Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
  • Prix facial : 4,90 €

  • Parution : n°3 de jui/aoû/sep 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Lafont Presse

  • Format : (180 x 250) mm

  • Nombre de pages : 84

  • Taille du fichier PDF : 15 Mo

  • Dans ce numéro : le Bonheur est en vous.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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Le Bonheur est en vous norme, d’une constance. Mais nous ne pensons pas que tout écart par rapport à la normalité inclut en soi un intellect hors du commun ou supérieur, il semble bien clair dans ces ouvrages que c’est l’anormalité particulière du mélange de l’humeur noire du mélancolique qui consiste en un talent exceptionnel. Tout un chacun ne naît pas, de part sa constitution physiologique, doté des mêmes caractères, qualités, ni selon un mélange des humeurs égal en chacun. L’homme serait donc constitué de flux, d’humeurs – les quatre humeurs principales étant à partir d’Hippocrate le sang, la bile noire, l’eau, la bile jaune –, qui selon leur mélange ou la prédominance de l’une d’elles fondent le caractère particulier de tout être. Nous pouvons être surpris quand Aristote cite parmi les mélancoliques l’exemple de Platon, qui insiste dans le Phédon sur le fait que les philosophes ont à délier leur corps, de nature sensible, principe de multiplicité, de Les désirs propres à l’âme ne sont pas de nature sensible, ils s’exercent à la pensée, la réflexion ; l’âme et les formes intelligibles sont ainsi de même nature. Mais il y a bien un désir en eux, ce désir, cette « fureur » qui pousse les philosophes à la connaissance pure semble être de nature divine. contingence et d’imprécision et obstacle à la connaissance, de leur âme. Selon lui, l’asservissement de l’âme au corps est bien plus mauvais que le corps lui-même car elle éloigne l’âme préexistante, immortelle et non périssable, des objets de la connaissance et des Idées qui sont en soi et éternelles. Pour Platon il n’y a pas de connaissance sensible non illusoire possible, l’âme du philosophe authentique doit donc avoir une application 6 Philosophie pratique constante à ce travail de dissociation même s’il n’est pas facile d’adopter une telle attitude qui doit être suivie tout le temps que nous vivons. Les désirs propres à l’âme ne sont pas de nature sensible, ils s’exercent à la pensée, la réflexion ; l’âme et les formes intelligibles sont ainsi de même nature. Mais il y a bien un désir en eux, ce désir, cette « fureur » qui pousse les philosophes à la connaissance pure semble être de nature divine. Platon ne fait pas référence à une religion révélée, ce qui est divin ce sont les formes intelligibles, la philosophie qui permet d’y accéder. Si Aristote évoque aussi une lutte contre les effets néfastes de la bile noire (épilepsie comme maladie du corps) afin d’établir un équilibre de cette inconstance, une norme de cette anormalité, son texte reste centré sur la puissance d’une humeur instable selon le mélange et la circonstance dont le point d’origine se trouve dans le corps et qui porte à la créativité et la connaissance. Ficin et Aristote s’accordent sur cette distinction entre maladie passagère de la bile noire, et mélancolie de nature, mais tandis qu’Aristote prolonge sa description des aspects de l’homme mélancolique, comparant l’effet de la bile noire à celui du vin bu en excès, Ficin, estime qu’Aristote ne donne pas assez les raisons qui permettent d’assimiler homme de génie et mélancolie. Les trois causes de Ficin Ficin établit qu’il faut distinguer entre mélancolie naturelle (partie la plus épaisse du sang), et maladie mélancolique temporaire engendrée par des mouvements du sang qui nuisent au jugement et à la patience. Au contraire, les hommes de nature mélancolique, que sont les humanistes, les prophètes, les poètes et pardessus tout les philosophes, peuvent être aidés par cette humeur dans le domaine de la patience, la réflexion et le jugement de l’entendement. Mais Ficin insiste sur le fait qu’il est le premier à se faire médecin et à pouvoir rétablir cet équilibre en commençant par expliquer comment les hommes lettrés sont mélancoliques. Selon lui, Aristote se contente d’affirmer comme une évidence que les hommes ingénieux sont mélancoliques, tout
comme Platon dans le Phèdre disant que ce désir, cette tendance, cette « fureur » de connaissance est nécessaire à l’accès aux formes intelligibles, mais ceux-ci n’ont pas été, nous dit Ficin, suffisamment précis dans leurs explications. En ce sens, il introduit une précision, s’interrogeant sur ce point : « Combien il y a de causes pour lesquelles les hommes lettrés sont ou deviennent mélancoliques. » Ficin donne trois sortes de causes, qui donneront lieu à trois sortes de remède pour guérir : la première cause est céleste, la seconde naturelle, et la troisième humaine. De même, il existe neuf guides pour mener au temple des Muses, à l’inspiration, la contemplation, « les trois premiers sont au ciel, les trois suivants en l’âme, et les trois derniers en la terre », autrement dit Dieu, la nature, et notre propre diligence sont nécessaires pour accéder au monde de l’esprit et de l’ingéniosité. La première sorte de cause qui rend compte de la mélancolie de l’homme de science ou philosophe est liée à Saturne et Mercure, deux astres qui nous influencent et nous portent à désirer faire des recherches et établir des connaissances. Mercure nous conduit à la recherche, et Saturne nous incite à y persévérer. Saturne, froide et sèche, est celle qui est la plus proche de la constitution de la mélancolie sèche et froide, elle est aussi considérée comme la plus haute et noble des planètes, celle qui mène au savoir ; Saturne est l’astre de la contemplation suprême et sublime. La seconde cause, naturelle, est liée directement à l’activité de réflexion. L’âme, dans la recherche et la contemplation, se retire en elle-même (nous retrouvons ici Platon) pour atteindre la science ou la philosophie. Ainsi, la mélancolie pousse l’âme à se recueillir, et se tient « au propre centre de l’homme », c’est pourquoi elle peut être à même de chercher le centre des choses singulières puisque qu’elle a communauté de nature avec eux. Si Ficin compare l’activité de contemplation, de recueillement, d’arrêt et concentration de la pensée sur un point précis, un centre, à la nature propre de la terre qui « se recueille de la circonférence au centre, et demeure fichée au point du milieu », c’est parce que l’humeur noire, sèche, a grand nombre de similitudes Mélancolie et supériorité de l’esprit La seconde cause, naturelle, est liée directement à l’activité de réflexion. L’âme, dans la recherche et la contemplation, se retire en elle-même pour atteindre la science ou la philosophie. avec la terre. La mélancolie nous pousse à la réflexion, à l’acte qui achemine vers la connaissance, et a un caractère positif puisque la contemplation est le fruit du sens. Elle est un état physiologique nécessaire pour accéder aux états exceptionnels, ce tempérament étant apte à la contemplation dont les premières manifestations peuvent être le rêve, ou l’ardeur amoureuse et sexuelle (voir Problème XXX). Cependant, la troisième cause semble nous mener vers une caractéristique plus négative de cette humeur. Ficin nous explique qu’une trop grande attention et un repli constant sur l’activité contemplative des idées incorporelles éloignent des préoccupations du corps, et dessèchent le cerveau. Celui-ci devient sec et froid et d’autant plus mélancolique. Nous avons l’impression d’être en face d’un cercle vicieux : la mélancolie nous pousse, nous met dans le désir de connaissance et création, mais la tentative de persévérer dans ce désir de connaissance des choses divines place nos organes délaissés par notre attention dans des dispositions sujettes à la mélancolie. Nous voyons ainsi que les hommes de génie s’ils ne sont pas mélancoliques dès le commencement, le deviennent forcément par leurs études et l’activité de contemplation. L’activité intense de l’esprit pourrait donc être à la fois conséquence de la mélancolie, mais aussi cause directe de cette dernière. Saturne est l’astre du génie qui détache l’âme des apparences, lui ouvre les secrets de l’univers par une sensibilité pénétrante, mais il est aussi l’astre du malheur. Le texte de Ficin étant médical et thérapeu- Philosophie pratique 7



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