Utilisiez-vous d’autres façons de dénicher de nouvelles pièces ? Pas vraiment, mais je me souviens d’un collectionneur qui venait parfois chiner au marché aux Puces avec un bateau sous le bras, dans l’espoir d’être interpellé par un marchand qui lui proposait un magnifique modèle. Cette idée pas trop mauvaise fonctionnait aussi avec d’autres types de jouets. Quels sont les bateaux auxquels vous avez été le plus attaché ? Aucun d’eux ne s’est vraiment « ancré » en moi, si je puis dire, à part une petite chaloupe Schoenner. J’aimais surtout contempler les plus grands et les montrer chez moi à mes amis. Dans la série des pièces d’exception tels que le « Salamandre », le « Diderot », le « Honfleur » ou le « Formidable », n’aviezvous vraiment aucune préférence ? Là, vous me collez, mais j’ai sans doute eu un faible pour cette « grosse artillerie ». Hohenzollern, yacht, inspiré du yacht impérial de Guillaume II, propulsions à mouvement d’horlogerie, 1899-1909, Allemagne, Bing musée national de la Marine/A. Fux 20 - Bateaux - Jouets de collection nº 15 D’ailleurs, en imaginant que le musée me fasse don de l’un de ces bateaux, j’opterais pour le cuirassé « Salamandre » ! C’est en effet un jouet magnifique. L’antiquaire qui me le vendit me dit même qu’il avait été fabriqué par Radiguet dans le but de promouvoir la marque dans une exposition. Ce mastodonte qui ne réclame pas moins de quatre bras pour être soulevé tournait dans un bassin autour d’un phare. Mais cet élément était si démesuré que je n’ai pas eu le courage de l’emporter dans ma voiture déjà bien chargée ! Pour quelle raison avez-vous décidé de vous séparer de vos bateaux après quarante ans de collection ? Sans doute par « sagesse », sachant que tous les biens acquis sur terre ne le sont jamais de manière définitive. J’ai aussi pensé que, la dispersion étant le sort de beaucoup de collections, il était préférable de proposer la mienne à un musée. Ainsi, en 1999, je pris contact avec le contreamiral Georges Prud’homme, directeur du Musée national de la Marine où j’ai reçu un très sympathique accueil. Le choix de ce lieu me plaisait tant je l’avais souvent fréquenté étant jeune, et plus tard, pour comprendre certains jouets en les comparant avec les maquettes exposées. En 2003, le départ en retraite du contreamiral Prud’homme me laissa appréhender l’abandon du projet. Par chance, le viceamiral Jean-Noël Gard, qui lui succéda s’intéressait fort heureusement aux jouets. C’est ainsi que deux années plus tard, ma collection entrait au musée. Comment se déroula « l’appareillage » de ces bateaux ? Très simplement, et à ma grande surprise en une seule journée, avec une équipe de quatre personnes qualifiées. Pour ma part, j’avais tout de même le sentiment d’assister à un enterrement de première classe du fait que les bateaux étaient disposés dans des containers en bois qui |