16 Prendre sa vie en mains THINKSTOCK Réajuster notre relation au temps Selon Serge Marquis, « la technologie a modifié radicalement notre rapport au temps ». Un temps d’attente qui nous semblait acceptable il y a seulement quelques années devient très dur à supporter... Il prend pour preuve notre agressivité face à un simple feu de la circulation. Le médecin a chronométré : un feu rouge nous immobilise en moyenne 30 secondes. Trente petites secondes pour lesquelles on se met en rogne et on fait pomper notre cœur. « On confond action et agitation, pense Jacques Dufresne. Quand on est reposé, on pose des gestes efficaces. Quand on est stressé, on fait une multitude de petits gestes qui donnent l’illusion de l’efficacité. On se grise d’être au travail, on confond sueur et résultats. » C’est ainsi qu’on fait en vitesse cinq fois le tour du quartier pour trouver la place de stationnement... qu’on n’a pas eu le temps de voir au premier tour. Pire : on va au bureau par un beau samedi ensoleillé et, par manque de concentration, on ne fournit que l’équivalent d’une petite heure de labeur. Apprendre à supporter l’imperfection « Le péché, ce n’est plus la paresse mais hyperactivité ! » lance Jacques Dufresne. Entre le 5 à 7 d’affaires et l’achat du nouveau système de son, il n’y a tout simplement pas de place pour le repos, voire pour le plaisir. « Et si on modérait nos transports ? » suggèrent les spécialistes. Et si on transformait nos machines à performance en machine à tolérance ? Si on apprenait à doser nos occasions de stress, à être moins parfaits ? Si on acceptait de reporter et de choisir, autant les obligations que les plaisirs ? Et si on se donnait l’obligation de se reposer... « La question n’est pas de savoir si on a ou non raison d’être fatigué, explique Jacques Lafleur, mais de se rendre compte de sa fatigue et d’y remédier en se reposant, en faisant des choses intéressantes et, parfois, en changeant d’attitude. » Sans cette vigilance, on risque tout simplement de ne pas pouvoir se lever un de ces bons matins et de rejoindre tel excollègue sur la liste des accidentés de la vie... Partager le plaisir de vivre « On a moins peur du loup lorsqu’on est dix à l’affronter », rappelle Serge Marquis. La clé ? S’entourer de gens aptes à offrir du soutien. Nourrir les relations précieuses. S’approcher de tout ce qui peut s’avérer protecteur. Au quotidien, on prend le temps de s’informer de la santé de sa collègue, de passer chez son meilleur ami, voire de gratter les oreilles de son chien ! « Nous sommes des vivants et avons besoin des vivants, tranche Jacques Dufresne. Rien d’étonnant à ce que tant de gens s’adonnent au jardinage et à l’ornithologie. » Le philosophe distingue toutefois ceux qui s’abandonnent à la nature... de ceux qui fichent oiseaux et plantes sur leur carnet de façon compulsive, qui abordent leurs loisirs avec une obligation de résultats. Se rapprocher des vivants, c’est prendre le temps de partager un repas, même un dîner d’affaires, c’est organiser une rencontre à l’extérieur plutôt qu’entre quatre murs gris... Aimer et être aimé Sur le plan intime, rien ne sert de vouloir refaire sa vie avec un autre conjoint, si c’est pour refaire exactement les mêmes erreurs qu’avec le premier. Etre en couple n’a d’intérêt que si l’on est capable non seulement de donner de l’amour, mais aussi d’en recevoir. Donner du sens à son existence, n’est-ce pas simplement d’aimer et de pouvoir être aimé en retour, mais pour y arriver, il faut déjà s’aimer soi-même et se faire suffisamment confiance. Oser refaire sa vie ou changer de vie : beaucoup en rêvent... Existerait-il un mode d'emploi ? Quelles sont les étapes à franchir ? Les obstacles à éviter ? Les clés à identifier ? Quelles sont les remises en question nécessaires pour pouvoir goûter au plaisir d'être heureux chaque jour ? Quand on y réfléchit bien, il ne s’agit donc aucunement de « refaire sa vie ». On ne la refait pas ! Il s’agit bien de changer de vie ou de lui donner un nouvel élan par un vrai travail sur soi et une véritable quête de sens. Si votre désir est vraiment là, vous apprendrez peu à peu comment semer les graines de votre futur, comment trouver les ressources nécessaires pour opérer des changements réels et pérennes. n J.B. |