Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
Philosophie pratique n°3 jui/aoû/sep 2010
  • Prix facial : 4,90 €

  • Parution : n°3 de jui/aoû/sep 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Lafont Presse

  • Format : (180 x 250) mm

  • Nombre de pages : 84

  • Taille du fichier PDF : 15 Mo

  • Dans ce numéro : le Bonheur est en vous.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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Le Bonheur est en vous 12 Philosophie pratique humeurs du Problème XXX rendant compte des tempéraments extrêmes n’a pas du tout la même fonction que cette gradation des facultés dont la dernière est la seule tournée vers Saturne et pouvant constituer un esprit mélancolique semblable à cet astre. L’inconvénient et le danger de Saturne semblent être sa bipolarité, elle engendre la mélancolie aussi bien qu’elle guérit et permet l’accès aux choses divines, le but est donc d’indiquer les moyens d’échapper à l’influence néfaste de Saturne. Au contraire, le caractère multipolaire de la mélancolie semble être positif pour Aristote. Les deux auteurs qui s’accordent pourtant sur la distinction entre maladie temporaire, et naturel mélancolique, nous présentent deux textes très différents : le texte d’Aristote insiste plus sur les variations concrètes et états extrêmes du tempérament que nous avons présentés dans cette partie, alors que celui de Ficin semble plus calme, fondé sur une étude claire et précise du pouvoir des astres sur nous. Se dégage du texte de Ficin une vraie thérapeutique qui veut énoncer les moyens de prendre soin de sa santé afin que la mélancolie soit une capacité positive, tandis que le Problème XXX reste dans la description dense de la mélancolie. Nous venons d’insister sur la description de l’état mélancolique et des maladies désavantageuses qu’il peut engendrer, il est vrai que Ficin en disserte moins longuement. En effet, le vrai but de son texte est de se faire le médecin capable d’équilibrer le mauvais mélange d’une humeur et d’aider les mélancoliques à prendre soin de leur corps. Nous avions évoqué les trois causes qui font d’un homme instruit un homme mélancolique, à ces trois causes s’ajoutent des traitements de trois ordres : la diététique, la pharmaceutique, la iatromathématique. L’art médical de Ficin semble réduit à une méthode d’utilisation des forces générales du cosmos, et à l’instar des autres sciences se fonde sur la magie. La diététique est très importante pour éviter à l’homme mélancolique de nature les maladies de la digestion, il faut donc surveiller sa façon de se nourrir selon les prescriptions des médecins arabes et salernitains en s’abstenant de tout excès, suivre une division raisonnable de la journée (travail la journée, repos la nuit, etc.), choisir un lieu d’habitation approprié, pratiquer la marche, veiller à sa digestion, pra-
tiquer la musique et les massages de la tête et du corps. Le premier ordre de remède donné par Ficin concerne donc le quotidien de tout un chacun. Le second traite des médicaments, à base de plantes principalement, et le dernier du pouvoir de la magie astrale et des talismans. Les astres étant la force vitale de l’univers, on passe, grâce à la mélancolie, des sujets terrestres à l’univers stellaire, et de celui-ci au royaume de la vérité et contemplation mystique. Mais il semble dans notre texte que Ficin aille encore plus loin dans sa prescription à suivre : il précise quels doivent être la constitution et le mélange des humeurs dans notre corps. Ce n’est pas étonnant puisque l’esprit est une vapeur, formée de sang subtil et chaud « par lequel la chaleur du cœur s’envole au cerveau ». Il est donc nécessaire de prendre soin aussi bien de l’instrument de la pensée que des organes tels que le cœur (vertu vitale), le foie et l’estomac (vertu naturelle) auxquels il est lié. En décrivant le bon mélange de bile noire nécessaire à une bonne santé du mélancolique génial, il rejoint le texte d’Aristote qui insiste sur le mélange de la bile. Selon Ficin, l’humeur noire ne doit être ni trop chaude ni trop froide, seule, ni accompagnée de composants (la pituite) susceptibles d’aggraver la tristesse provoquée par une importante quantité de bile noire. Il faut qu’elle n’abonde pas trop, et surtout qu’elle soit liée, mêlée à la colère et au sang. Ce mélange constitue pour Ficin un corps nouveau, le plus à même d’approcher la connaissance de Saturne, et dans ce corps chaque élément doit être établi selon un calcul permettant l’équilibre du mélange : « […] huit parties pour le sang, deux pour la colère, et deux encore pour l’humeur noire ou la mélancolie ». Dans ces proportions, il n’y aura dans le corps ni trop de chaleur ni trop de froideur. L’humeur noire doit être modérée en quantité et bien mêlée au sang et à la colère, afin de n’être ni trop paresseuse et hébétée, ni trop folle et audacieuse, ainsi elle a toutes les qualités nécessaires au déploiement de l’esprit : elle est subtile et délicate, mais aussi solide et tenace, puissante. Il semble important qu’elle soit tenace puisque pour Ficin la mélancolie n’est Mélancolie et supériorité de l’esprit pas simplement liée à la réflexion, elle est aussi liée à l’action. Elle est praxis et pensée, poussée à la recherche par Mercure, à la persévérance par Saturne. Plus l’humeur sera stable et ferme dans son équilibre, plus elle servira à l’action dans la durée. Le mélancolique est actif et pensant, mais libre car il se Aristote ne semble pas exclure les hommes politiques ou meneurs de la vie publique des hommes mélancoliques. tourne de son propre mouvement à la méditation sublime de Saturne avec lequel il entretient une relation d’affectivité élective et de ressemblances de nature. Même si le pouvoir des astres est conséquent, les pensées et actions de l’homme ne sont pas déterminées par l’astrologie. Précisons que si l’action est importante, et pas seulement la contemplation, c’est aussi parce que nous nous trouvons en présence d’un texte de la Renaissance écrit dans un contexte où les humanistes s’occupent non seulement de réfléchir sur des textes, des notions, mais où il s’agit pour eux d’enseigner leur méthode, d’intervenir dans le domaine de l’éducation. Équilibrer les mélanges Aristote ne semble pas exclure les hommes politiques ou meneurs de la vie publique des hommes mélancoliques. Mais il apparaît qu’il le fait dans une toute autre perspective que nous avions évoqué dans la seconde partie : la capacité de l’homme mélancolique à être polymorphe, se faire autre, se sentir autre, à ressentir et à pouvoir se mettre à la place d’autrui. Il semble que ce soit utile dans la vie politique par exemple puisque cet homme aura ainsi plus de facilité à imaginer les solutions et conséquences possibles d’un événement, et aussi à anticiper. Mais Aristote semble fonder son texte dans une perspective nettement plus esthétique, Philosophie pratique 13



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