Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
  • Prix facial : 4,90 €

  • Parution : n°3 de jui/aoû/sep 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Lafont Presse

  • Format : (180 x 250) mm

  • Nombre de pages : 84

  • Taille du fichier PDF : 15 Mo

  • Dans ce numéro : le Bonheur est en vous.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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Le Bonheur est en vous égoïste avec art ; on a appelé cela sagesse, raison, philosophie : et, en fin de compte, on a été forcé d’avouer que le bonheur n’était pas fait pour l’homme. II. Le mal est nécessaire Voilà donc un premier point bien constaté : c’est que le bonheur n’est, comme nous l’avons dit en commençant, qu’une sorte de mirage moral qui nous égarerai incontestablement, et nous ferait marcher de déception en déception, si nous ne prenions notre parti de ne pas y croire. Si le bonheur n’existe pas, le commencement de toute sagesse est de ne pas croire au bonheur. Un second pas dans la sagesse, ce serait, ce nous semble de faire ce sacrifice avec courage et résolution. Et c’est à quoi la réflexion nous conduit ; car il est facile de se convaincre que le 60 Philosophie pratique mal est nécessaire, et que, dans l’état actuel de nos manifestations, le mal est la condition même de notre personnalité et de notre existence. En effet, nous ne pouvons être qu’à la condition d’être en rapport soit avec le monde extérieur, soit avec les idées internes que nous nous sommes faites à nous-mêmes, et qui d’ailleurs ont leur source dans nos précédents rapports avec ce monde. Prenons d’abord le premier mode d’existence. Lorsque le rapport avec le monde extérieur nous est agréable, nous l’appelons plaisir ; mais cet état passager n’est pas le bonheur. Nous entendons par bonheur un état qui serait tel que nous en désirerions la durée sans changement. Or voyons ce qui arriverait si un tel état était possible. Pour qu’il le fût absolument, il faudrait que le monde extérieur s’arrêtât et s’immobilisât.
Mais alors nous n’aurions plus de désir, puisque nous n’aurions plus aucune raison pour modifier le monde, dont le repos nous satisferait et nous remplirait. Nous n’aurions plus par conséquent ni activité, ni personnalité. Ce serait donc le repos, l’inertie, la mort, pour nous, comme pour le monde. Resterait donc que le monde extérieur, qui change sans cesse, changeât de telle façon que jamais il ne vînt nous causer aucune peine, ou plutôt que tous ses changements fussent pour nous une source de plaisir. Mais dans cette hypothèse encore, pas de désir ; conséquemment aucune raison d’intervenir dans le monde, aucune activité, aucune personnalité. Qui modifierait donc le monde ? qui le ferait mouvoir ? Prenons maintenant notre second mode d’existence, et nous arriverons au même résultat. N’estil pas évident en effet que si nous étions toujours en rapport avec les mêmes idées internes accumulées en nous, avec les mêmes passions, avec les mêmes désirs, nous serions de pures machines, nous agirions par instinct comme font les animaux, nous serions fatalement dirigés et déterminés ? Donc, relativement au monde extérieur, sa muabilité est nécessaire pour nous faire sentir notre existence ; et relativement à notre monde intérieur, c’est-à-dire à nos idées et à nos passions, leur muabilité est également nécessaire pour créer notre liberté et notre personnalité. Donc le fait même de la vie, telle qu’il nous est donné à nous hommes de la sentir, entraîne l’existence du mal. Refuser le mal, c’est refuser l’existence. Vouloir vivre, c’est accepter le mal. Vous imaginez le bonheur absolu possible, c’est le néant que vous désirez. Ô homme ! s’il est vrai que tu aies commencé par le bonheur, comme le dit un mythe célèbre, tu n’étais encore qu’un appendice de ton créateur, tu vivais encore dans son sein. Tu pouvais être en effet dans l’innocence, comme le dit ce Philosophie du Bonheur mythe ; mais cette innocence n’était même pas sentie de toi. Non, tu n’existais pas. Si ce mythe était vrai, nous ne serions pas même déchus, comme on le prétend : car nous aurions échangé le bonheur pour l’activité, pour la personnalité, pour le mérite, pour la vertu, c’est-àdire pour la véritable vie. La théologie chrétienne, abusant de la nécessité du mal, a dit anathème à la terre, c’està-dire non-seulement à la nature tout entière, mais encore à la vie telle qu’il nous est possible de la comprendre. III. Le malheur absolu est aussi chimérique que le bonheur absolu La théologie chrétienne, abusant de la nécessité du mal, a dit anathème à la terre, c’est-à-dire nonseulement à la nature tout entière, mais encore à la vie telle qu’il nous est possible de la comprendre. De même que dans un opéra où trois décorations successives changeraient le lieu de la scène, elle a imaginé trois mondes, si différents que de l’un à l’autre on ne passe que par un abîme et un miracle : l’Eden primitif, la terre, le Paradis ; le bonheur et l’innocence, la faute et le malheur, la réparation et la béatitude. Il a été providentiel que l’humanité se fixât pendant plusieurs siècles à cette croyance ; mais cette croyance n’est qu’un mythe, qui, comme tous les mythes, cache une vérité. Le mal, comme nous venons de le dire, est nécessaire ; c’est lui, pour ainsi dire, qui nous a créés ; c’est lui qui a fait notre personnalité ; sans lui notre conscience n’existerait pas. Mais la conclusion est aussi que le mal devient de moins en moins Philosophie pratique 61



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