Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
  • Prix facial : 4,90 €

  • Parution : n°3 de jui/aoû/sep 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Lafont Presse

  • Format : (180 x 250) mm

  • Nombre de pages : 84

  • Taille du fichier PDF : 15 Mo

  • Dans ce numéro : le Bonheur est en vous.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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Le Bonheur est en vous 44 Philosophie pratique ÉPICTÈTE (50-125) MANUEL Des choses les unes dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de nous. Ce qui dépend de nous, ce sont nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos aversions, en un mot tout ce qui est opération de notre âme ; ce qui ne dépend pas de nous, c’est le corps, la fortune, les témoignages de considération, les charges publiques, en un mot tout ce qui n’est pas opération de notre âme. Ce qui dépend de nous est, de sa nature, libre, sans empêchement, sans contrariété ; ce qui ne dépend pas de nous est inconsistant, esclave, sujet à empêchement, étranger. Souviens-toi donc que si tu regardes comme libre ce qui de sa nature est esclave, et comme étant à toi ce qui est à autrui, tu seras contrarié, tu seras dans le deuil, tu seras troublé, tu t’en prendras et aux dieux et aux hommes ; mais si tu ne regardes comme étant à toi que ce qui est à toi, et si tu regardes comme étant à autrui ce qui, en effet, est à autrui, personne ne te contraindra jamais, personne ne t’empêchera, tu ne t’en prendras à personne, tu n’accuseras personne, tu ne feras absolument rien contre ton gré, personne ne
te nuira ; tu n’auras pas d’ennemi, car tu ne souffriras rien de nuisible. Aspirant à de si grands biens, songe qu’il ne faut pas te porter mollement à les rechercher, qu’il faut renoncer entièrement à certaines choses et en ajourner d’autres quant à présent. Mais si outre ces biens tu veux encore le pouvoir et la richesse, peut-être n’obtiendras-tu même pas ces avantages parce que tu aspires en même temps aux autres biens, et, en tout cas, ce qu’il y a de certain, c’est que tu manqueras les biens qui peuvent seuls nous procurer la liberté et le bonheur. Ainsi, à toute idée rude, exerce-toi à dire aussitôt : « Tu es une idée, et tu n’es pas tout à fait ce que tu représentes. » Puis examine-la, applique les règles que tu sais, et d’abord et avant toutes les autres celle qui fait reconnaître si quelque chose dépend ou ne dépend pas de nous ; et si l’idée est relative à quelque chose qui ne dépende pas de nous, sois prêt à dire : « Cela ne me regarde pas. » Souviens-toi que ce que le désir déclare qu’il veut, c’est d’obtenir ce qu’il désire, que ce que l’aversion déclare qu’elle ne veut pas, c’est de tomber dans ce qu’elle a en aversion ; et quand on n’obtient pas ce qu’on désire, on n’est pas heureux, quand on tombe dans ce qu’on a en aversion, on est malheureux. Si donc tu n’as d’aversion que pour ce qui est contraire à la nature dans ce qui dépend de toi, tu ne tomberas dans rien de ce que tu as en aversion ; mais si tu as de l’aversion pour la maladie, la mort ou la pauvreté, tu seras malheureux. Cesse donc de donner pour objet à ton aversion rien de ce qui ne dépend pas de nous, transporte-la sur ce qui est contraire à la nature dans ce qui dépend de nous. Quant au désir, supprimele absolument pour le moment. En effet, si tu désires quelque chose qui ne dépende pas de nous, infailliblement, tu ne seras pas heureux ; et quant aux choses qui dépendent de nous, qu’il est beau Manuel d’Epictète de désirer, il n’en est aucune qui soit encore à ta portée. Borne-toi à tendre vers les choses et à t’en éloigner, mais légèrement, en faisant des réserves, et sans ardeur. Cesse donc de donner pour objet à ton aversion rien de ce qui ne dépend pas de nous, transporte-la sur ce qui est contraire à la nature dans ce qui dépend de nous. À propos de tout objet d’agrément, d’utilité ou d’affection, n’oublie pas de te dire en toimême ce qu’il est, à commencer par les moins considérables. Si tu aimes une marmite, dis : « C’est une marmite que j’aime ; » alors, quand elle se cassera, tu n’en seras pas troublé : quand tu embrasses ton enfant ou ta femme, dis-toi que c’est un être humain que tu embrasses ; et alors sa mort ne te troublera pas. Quand tu entreprends quelque chose, rappelletoi ce que c’est. Si tu t’en vas te baigner, représente-toi ce qui arrive tous les jours au bain, les gens qui vous jettent de l’eau, qui vous poussent, qui vous injurient, qui vous volent ; tu seras plus sûr de toi en allant te baigner, si tu te dis aussitôt : « Je veux me baigne, mais je veux aussi conserver ma volonté dans un état conforme à la nature. » Et de même en chaque occasion. Ainsi, s’il te survient au bain quelque contrariété, tu auras aussitôt présent à l’esprit : « Mais je ne voulais pas seulement me baigner, je voulais conserver aussi ma volonté dans un état conforme à la nature ; et je n’y réussirai pas, si je m’irrite de ce qui arrive tous les jours. » Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les Philosophie pratique 45



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