Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
  • Prix facial : 4,90 €

  • Parution : n°3 de jui/aoû/sep 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Lafont Presse

  • Format : (180 x 250) mm

  • Nombre de pages : 84

  • Taille du fichier PDF : 15 Mo

  • Dans ce numéro : le Bonheur est en vous.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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Le Bonheur est en vous sance de l’homme. C’est la modernité de Spinoza que R. Misrahi ne manque pas de souligner. Mais ce que l’on doit également retenir, dans le travail d’élaboration de la relation entre le corps et l’esprit de Spinoza, c’est toute la part anthropologique que cela introduit. Afin d’être précis, tâchons d’éclaircir ce point avant de continuer. La démarche de Spinoza, nous dit R. Misrahi, est anthropologique au sens où elle dessine une véritable « science de l’homme » en analysant la structure de l’homme comme telle, c’est-à-dire esprit et corps, et par ailleurs, qu’il définit l’essence de l’homme à partir du Dans cette unité du tout de la réalité, il s’agit de se défaire des concepts d’âme, de faculté et de libre-arbitre, ce qui nous permet de nous soustraire aux préjugés finalistes religieux, et de concevoir une anthropologie appuyée sur un système rationnel et démonstratif solide. Désir – d’abord non rationnel, puis rationalisé et libéré. Cette rationalisation du Désir doit être à la fois entendue à partir d’une connaissance rationnelle de l’homme, et de ses actions – qu’elles soient libres et réfléchies ou dépendantes de la passion et de la servitude, c’est-à-dire motivées par l’imagination (nous y reviendrons plus loin). §4. Le système de la Nature Construire une anthropologie implique une double exigence : se libérer de la superstition et établir un examen rigoureux de la Nature, c’est-à-dire une connaissance adéquate des principes et des lois qui s’appliquent à la nature, sans quoi il est impossible de bâtir une anthropologie. Il est à noter que pour Spinoza, il n’y a qu’une seule nature et, au sein de celleci, l’homme ne saurait être un empire dans un empire. Dans cette unité du tout de la réalité, 36 Philosophie pratique il s’agit de se défaire des concepts d’âme, de faculté et de libre-arbitre, ce qui nous permet de nous soustraire aux préjugés finalistes religieux, et de concevoir une anthropologie appuyée sur un système rationnel et démonstratif solide exprimant les grandes lignes de la structure de la nature. Mais avant d’aller plus avant, et d’aborder le problème de la doctrine du corps et de l’esprit, il nous faut prêter attention aux grandes lignes du système spinoziste de la Nature que met en lumière R. Misrahi. C’est-à-dire entrer dans un texte de géométrie établit à partir d’une méthode discursive qui se présente de manière aussi démonstrative que celle des mathématiciens. Tâchons de nous rappeler : Spinoza entend résoudre un dualisme cartésien piégé par son mécanisme. Voulant créer une anthropologie philosophique, il souhaite rendre compte de toute la réalité. Aussi, commence-t-il par le commencement logique, c’est-à-dire par présenter la substance qui n’est autre que l’Être, substance absolue, inséparable du monde, et rigoureusement immanent. Étant la somme ontologique de ce monde-ci, la substance est auto-suffisante, unique et infinie. Aussi exprime-t-elle que rien en dehors de ce monde n’existe, et pose-t-elle comme réalité à propos d’elle-même, un état d’immanence totale. Pour reprendre l’idée de G. Deleuze, nous dirons derrière ce dernier que « la Nature dite naturante (comme substance et cause) et la Nature dite naturée (comme effet et mode) sont prises dans des liens d’une mutuelle immanence : d’une part, la cause reste en soi pour produire ; d’autre part, l’effet ou le produit reste dans la cause(15) ». Aussi, mettant un terme à l’ancien dualisme métaphysique, Spinoza fait de Dieu, à l’inverse des religions monothéistes qui le projettent hors du monde, un être qui n’est en aucune manière séparable de ce monde. Libéré des problèmes insolubles qui s’opposaient aux doctrines des théologiens, Spinoza peut désormais, grâce à la définition du Dieu-Nature, constituer les fondements d’une nouvelle anthropologie. D’autant qu’il a également réglé le problème de la nature cartésienne qui n’avait presque pas d’être, pas de force propre
Entre corps et âme, la conception de l’individu chez Spinoza ni de force intérieure. Avec Spinoza, la Nature a une force interne, elle se développe d’ellemême, est sa propre cause, et est cause de tout. Mais il nous faut encore examiner les aspects multiples de cette réalité unique afin de comprendre comment Spinoza parvient efficacement à passer d’un dualisme cartésien insoluble à une unité du corps et de l’esprit. Il s’agit, pour ce faire, de comprendre la fonction des Attributs dans le système de Spinoza : n’étant plus des propriétés que l’on pourrait distinguer de la Substance, ils sont comme le précise R. Misrahi « la Substance elle-même (la Nature), mais conçue sous un certain aspect(16) ». Essayons de nous rappeler, la Substance est infinie, et comme rien n’existe en dehors d’elle, ses Attributs le sont donc en nombre. Aussi, de ce nombre infini d’Attributs, l’homme n’en connaît que deux : l’Étendue et la Pensée (ou corps et esprit). L’homme les saisit dans leur vérité objective. Pourquoi ? Parce qu’il est « lui-même constituée par la médiation […] des Attributs, il est de plainpied avec ces Attributs qui le constituent(17) » nous dit R. Misrahi. Que devons-nous entendre ? À la différence de Descartes qui faisait de l’Étendue une chose inerte, Spinoza nous dit que tous les corps sont des modes de l’Étendue, et que celle-ci, elle-même un attribut de la substance, fait de ce dernier, le principe de tout ce qui se passe en lui, une source indéfinie de transformation et d’action. Dans la même logique de cette spontanéité physique corporelle, nous trouvons chez Spinoza une spontanéité intellectuelle de la pensée qui, pour autant qu’elle soit finie, n’en est pas moins un attribut divin. Nous pouvons, par ces quelques précisions, suivre désormais R. Misrahi dans son explication du principe d’unité spinoziste du corps et de l’esprit. Pour saisir les principes de ce « monisme » ontologique, nous devons prendre garde avant toute chose, de bien garder à l’esprit qu’« identique à l’Être, la Nature est nécessairement une(18) ». Dans cette radicale unité, nous pourrions difficilement comprendre qu’entre les deux Attributs, Étendue et Pensée, il y ait la moindre distinction. « Étendue et Pensée, nous fait remarquer fort à propos R. Misrahi, ne sont donc pas pour Spinoza des réalités différentes et distinctes, mais les aspects homologues d’une seule réalité saisie sous deux perspectives distinctes(19). » On peut désormais parler de À la différence de Descartes qui faisait de l’Étendue une chose inerte, Spinoza nous dit que tous les corps sont des modes de l’Étendue, et que celle-ci, elle-même un attribut de la substance, fait de ce dernier, le principe de tout ce qui se passe en lui, une source indéfinie de transformation et d’action. « parallélisme », et ainsi, l’on rend compte d’une seule réalité. Il nous reste alors à voir le problème ontologique et la conséquence méthodologique avant d’aller plus avant. En ne recourant plus horizontalement à un autre ordre, pour rendre compte ontologiquement d’un événement mais en remontant verticalement de l’Attribut à la Substance nous parvenons désormais à une conséquence méthodologique décisive en ce qui concerne l’explication de la nature, car la connaissance de la Nature ne s’opère désormais plus de façon transversale mais homogène. Dans cette connaissance rationnelle qui s’exprime de manière homogène, « seules les idées peuvent produire des idées, nous explique R. Misrahi, et seuls des mouvements physiques peuvent produire des mouvements(20) ». C’est par cette réalité singulière que Spinoza peut désormais préciser ce qu’est l’homme. Chapitre 2. La doctrine du corps et de l’esprit §1. L’individu unifié Qu’est-ce que l’homme ? La question prend ici toute son importance. Il faut d’abord préciser derrière R. Misrahi, que Spinoza ne veut pas le Philosophie pratique 37



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