Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
  • Prix facial : 4,90 €

  • Parution : n°3 de jui/aoû/sep 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Lafont Presse

  • Format : (180 x 250) mm

  • Nombre de pages : 84

  • Taille du fichier PDF : 15 Mo

  • Dans ce numéro : le Bonheur est en vous.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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Le Bonheur est en vous choses, ce sont les jugements qu’ils portent sur les choses. Ainsi la mort n’a rien de redoutable, autrement elle aurait paru telle à Socrate ; mais le jugement que la mort est redoutable, c’est là ce qui est redoutable. Ainsi donc quand nous sommes contrariés, troublés ou peinés, n’en accusons jamais d’autres que nous-mêmes, c’est-àdire nos propres jugements. Il est d’un ignorant de s’en prendre à d’autres de ses malheurs ; il est d’un homme qui commence à s’instruire de s’en prendre à lui-même ; il est d’un homme complètement instruit de ne s’en prendre ni à un autre ni à lui-même. Ne t’enorgueillis d’aucun avantage qui soit à autrui. Si un cheval disait avec orgueil : « Je suis beau, » ce serait supportable ; mais toi, quand tu dis avec orgueil : « J’ai un beau cheval, » apprends que tu t’enorgueillis d’un avantage qui appartient au cheval. Qu’est-ce qui est donc à toi ? L’usage de tes idées. Quand tu en uses conformément à la nature, alors enorgueillis-toi ; car tu t’enorgueilliras d’un avantage qui est à toi. Ne demande pas que ce qui arrive comme tu désires ; mais désire que les choses arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux. Il en est de la vie comme d’une navigation. Si l’on relâche, et que l’on t’envoie faire de l’eau, accessoirement tu pourras sur ta route ramasser un coquillage ou un oignon, mais il faut toujours avoir l’esprit tendu vers le navire, te retourner sans cesse pour voir si le pilote ne t’appelle pas, et, s’il t’appelle, laisser tout cela pour ne pas te voir lié et jeté à bord comme un mouton : de même dans la vie, si au lieu d’un coquillage ou d’un oignon, tu as une femme et un enfant, rien 46 Philosophie pratique n’empêche ; mais si le pilote t’appelle, cours au vaisseau, en laissant tout cela, sans te retourner. Si tu es vieux, ne t’éloigne pas trop du navire, pour ne pas risquer de manquer à l’appel. Ne demande pas que ce qui arrive comme tu désires ; mais désire que les choses arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux. La maladie est une contrariété pour le corps, mais non pour la volonté, si elle ne veut pas. Être boiteux est une contrariété pour la jambe, mais non pour la volonté. Dis-toi la même chose à chaque incident ; tu trouveras que c’est une contrariété pour autre chose, mais non pour toi. À chaque occasion qui se présente, replie-toi sur toi-même et cherche quelle faculté tu as en toi-même pour te conduire : si tu vois une belle femme, tu trouveras en toi la faculté de la continence ; s’il se présente une fatigue à supporter, tu trouveras celle de l’endurance ; une injure, tu trouveras celle de la patience. Si tu prends cette habitude, tes idées ne t’emporteront pas. Ne dis jamais de quoi que ce soit : « Je l’ai perdu, » mais : « Je l’ai rendu. » Ton enfant est mort : il est rendu. Ta femme est morte : elle est rendue, « On m’a enlevé mon bien. » – Eh bien ! il est rendu aussi. – « Mais c’est un scélérat que celui qui me l’a enlevé. » – Eh ! que t’importe par qui celui qui te la donné l’a réclamé ? Tant qu’il te le laisse, occupe-t-en comme de quelque chose qui est à autrui, ainsi que les passants usent d’une hôtellerie. Si tu veux faire des progrès, laisse là toutes ces réflexions, comme : « Si je néglige ma fortune, je n’aurai pas de quoi manger ; » « Si je ne châtie pas mon esclave, il sera vicieux. » Il vaut mieux mourir de faim, exempt de peine et de
crainte, que de vivre dans l’abondance et le trouble ; il vaut mieux que ton esclave soit vicieux, et que tu ne sois pas malheureux. Commence donc par les petites choses. On laisse couler ton huile ; on vole ton vin : dis-toi, « C’est à ce prix que se vend l’impassibilité, c’est à ce prix que se vend le calme. » On n’a rien pour rien. Quand tu appelles ton esclave, pense qu’il peut ne pas répondre à ton appel, et, y répondant, ne rien faire de ce que tu veux, mais que sa situation n’est pas assez belle pour qu’il dépende de lui que tu ne sois pas troublé. Si tu veux faire des progrès, résigne-toi à passer pour un idiot et pour un imbécile dans les choses du dehors, consens à passer pour n’y rien entendre ; et si quelques-uns te croient quelque chose, défie-toi de toi-même. Sache qu’il n’est pas facile de conserver sa volonté dans un état conforme à la nature, et en même temps de veiller sur les choses du dehors ; mais nécessairement, on ne peut s’occuper de l’un sans négliger l’autre. 1. Si tu veux que tes enfants, ta femme, tes amis vivent toujours, tu es un imbécile ; tu veux que ce qui ne dépend pas de toi, dépende de toi ; tu veux que ce qui est à autrui soit à toi. Ainsi, si tu veux que ton esclave ne commette pas de fautes, tu es fou ; tu veux que le vice ne soit pas le vice, mais autre chose. Mais si tu veux ne pas manquer ce que tu désires, tu le peux ; appliquetoi donc à ce que tu peux. 2. On est toujours le maître d’un homme, quand on a le pouvoir de lui donner ou de lui ôter ce qu’il veut ou ce qu’il ne veut pas. Si l’on veut être libre, qu’on n’ait ni désir ni aversion pour rien de ce qui dépend d’autrui ; sinon, il faut être esclave. Manuel d’Epictète Souviens-toi que tu dois te comporter dans la vie comme dans un festin. Le plat qui circule arrive à toi : étends la main et prends avec discrétion. Il passe plus loin : ne le retiens pas. Il n’est pas encore arrivé : ne le devance pas de loin par tes désirs, attends qu’il arrive à toi. Fais-en de On est toujours le maître d’un homme, quand on a le pouvoir de lui donner ou de lui ôter ce qu’il veut ou ce qu’il ne veut pas. même pour des enfants, pour une femme, pour des charges publiques, pour de l’argent ; et tu seras digne de t’asseoir un jour à la table des dieux. Mais si l’on te sert et que tu ne prennes rien, que tu dédaignes de prendre, alors tu ne seras pas seulement le convive des dieux, tu seras leur collègue. C’est en se conduisant ainsi que Diogène, qu’Héraclite et ceux qui leur ressemblent ont mérité d’être appelés des hommes divins, comme ils l’étaient en effet. Quand tu vois quelqu’un qui pleure, soit parce qu’il est en deuil, soit parce que son fils est au loin, soit parce qu’il a perdu ce qu’il possédait, prends garde de te laisser emporter par l’idée que les accidents du dehors qui lui arrivent sont des maux. Rappelle-toi sur-le-champ que ce qui l’afflige ce n’est pas l’accident, qui n’en afflige pas d’autre que lui, mais le jugement qu’il porte sur cet accident. Cependant n’hésite pas à lui témoigner, au moins des lèvres, ta sympathie, et même, s’il le faut, à gémir avec lui ; mais prends garde de gémir du fond de l’âme. Souviens-toi que tu es l’acteur d’un rôle, tel qu’il plaît à l’auteur de te le donner : court, s’il l’a voulu court ; long, s’il l’a voulu long ; s’il veut que tu joues un rôle de mendiant, joue-le naïve- Philosophie pratique 47



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