les sens encore à la raison. Le vin, instrument de connaissance Nous avons démontré les raisons qui font d’un
homme ingénieux un homme mélancolique, mais nous n’avons pas décrit l’inconstance et la difficulté à vivre de cet homme, qui sont pourtant des notions primordiales sur lesquelles Aristote insiste. En effet, comment soigner, équilibrer un homme qui souffrirait de son tempérament mélancolique si on ne connaissait pas les diverses manifestations auxquelles la bile noire peut donner lieu ? Nous allons donc insister sur la description d’une expression employée précédemment dans le devoir : « le mélange mélancolique » qui régule et détermine les actes et pensées du mélancolique ainsi que ses capacités. Aristote décrit les conséquences et effets de ce mélange par l’expérience du vin qui devient un instrument de connaissance. Cela n’est pas sans nous faire penser aux Lois de Platon qui proposent une connaissance indirecte par le vin. Aristote prend l’expérience du vin en exemple puisque qu’il y a selon lui communauté de nature entre le vin et la bile noire qui engendrent la même manière d’être. Il prouve Mélancolie et supériorité de l’esprit cette communauté par identité de cause : la chaleur, qui se situe près de l’esprit, du siège de l’intellect. Le vin est semblable par nature à la constitution naturelle de chacun, celle-ci étant un mélange de chaud et de froid. La bile noire, froide par nature, peut devenir ou froide ou chaude à l’extrême selon les circonstances. C’est ainsi que seront déduits le caractère polymorphe et instable du mélancolique : il y a changement de la manière d’être suivant les variations de la chaleur qui peuvent osciller du plus froid (paresse, apathie, tristesse profonde) au plus chaud (agitation, enthousiasme, folie). En outre, la bile noire n’est pas en même qualité ni en même quantité chez tout un chacun. Ainsi, le tempérament ne semble pas être le fait d’un choix divin, mais plutôt le hasard du mélange qui nous constitue, ce n’est plus un problème d’élection divine, mais le fait d’une physiologie, d’une circonstance, d’un instant. Le corps revêt donc une importance capitale dans l’évolution et la constitution de notre esprit. La mélancolie touche autant l’âme que le Philosophie pratique 9



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