Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
  • Prix facial : 4,90 €

  • Parution : n°3 de jui/aoû/sep 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Lafont Presse

  • Format : (180 x 250) mm

  • Nombre de pages : 84

  • Taille du fichier PDF : 15 Mo

  • Dans ce numéro : le Bonheur est en vous.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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Le Bonheur est en vous LE BONHEUR INDIVIDUEL SELON SPINOZA Introduction : problématique et méthode Quels sont les rapports entre le corps et la conscience ? La dimension de la conscience est-elle séparable de la dimension corporelle ? Comment peut-on entrevoir la problématique de la conscience à partir du statut du corps aujourd’hui ? Ces trois premières questions philosophiques fondamentales quant aux problèmes du rapport entre le corps et l’esprit viennent précisément questionner la définition de l’homme. Une définition qui pense l’homme de manière dualiste. À la fois un être matériel, proche de l’animal, assujetti à des besoins biologiques, et pourtant apte à les dépasser, sans totalement s’en affranchir néanmoins, donc y résister. Pourquoi ? Parce que l’homme n’est pas seulement un être embarrassé d’un corps, en produisant des pensées, il est également une conscience qui dispose de la faculté de se penser et de penser ses actions. Déchiré entre ses pulsions et sa raison, l’homme, dans ses actes et ses pensées, fait alors preuve d’une conjonction de deux principes différents et antagonistes. Cette dualité entre le corps et l’esprit, ou les pulsions et la raison, n’a pas manqué de créer un conflit 32 Philosophie pratique PAR MARC ALPOZZO dans la culture occidentale entre ceux qui font montre d’un véritable mépris pour le corps, qu’ils vilipendent et bannissent, et ceux qui, au contraire, défendent le mens sana in corpore sano. Dans son ouvrage Le corps et l’esprit dans la philosophie de Spinoza(1), R. Misrahi interrogeant le statut même du corps et de l’esprit précise, dès les premières lignes, que « la problématique du statut de la conscience se présente aujourd’hui d’une façon riche et paradoxale(2) ». Il est vrai que le débat philosophique à propos du dualisme, qu’il se soit placé sur le terrain ontologique ou déplacé sur le terrain psychologique, existentiel, neuroscientifique, ne nous a pas permis de dépasser le conflit. Aussi, en se fixant comme objectif philosophique de cerner les rapports du corps et de l’esprit dans la philosophie de Spinoza, R. Misrahi se devait, dès son introduction, de repositionner le débat des rapports corps-esprit entre les progrès de la neurobiologie qui « semblent offrir des éléments pour une connaissance et une maîtrise scientifiques du comportements(3) » et la philosophie phénoménologique qui vient faire barrage à des revendications excessives(4). Que l’on s’en tienne à l’homme neuronal affirmé par J.-P.
Entre corps et âme, la conception de l’individu chez Spinoza Changeux(5), ou à la dimension corporelle et charnelle du sujet comme chez Sartre, Merleau-Ponty, Marcel ou encore Levinas, c’est-àdire un corps-sujet, R. Misrahi ne saurait se satisfaire de ces nouvelles tentatives de définitions de l’homme, et dernière celle-ci, de la grande question qui se pose en filigrane : comment doit-on vivre ? D’une part parce que le matérialisme neuroscientifique ne parvient toujours pas à clarifier comment la conscience s’inscrit dans le réel, et surtout dans le corps ; ou bien, que ce soit les perspectives d’un Marcel ou d’un Levinas, celles-ci « retrouvent vite leur origine spiritualiste(6) » ou que ce soit les descriptions d’un Sartre qui demeurent trop abstraites tant dans « l’élucidation des motifs de l’action […] que dans les descriptions du corps vivant(7) ». Les structuralistes auront également échoué selon Misrahi, car les actions humaines qu’ils décrivent sont noyées dans des problèmes linguistiques et grammaticaux. Aussi, si l’on entend résoudre le problème des relations entre le corps et la conscience, il s’agit alors pour nous de nous recentrer sur le Désir et son « rôle central dans l’activité humaine(8) », nous dit le spécialiste de Spinoza R. Misrahi. Cette référence au Désir, que les sciences humaines – et précisément les psychiatres et psychanalystes – semblent parfaitement faire, pourrait alors nous permettre de mieux poser le problème. D’abord parce que le statut de l’inconscient – à la fois en tant que langage et en tant qu’au-delà de la conscience – mais encore les pulsions, et le statut de la conscience et du corps posent toujours problème dans leurs interactions qui, à ce jour, ne semblent toujours pas clarifiées et précisées de manière satisfaisante, nous nous apercevons alors la question du Désir revient alors au centre de l’ancienne problématique de l’âme et du corps qui, nous dit Robert Misrahi, est devenue précisément la problématique du sujet et du désir. Sur le plan méthodologique, Robert Misrahi entend faire intervenir la philosophie de Spinoza, et précisément sa doctrine de l’homme et du désir, afin de tenter de surmonter les obscurités demeurant, ou encore les contradictions inhérentes aux hypothèses, et « de rendre compte d’une façon originale et claire de la relation corps-esprit(9) ». Le mécanisme cartésien établit un monde créé par un Dieu, substance absolue, et constitué par des âmes et par des corps, chacun des deux étant une substance finie et dépendante. Chapitre 1. Le contexte §1. Aperçu schématique sur les doctrines traditionnelles Comment surmonter l’obstacle du dualisme cartésien de l’âme et du corps ? Comment élaborer derrière le dualisme, une doctrine unitaire de l’homme ? Afin de proposer un point de départ important à une réflexion philosophique et anthropologique sur les rapports de l’esprit et du corps, Spinoza doit d’abord établir une critique du dualisme « psychophysique » cartésien, selon les mots de R. Misrahi(10). Car, si le cartésianisme permet de libérer la science de l’occultisme et de recours aux forces occultes, il demeure cependant impuissant à résoudre le problème de l’unité humaine. Le mécanisme cartésien établit un monde créé par un Dieu, substance absolue, et constitué par des âmes et par des corps, chacun des deux étant une substance finie et dépendante. Mais cette dépendance ne permet toutefois pas l’unité, car les corps sont exclusivement définis par l’extension et l’étendue qui ne pensent donc pas. Si le mécanisme cartésien permet la formulation mathématique du monde, il rend cependant le corps et la matière totalement étrangers à la pensée. Et le cogito qui est chez Descartes le critère de vérité, définit l’essence de l’âme mais ne peut en aucune manière rendre compte de la moindre détermination matérielle ou spatiale. La pensée se trouve en l’âme, et les sensations et perceptions sont d’origine corporelle. De fait, Philosophie pratique 33



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