Le Bonheur est en vous norme, d’une constance. Mais nous ne pensons pas que tout écart par rapport à la normalité inclut en soi un intellect hors du commun ou supérieur, il semble bien clair dans ces ouvrages que c’est l’anormalité particulière du mélange de l’humeur noire du mélancolique qui consiste en un talent exceptionnel. Tout un chacun ne naît pas, de part sa constitution physiologique, doté des mêmes caractères, qualités, ni selon un mélange des humeurs égal en chacun. L’homme serait donc constitué de flux, d’humeurs – les quatre humeurs principales étant à partir d’Hippocrate le sang, la bile noire, l’eau, la bile jaune –, qui selon leur mélange ou la prédominance de l’une d’elles fondent le caractère particulier de tout être. Nous pouvons être surpris quand Aristote cite parmi les mélancoliques l’exemple de Platon, qui insiste dans le Phédon sur le fait que les philosophes ont à délier leur corps, de nature sensible, principe de multiplicité, de Les désirs propres à l’âme ne sont pas de nature sensible, ils s’exercent à la pensée, la réflexion ; l’âme et les formes intelligibles sont ainsi de même nature. Mais il y a bien un désir en eux, ce désir, cette « fureur » qui pousse les philosophes à la connaissance pure semble être de nature divine. contingence et d’imprécision et obstacle à la connaissance, de leur âme. Selon lui, l’asservissement de l’âme au corps est bien plus mauvais que le corps lui-même car elle éloigne l’âme préexistante, immortelle et non périssable, des objets de la connaissance et des Idées qui sont en soi et éternelles. Pour Platon il n’y a pas de connaissance sensible non illusoire possible, l’âme du philosophe authentique doit donc avoir une application 6 Philosophie pratique constante à ce travail de dissociation même s’il n’est pas facile d’adopter une telle attitude qui doit être suivie tout le temps que nous vivons. Les désirs propres à l’âme ne sont pas de nature sensible, ils s’exercent à la pensée, la réflexion ; l’âme et les formes intelligibles sont ainsi de même nature. Mais il y a bien un désir en eux, ce désir, cette « fureur » qui pousse les philosophes à la connaissance pure semble être de nature divine. Platon ne fait pas référence à une religion révélée, ce qui est divin ce sont les formes intelligibles, la philosophie qui permet d’y accéder. Si Aristote évoque aussi une lutte contre les effets néfastes de la bile noire (épilepsie comme maladie du corps) afin d’établir un équilibre de cette inconstance, une norme de cette anormalité, son texte reste centré sur la puissance d’une humeur instable selon le mélange et la circonstance dont le point d’origine se trouve dans le corps et qui porte à la créativité et la connaissance. Ficin et Aristote s’accordent sur cette distinction entre maladie passagère de la bile noire, et mélancolie de nature, mais tandis qu’Aristote prolonge sa description des aspects de l’homme mélancolique, comparant l’effet de la bile noire à celui du vin bu en excès, Ficin, estime qu’Aristote ne donne pas assez les raisons qui permettent d’assimiler homme de génie et mélancolie. Les trois causes de Ficin Ficin établit qu’il faut distinguer entre mélancolie naturelle (partie la plus épaisse du sang), et maladie mélancolique temporaire engendrée par des mouvements du sang qui nuisent au jugement et à la patience. Au contraire, les hommes de nature mélancolique, que sont les humanistes, les prophètes, les poètes et pardessus tout les philosophes, peuvent être aidés par cette humeur dans le domaine de la patience, la réflexion et le jugement de l’entendement. Mais Ficin insiste sur le fait qu’il est le premier à se faire médecin et à pouvoir rétablir cet équilibre en commençant par expliquer comment les hommes lettrés sont mélancoliques. Selon lui, Aristote se contente d’affirmer comme une évidence que les hommes ingénieux sont mélancoliques, tout |