Le Bonheur est en vous tune est une épreuve souvent plus dangereuse que la misère. » La civilisation, en créant de nouveaux besoins, n’est-elle pas la source d’afflictions nouvelles ? « Les maux de ce monde sont en raison des besoins factices que vous créez. Celui qui sait borner ses désirs et voit sans envie ce qui est audessus de lui s’épargne bien des mécomptes dans cette vie. Le plus riche est celui qui a le moins de besoins. Vous enviez les jouissances de ceux qui vous paraissent les heureux du monde ; mais savezvous ce qui leur est réservé ? S’ils ne jouissent que pour eux, ils sont égoïstes, alors viendra le revers. Plaignez-les plutôt. Dieu permet quelquefois que le méchant prospère, mais son bonheur n’est pas à envier, car il le paiera avec des larmes « Les maux de ce monde sont en raison des besoins factices que vous créez. Celui qui sait borner ses désirs et voit sans envie ce qui est au-dessus de lui s’épargne bien des mécomptes dans cette vie. Le plus riche est celui qui a le moins de besoins. amères. Si le juste est malheureux, c’est une épreuve dont il lui sera tenu compte s’il la supporte avec courage. Souvenez-vous de ces paroles de Jésus : Heureux ceux qui souffrent, car ils seront consolés. » Le superflu n’est certainement pas indispensable au bonheur, mais il n’en est pas ainsi du nécessaire ; or le malheur de ceux qui sont privés de ce nécessaire n’est-il pas réel ? 66 Philosophie pratique « L’homme n’est véritablement malheureux que lorsqu’il souffre du manque de ce qui est nécessaire à la vie et à la santé du corps. Cette privation est peut-être sa faute ; alors il ne doit s’en prendre qu’à lui-même ; si elle est la faute d’autrui, la responsabilité retombe sur celui qui en est la cause. » Par la spécialité des aptitudes naturelles, Dieu indique évidemment notre vocation en ce monde. Beaucoup de maux ne viennent-ils pas de ce que nous ne suivons pas cette vocation ? « C’est vrai, et ce sont souvent les parents qui, par orgueil ou par avarice, font sortir leurs enfants de la voie tracée par la nature, et par ce déplacement compromettent leur bonheur ; ils en seront responsables. » – Ainsi vous trouveriez juste que le fils d’un homme haut placé dans le monde fît des sabots, par exemple, s’il avait de l’aptitude pour cet état ? « Il ne faut pas tomber dans l’absurde, ni rien exagérer : la civilisation a ses nécessités. Pourquoi le fils d’un homme haut placé, comme tu le dis, ferait-il des sabots s’il peut faire autre chose ? Il pourra toujours se rendre utile dans la mesure de ses facultés, si elles ne sont pas appliquées à contre-sens. Ainsi, par exemple, au lieu d’un mauvais avocat, il pourrait peut-être faire un bon mécanicien, etc. » Le déplacement des hommes hors de leur sphère intellectuelle est assurément une des causes les plus fréquentes de déception. L’inaptitude pour la carrière embrassée est une source intarissable de revers ; puis, l’amour-propre venant s’y joindre empêche l’homme tombé de chercher une ressource dans une profession plus humble et lui montre le suicide comme remède pour échapper à ce qu’il croit une humiliation. Si une éducation morale l’avait élevé au-dessus des sots préjugés de l’orgueil, il ne serait jamais pris au dépourvu. Il y a des gens qui, étant dénués de toutes res- |