PHOTOS.COM D.R. selon des critères qui varient infiniment de l’un à l’autre. Le philosophe spiritualiste ne prie pas non plus. « Il admet un Principe Absolu, un Etre initial, ou une Force, un Dynamisme primordial qui met tout en branle et soutient le flot continu et multiple des êtres. Mais on ne parle pas à un Principe. Et le Principe est muet. On peut le reconnaître, s’y soumettre, capter le maximum de force émanant de lui. Ca s’appelle le Yoga, le Zen, la méditation transcendantale, pas la prière. Car la prière est l’articulation d’un cri, l’écoute passionnée d’une réponse. Elle suppose un pari initial énorme : quelqu’un peut me parler. Je peux l’entendre. C’est le pari initial de la foi, de la foi judéo-chrétienne et de la foi islamique : Dieu est vivant. Il est quelqu’un qui a des oreilles et une bouche... un cœur pour aimer. » L’acte de croire Comment, en quelques mots, dresser un tableau du contexte dans lequel se situe la proposition de la foi aujourd’hui ? L’acte de croire se vit dans une recherche de sources nouvelles. Si la religion organisée a perdu du terrain, le « croire » en 68 Philosophie pratique « Croire » « Se passer de Dieu... Je veux dire : se passer de l’idée de Dieu, de la croyance en une Providence attentive, tutélaire et rémunératrice... n’y parvient pas qui veut. » (André Gide) 70 FémininPsycho Croire « Les fruits de la pratique spirituelle - la sérénité, la vigilance, la clarté de l’esprit - et ses manifestations extérieure - la bonté, le non-attachement, la patience - relèvent plus de la preuve que de la croyance. » dehors du cadre des institutions est loin d’avoir dit son dernier mot. De plus, la recherche croyante est sensible à l’émotion. Les gens veulent un Dieu proche du cœur et du corps. Enfin, l’acte de croire se situe aujourd’hui dans une quête d’identité. Face au foisonnement de propositions des sens, beaucoup s’interrogent : à quoi est-ce que je crois ? Quelles sont les valeurs qui m’ont façonné ? Quelles sont mes appartenances, mes fidélités ?. Ce sont des questions importantes parce que l’identité religieuse donne des racines, inscrit dans une histoire et permet d’accéder à un groupe. Devant un tel constat, que faire, que vivre, quels chemins proposer ? Croyance & philosophie Pour Pascal, tout est une question de juste mesure. Il faut savoir « soumettre sa raison quand il faut, douter quand il faut et assurer quand il faut ». Autrement dit, il est indéniable qu’il y a des disciplines dans lesquelles l’on doit s’en remettre à l’autorité des anciens et des théories établies sans chercher à les remettre en cause (c’est le cas de l’histoire, la géographie, la linguistique, etc.) et d’autres domaines où il ne faut pas se reposer sur des croyances anciennes, mais chercher au contraire à remettre en cause et dépasser le savoir existant (c’est le cas des disciplines scientifiques : mathématiques, physique, géométrie). Descartes dit ainsi que le doute radical des méditations métaphysiques conduit à rejeter des vérités. Mais il n’exclut pas la possibilité de réintégrer ces vérités admises, puis rejetées, à l’édifice de la connaissance. Leur contenu sera le même mais leur statut aura changé. Mais il faut d’abord que l’ordre de sa méditation les (Jean-François Revel) fonde comme telles. Descartes n’efface pas ces représentations, il continue de les posséder, mais il suspend leur statut de vérité en attendant de les avoir fondées aux yeux de sa propre raison, en attendant de les avoir pensées. La croyance apparaît donc souvent comme un savoir « par défaut », c’est-àdire un premier niveau de connaissance qu’il faut cependant chercher à dépasser pour atteindre des certitudes véritables. Lorsque nous progressons dans notre connaissance et dans nos méthodes de réflexion, la croyance est remplacée par le savoir, et lui cède le pas naturellement. Mais au-delà, la foi apporte une nouvelle dimension à la croyance, puisqu’elle se situe à un tout autre niveau où le savoir n’est plus la base de la croyance. L’homme a besoin de croire pour vivre et si ce n’est pas à première vue en un Dieu ou en l’Autre, c’est au minimum en croyant en lui qu’il pourra survivre aux aléas de la vie. I.N. A LIRE « Croire en soi : Ou la confiance perdue et retrouvée » de Jean-Claude Liaudet, Editions l’Archipel. « Croire en Dieu Croire en Soi » d’Anselm Grün, Editions Mediaspaul. |