Le Bonheur est en vous 34 Philosophie pratique à la question « Qui suis-je ? » Descartes répond que je suis une chose qui pense « c’est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent(11) ». Mais Descartes exclut ce qui pourrait empêcher la pensée de se définir de manière intellectualiste, c’est-à-dire l’imagination et la sensation. Le dualisme cartésien est un dualisme radical, qui scinde l’âme et le corps en deux, et enlève à l’âme tout contenu corporelle, et au corps toute possibilité de penser. Ce « dualisme de la pureté(12) » selon R. Misrahi ne permet cependant pas de rendre compte des rapports entre l’âme et le corps. R. Misrahi rappelle bien évidemment que Descartes établit la relation entre le corps et l’âme par la « glande pinéale » qui relie ces deux réalités hétérogènes. Ce qui est alors mis en problème, c’est l’action que chaque substance peut exercer sur l’autre. Tandis que le corps est actif, l’âme est passive. La glande pinéale transmettant à l’âme sa quantité de mouvement et sa direction, elle est une « caisse de résonance(13) » qui transmet à l’âme ce qu’elle reçoit du corps. Mais le problème du dualisme subsiste : la réponse mécaniste n’est pas suffisante pour résoudre le problème qu’il a posé. Pourquoi ? Tenter de concilier un spiritualisme d’un côté qui tâcherait de rendre compte d’un côté du mouvement corporel par la pensée, et un matérialisme de l’autre, voulant rendre compte de la pensée pure par des mouvements corporels pose précisément un problème de méthode. Comment comprendre l’homme par ces deux méthodes qui se confondent ? De plus, cela entraîne un paradoxe, comme le souligne R. Misrahi : « Le cartésianisme est conduit à traiter la conscience comme une |