Automobiles et camions Surprises et mé aits de la route En cent ans, il n’y eut que quatre voitures « officiellement » accidentées dans le monde de l’enfance sans permis. C’est une goutte d’eau dans l’océan comparé aux chiffres saisissant des réels accidents provoqués par les parents dans le même temps. Reflet sous forme de jouets de la témérité des hommes et la folle griserie de la vitesse. textes & illustrations : Mick Duprat En France, il faut attendre l’année 1902 pour voir apparaître l’une des premières automobiles jouet en volume. Il s’agit d’une automobile de course en réduction identique à celles qui animèrent quelques mois plus tôt la fantastique course reliant Paris à Pékin (déjà, les perspectives de la Chine !) courue sur très mauvaises routes et chemins défoncés, à laquelle le rédacteur du catalogue de la Maison du Petit Saint Thomas a attribué la marque Morse, qui apparaît avoir un rapport avec le fabricant d’automobiles françaises du même nom. C’est l’une des premières automobiles fabriquées pour l’amusement de la jeunesse est par conséquent la reproduction d’un réel bolide de course. Déjà la vitesse ! Précisions du rédacteur en question, ce jouet est pourvu de « roues caoutchoutées avec roues de rechanges, de deux personnages, d’un guidon (sic), d’une trompe et de lanternes ». Quelle émotion ont dû éprouver les enfants en parcourant le catalogue en question ! N’oublions tout de même pas que ce type de jouet apparaissait pour la première fois et était donc nouveau pour tout le monde. 42 - Automobiles et camions - Jouets de collection nº 18 f Le fabricant allemand de jouets Günthermanntrouve une bonne formule, en 1903, pour pénétrer le marché français du jouet. Il reproduit la Renault qui remporta quelques mois plus tôt la course Paris- Vienne. Mais il faut croire que les accidents de la route étaient inconnus en Allemagne au début du 20 e siècle. En effet, si les plus importants fabricants d’automobiles jouet au monde se trouvaient en Allemagne, seuls les fabricants français eurent l’idée de suivre l’actualité en reproduisant des scènes vivantes d’accidents d’automobiles donnant l’illusion de « parfaites » voitures accidentées. Les reines routières de la vitesse poursuivent leur entrée sur les présentoirs des grands magasins de la capitale qui deviennent, de ce fait, de véritables podiums de compétition. Une auto de course mécanique en fer peint, à remontage à manivelle « ronflant à l’arrêt » (sic), montée par deux valeureux passagers est présentée comme « le désir de tous ». Le rédacteur du catalogue de la Samaritaine de 1906 est affirmatif : cette auto est une « Richard-Brazier ». L’orthographe Richard Brasier (avec une lettre « s » à la place de la lettre « z ») eut été préférable. Une faute qu’a su éviter le rédacteur d’un catalogue concurrent présentant une nouvelle et différente reproduction de la Richard-Brasier dont le modèle remporta la Coupe Gordon-Benett en 1904 et en 1905. Voici bien la preuve que, dès les premières années de sa grande aventure, l’automobile amusement fut avant tout la reproduction de bolides dont les passagers découvraient la griserie de la vitesse. Les routes étant ce qu’elles étaient et les techniques relatives aux pneumatiques, à l’adhérence et au freinage étant aussi ce qu’ils étaient, les accidents se multiplièrent à la vitesse grand V, avec les conséquences que l’on devine, situations rentrant bientôt dans le quotidien des citoyens. A telle enseigne que des fabricants n’hésitèrent pas à s’en inspirer pour reproduire de catastrophiques |