Développement personnel DÉVELOPPEMENT Personnel quand on pousse suffisamment loin la démarche et que l’on a la maturité nécessaire pour cela, à une autre rencontre : celle du centre de l’être, le Soi. C’est le chemin de l’individuation qui permet un Moi de moins en moins égotiste, de plus en plus détendu, ouvert, relié au Soi. Vers une conscience de l’ego Dans tout le travail que l’on peut faire sur l’ego, la recherche de spiritualité peut être un pas important vers le mieux être intérieur. Chacun d’entre vous a de l’ego spirituel, même s’il ne s’en rend pas compte. Petit à petit, lorsque vous aurez réellement compris qui vous êtes, ce que vous êtes, ce que vous êtes venu apporter en toute humilité, ce que vous êtes venu donner et aussi ce que vous êtes venu ancrer, vous 62 36 Philosophie pratique QUESTION DE PHILOSOPHIE n’aurez plus besoin de l’ego spirituel, ni de l’ego tout court. L’ego spirituel est une autre énergie de l’ego, c’est le vouloir bien faire, le vouloir être reconnu, le vouloir aider les autres, le vouloir être apprécié des autres par un comportement spirituel. Ce mot « vouloir » n’existera bientôt plus pour chacun d’entre vous. Les êtres humains veulent souvent apporter aux autres, les soulager, les aider. Cela part souvent d’un très noble sentiment mais s’ils ne sont pas vigilants, ce sentiment peut se transformer en pouvoir inconscient sur les autres et donc en une forme de domination. Ce qui peut vous mettre à l’abri de l’ego spirituel, c’est l’Amour que vous apportez aux autres et la façon dont vous les aidez, parce que l’ego spirituel se trouve souvent dans le soutien que vous leur donnez. n F.G. Le détachement vu par Lama Denis Teundroup L’ego est notre fonctionnement habituel dans lequel nous construisons notre propre souffrance. Le comprendre, c’est la clé d’une approche spirituelle. Lama Denis Teundroup est un instructeur bouddhiste français qui dirige le centre d’études bouddhiques Karma Ling (près de Grenoble). Se fondant sur le Dharma du Bouddha, il nous explique les fondements de l’ego et les méthodes qui peuvent nous en libérer sans violence : « L’ego est le « moi je », ce sentiment d’exister comme un individu indépendant avec les relations qui dérivent de cette impression. L’expérience d’ego est de vivre toute perception par rapport à cet objet observateur-sujet. > Le désir d’existence de l’ego L’ego a une appétence fondamentale : un désir d’existence et de plaisir, qui se traduit en pulsions de possession, de rejet et d’indifférence. Ce fonctionnement se manifeste ainsi par des attitudes passionnelles d’attraction, de répulsion ou d’indifférence, développées face aux personnes, aux choses, ou aux situations auxquelles l’ego est confronté : « je » veux ce qui est bon, « je » ne veux pas ce qui est mauvais, « je » ne veut pas être exposé à ce qui m’est indifférent. Ces appétits de l’ego le font s’engager dans toutes sortes de lutte pour obtenir ce qui lui est agréable et éviter ce qui lui est désagréable. Malheureusement et paradoxalement, au lieu d’aboutir à ses fins, sa lutte lui crée des désagréments, conditionnements et souffrances. Ce fonctionnement de l’ego est notre conditionnement habituel dans lequel nous construisons notre propre souffrance. > L’illusion de l’ego Fondamentalement, l’ego n’est rien qu’une impression : ce sentiment que l’on a « d’être » et « d’avoir » un ego ne repose sur rien, c’est simplement une illusion. En effet, l’ego n’est pas « quelque chose » qui aurait une existence indépendante et autonome, c’est un processus dynamique qui, dans son fonctionnement, produit le sentiment d’individualité. C’est pourquoi l’ego est dit « vide d’existence propre » : cette impression n’existe que dans la combinaison des facteurs interdépendants qui la constituent. > La conception de l’ego Les facteurs interdépendants qui constituent l’ego sont nombreux. Au départ, l’ego est une polarité sujet-objet dans laquelle, comme dans toute polarité, les deux pôles subsistent dans la relation qui les pose l’un par rapport à l’autre. Plus précisément, cette polarité qu’est l’ego se structure dans un processus de saisie, d’appréhension des expériences. En fait, l’esprit est fondamentalement une fonction cognitive dans laquelle vient se greffer la saisie de l’ego. Cette saisie constitutive de la polarité sujet-objet est une conception, une saisie conceptuelle. Ainsi, la conception conçoit le sujet et l’objet. Il est significatif de remarquer que « conception » exprime simultanément l’action de concevoir et celle de donner naissance. On pourrait dire : « le sujet se conçoit concevant l’objet qu’il conçoit » ! Il y a là matière à quelques paradoxes et méditations… En tout cas, la conception est un processus qui pose le sujet et l’objet l’un par rapport à l’autre, dans la dualité sujet-objet. Cette saisie génère, au rythme de ses conceptions successives, des instants de conscience dualiste sujet-objet. Ces instants se succèdent rapidement et font simultanément l’expérience de séries « d’événements sujet » et « d’événements objet ». La fréquence élevée de ces événements donne l’impression d’une continuité du sujet et |